France – Samedi 16/01/2021 – energiesdelamer.eu. La synthèse du rapport réalisé par Jean-Louis Levet dans le cadre de sa mission pour le SG Mer, dirigé par Denis Robin sous l’autorité du Premier ministre Jean Castex, est en ligne.

Depuis le 15 janvier 2021, ce document de 45 pages qui révèle une véritable mobilisation collective en faveur d’une « Stratégie nationale d’exploration et d’exploitation des ressources minérales dans les grands fonds marins : Bilan et orientations une nouvelle dynamique ? », doit tenir lieu de « cap ».

Cette synthèse, est la partie visible du rapport qui reste confidentiel, mais il met néanmoins le lecteur en haleine et le place au cœur de la vraie et possible politique d’un « Etat stratège », en mettant en avant notamment des capacités de recherche et d’exploration des organismes scientifiques publics et privés, son industrie, les enjeux de l’accès aux matières premières, les liens étroits entre l’Océan et le Climat », tout comme la protection de l’océan… Près d’une centaine de personnes et des dizaines de documents sur trente ans, ont été consultés.

Sans avoir à lire entre les lignes, ce document met en évidence la capacité et le niveau d’implication «d’un Etat stratège», qui en l’absence de volonté et d’ambition, pourrait faire sortir la France du peloton de tête, avec de lourdes conséquences à terme, notamment dans le cadre de l’utilisation des métaux et des terres rares; matériaux dont dépendent notamment les turbines des éoliennes en mer et le développement du solaire, alors que le marché mondial et la demande explosent.

« L’augmentation de la consommation des terres rares et des ressources minérales sous-marines nécessite un nouveau modèle de développement »

Comme le souligne la synthèse, « les dynamiques mondiales à l’œuvre en termes d’industrialisation, de croissance démographique et d’urbanisation se traduisent par une consommation de ressources fossiles toujours plus importante … Les chiffres d’Olivier Vidal, communiqués avant la Covid 19, mentionnent « qu’une augmentation de 3% par an de la production des métaux implique un doublement de cette production tous les vingt ans ».

 

Graphique extrait de la présentation de Dr Patrice Christmann expert indépendant lors du séminaire du 23/01/2019 du WEC / CFE

Une stratégie d’exploration et d’exploitation pensée en liaison étroite avec une politique de protection des océans.

En effet, la « forte montée en puissance des états est à l’œuvre dans le domaine des grands fonds marins, tant internationaux (« La Zone ») que ceux relevant de leurs zones économiques exclusives (ZEE). Sur la période 2011-2019, 21 permis d’exploitation ont été attribués dans les eaux internationales par l’Autorité Internationale des Fonds Marins (AIFM), et 30 au total en 2020. «Des pays européens (France, Allemagne, Royaume-Uni dotés chacun de 2 permis, Belgique, Pologne), asiatiques (la Chine à elle seule en possède 5, l’Inde – Ndlr qui se tourne dorénavant vers la conquête de l’océan « indien »-, le Japon, la Corée du Sud, Singapour), le Brésil, la Russie, et des «petits» Etats insulaires du Pacifique Sud. C’est au sein de l’AIFM, que se déroule le jeu complexe des Etats avec une grande diversité des intérêts en présence ».

L’information des populations et des décideurs

Parmi les 4 priorités figurent «la « nécessaire et indispensable information des populations et des décideurs, l’implication de toutes les parties prenantes dans les choix éventuels, en matière d’exploration ou/et d’exploitation des grands fonds marins, et l’étude des expériences en matière de gouvernance et de participation, telle que celle menée par la Norvège à travers « son programme d’acquisition et de partage de données scientifiques dans le cadre de MAREANO ».

Retour sur les 30 années « peu glorieuses » pour les fonds marins

Depuis trente ans, de nombreux rapports ont porté, d’une façon générale, sur le sujet des ressources minérales et des terres rares ; ceux du Conseil Economique et Social, de l’Académie des technologies, et du Conseil général de l’industrie à Bercy … qui portaient « sur l’idée d’une nouvelle politique publique en matière d’exploration et d’exploitation des grands fonds marins », … mais à part la note de 16 pages sur la stratégie des grands fonds marins rédigée pour le CIMer du 25 octobre 2015, s’il on observe plusieurs documents relatifs à cette thématique, on ne constate pas de réelle ligne politique sur la période …

Du CIMer de 2015 au CIMer de 2020 qui devrait se dérouler d’ici la fin janvier 2021

2015 : La note, adoptée lors du CIMer du 22 octobre 2015, mentionne que « le SG Mer, veille de son côté à la coordination interministérielle de ce programme et à l’atteinte des objectifs tant nationaux qu’internationaux et, est, l’interface fonctionnelle du Cluster Maritime Français (réunissant les industriels) pour tous les aspects relatifs à cette stratégie. Mais le travail et la persévérance du SG Mer et du Cluster Maritime Français (Ndlr. de Francis Vallat devenu Président d’honneur, d’Alexandre Luczkiewicz, et le soutien de Frédéric Moncany président du Cluster), n’a pu permettre l’amorce d’un début de mise en œuvre, faute d’une volonté politique, mais dans tous les cas, de moyens financiers.

