France – 06/05/2022 – energiesdelamer.eu. Partie 1/2. En travaillant depuis 15 ans sur l’Arctique, Camille Lique, lauréate 2021 du prix Christian Le Provost Océanographe, dont la septième édition se tient ce 6 mai à Saint-Brieuc et à Plérin, contribue à une meilleure compréhension du phénomène à l’échelle globale.

Le terrain de jeu de Camille Lique, lauréate de cette septième édition du prix « Christian Le Provost Océanographe » qui se tient ce 6 mai à Saint-Brieuc, et à laquelle participe également la lauréate 2019 Sophie Bonnet, c’est l’Arctique.

Une région qu’elle étudie depuis qu’elle a entamé sa thèse il y a maintenant 15 ans. Si son expertise est essentiellement régionale et transverse, elle étudie notamment l’impact sur le climat à l’échelle du globe et sur le temps long, des phénomènes observés dans l’Arctique. « Là où la signature du changement climatique est la plus forte », précise-t-elle. Les phénomènes observés sur la banquise, l’océan ou les écosystèmes ont des effets sur le climat global ou la météo sous nos latitudes. La jeune chercheuse étudie notamment des processus à très petite échelle, tels que les interactions entre la banquise et l’océan sur quelques kilomètres dans le cadre de « tourbillons océaniques ». Semblables aux tempêtes que l’on connaît sur terre, ils peuvent déformer la banquise, la fracturer ou la faire fondre.

L’Arctique, signature et sentinelle du changement climatique

La banquise, qui a déjà vu sa surface et son épaisseur diminuer de moitié en 40 ans, illustre les prémices du changement climatique. « Mieux comprendre les processus permet d’améliorer les modèles de prévision climatique utilisés par le GIEC, notamment en y incorporant des retours d’expérience, note Camille Lique. Cela ne fait pas si longtemps que l’on reconnaît l’impact global de ce qui se passe dans l’Arctique, à la fois signature et sentinelle du changement climatique », insiste-t-elle.

A titre d’exemple, la fonte de la glace peut affecter le jet stream en Atlantique Nord, ou moduler la position et l’intensité des tempêtes.

« Globalement, on sait que les événements extrêmes vont se multiplier, mais plusieurs processus sont en jeu et cela résultera de facteurs antagonistes » souligne encore Camille Lique.

Ces mêmes modèles sont également utilisés dans le cadre d’études plus opérationnelles menées pour les opérateurs d’énergies marines renouvelables. Des études permettant par exemple de positionner au mieux des hydroliennes afin de minimiser leur impact tout en maximisant leur production.

Ils permettent aussi à Mercator Ocean*, qui gère toute l’océanographie opérationnelle à l’échelle européenne, décrit et prévoit les caractéristiques physiques de l’océan, d’améliorer ses outils.

4 millions d’habitants sous observation

Si elle passe 99% de son temps derrière un écran d’ordinateur dans son laboratoire à Brest, Camille Lique se rend aussi sur le terrain. Sa dernière visite dans l’Arctique remonte à 2021 et elle devrait y retourner cet été. Objectif : y déployer des instruments de mesure, dont les données, qui portent notamment sur la température et la salinité, seront retransmises par satellite. Comme en dérivant, ils finissent par sortir de la zone étudiée, il est nécessaire de les remplacer régulièrement.

Dans les six prochaines années, la jeune physicienne va également travailler avec une communauté plus large et multidisciplinaire qui s’intéressera aussi bien aux écosystèmes, au PH et à l’acidification de l’océan, qu’aux communautés locales. Dans ce cadre, les experts en sciences humaines et sociales ont pour objectif d’étudier la perception des changements déjà à l’œuvre chez les 4 millions d’habitants du Canada, de Sibérie, de Norvège ou d’Alaska, des populations toutes concernées par le réchauffement mais qui présentent des profils socio-économiques contrastés, dont découlent des capacités d’adaptation très inégales.

 

Cet après-midi, trois conférences sont prévues au Centre Culturel Le Cap à Plérin-sur-Mer avec à

14h45 – Voir et prévoir les océans : une ambition européenne avec Pierre-Yves Le Traon*, directeur de recherche IFREMER, directeur Scientifique Mercator Océan (Toulouse) 

15h15 – L’observation de l’océan : des tourbillons océaniques par Rosemary Morrow, chercheuse au Laboratoire d’Etudes en Géophysique et Océanographie Spatiales (LEGOS) à Toulouse. Elle est physicienne et membre du CNAP Conseil national des Astronomes et Physiciens. Rosemary Morrow est la prochaine Project Scientist pour la future mission altimétrique interférométrique SWOT.

enfin à 16h15 – Christophe Maes, chercheur à l’IRD – LOPS (Brest) comme Camille Lique. Océanographe physicien, il travaille sur la pollution de l’environnement marin par les déchets plastiques, appréhendée aujourd’hui comme une menace sérieuse pour la biodiversité marine à l’échelle planétaire.

POINTS DE REPÈRE

L’équipe Océan – Climat du Laboratoire d’Océanographie Physique et Spatiale – LOPS, UMR 6523 CNRS-Ifremer-IRD-Université de Bretagne Occidentale (UBO) à Brest est dirigé par Camille Lique (Ifremer) et Florian Sevellec (CNRS). Le directeur du LOPS est Jérôme PAILLET (Ifremer) et les directeurs Adjoints sont T. HUCK (CNRS) – P. PENVEN (IRD) – G. ROULLET (UBO)  « Recherche Polaire » animé par Camille Lique a pour objectif de discuter de « science aux pôles » entre les chercheurs et ingénieurs du LOPS et de l’ensemble de l’IUEM-UBO.

06/02/2022 – Partie 2. Sophie Bonnet, directrice de recherche -Océanographie à l’IRD/MIO, Marseille, France. Prix Christian Le Provost 2019, voit son projet de recherche  HOPE soutenu par l’ERC  – participe également à la conférence du Prix Christian Le Provost ce matin au Conseil départementale des Côtes d’Armor.

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