2020 (2021) : Le prochain CIMer, se doit, dorénavant, d’afficher et de continuer à mettre en oeuvre une politique maritime telle qu’elle a été affichée en décembre 2019 à Montpellier, par le Président de la République Emmanuel Macron, quelques jours avant le CIMer. Présidé à l’époque par le Premier ministre Edouard Philippe, aujourd’hui maire de la ville portuaire du Havre, une ligne mentionnait « L’océan profond : dernière frontière à explorer » …

Alors, est-ce le début de la réalisation de tous les espoirs des organismes de recherche tels que Ifremer, CNRS, IRD, BRGM, Office pour la biodiversité, des responsables de programmes internationaux … les industriels TechnipFMC ou Technip Energies en pleine scission (Ndlr 12/01/2021)… Est-ce que le rapport de Jean-Louis Levet est l’un des vrais caps de la « Décennie de l’océan » portée au niveau mondial », l’un des éléments clefs de la transition économique et écologique, ainsi que la protection affirmée de l’océan ?

Le compte rendu du prochain CIMer nous le dira !

 

POINTS DE REPÈRE

Jean-Louis Levet, nommé au SGMer pour les grands fonds marins

23/09/2019 – Deux rencontres scientifiques et politiques simultanées à Nouméa : Atelier Ifremer-Jamstec pour le lancement d’un projet d’observatoire des grands fonds marins en Nouvelle Calédonie (19-20/09/19) et Deuxième rencontre du Dialogue Maritime institué entre la France et le Japon (20/09/19)

Un projet d’observatoire des grands fonds marins en Nouvelle Calédonie

Juin 2019 – MerVeille Energie #1 Bilan et Perspectives 2019 – 2020 ITW de Luis Guillermo Solis,   ancien président de la République du Costa Rica de 2014 à 2018 ICI.

21/11/2018 – L’Académie des sciences et l’Académie des technologies ont émis un rapport commun coordonné par Ghislain de Marsily et Bernard Tardieu, visant, dans le cadre de la transition énergétique, à conseiller les pouvoirs publics dans la perspective d’une exploitation éventuelle des sous-sols terrestre et marin français, métropolitains ou ultramarins, en matériaux rares : le potentiel français dans ce domaine pourrait ne pas être négligeable ICI.

21/11/2018 –Au-delà des terres rares, du béton et de l’acier, le cuivre a rôle particulier dans l’éolien, et plus particulièrement dans l’éolien offshore.  Navigant prend en compte le marché américain et le développement potentiel de ce dernier, néanmoins, les consultants s’appuient sur l’Europe afin de définir le poids du cuivre dans l’offshore éolien, face au peu de référence existante aux Etats-Unis ou au Canada ICI.

Vient de paraître le 1er décembre 2020 un rapport de l’ADEME ICI

Les terres rares constituent un ensemble d’éléments métalliques du tableau périodique des éléments, aux propriétés chimiques très voisines. Contrairement à ce que leur nom peut laisser supposer, ces éléments ne sont pas rares : leur criticité est principalement liée au quasi-monopole actuel de la Chine pour leur extraction et leur transformation. La Chine réalisait environ 86% de la production mondiale de terres rares en 2017.

L’extraction des terres rares présente, comme toute extraction minière et de transformation métallurgique, des impacts environnementaux dont la modification des paysages, des sols et du régime hydrographique local.

En raison de leurs propriétés, les applications des terres rares sont multiples, on les retrouve notamment dans les aimants permanents utilisés pour réduire le volume et le poids de certains moteurs et générateurs électriques.

Retrouver la présentation sur le site de l’ADEME(link is external)

Télécharger l’avis technique de l’ADEME(link is external)

 

15/01/2021 – Document de synthèse réalisé à partir du rapport remis au Secrétariat général de la mer par Jean-louis Levet. « Stratégie nationale d’exploration et d’exploitation des ressources minérales dans les grands fonds marins : Bilan et orientations une nouvelle dynamique ? » ICI

 

POINTS DE REPERE

CIMer 2019 : Le dossier de presse du 9/12/2019

Le 15 janvier 2021 ont respectivement été mises en ligne dans la rubrique Rapports, la note « Stratégie relative à l’exploration et à l’exploitation minières des grands fonds marins  » du CIMer du 22 octobre 2015 ICI, et la synthèse du rapport de Jean-Louis Levet publiée le 15/01/2021 par le SG Mer ICI
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