Manche – 24/10/2025 – energiesdelamer.eu. Partie 2 – Exclusif
Cette partie 2, recense à la fois l’approche du débat public sur la question de la planification des espaces maritimes en application de la Directive Cadre européenne pour la Planification de l’Espace Maritime adoptée par l’Union Européenne et de nombreux programmes de recherche, qui associent universités, associations, entreprises, ou des instituts tel que France énergies marines.
Dans le prolongement des annonces du Président de la République en février 2022 visant à mettre en service une cinquantaine de parcs éoliens en mer au large des côtes françaises pour une capacité installée de 40 GW d’ici 2050, un « Pacte pour l’éolien en mer » a été signé entre les représentants de la filière et l’État pour déterminer une trajectoire de développement à moyen et long terme.
À travers ce « Pacte éolien en mer« , l’État s’engage à viser un volume minimal d’attribution d’appels d’offres de 2 GW/an pour l’éolien en mer dès 2025. Dans cette dynamique, l’objectif est d’atteindre une capacité de 18 GW en service en 2035 et de 40 GW en 2050. Pour mener à bien les objectifs ambitieux de la France pour l’éolien en mer, la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) a été saisie par l’État. Une Commission Particulière de Débat Public présidée par Floran Augagneur a été créée pour les quatre façades maritimes en vue de la planification maritime.
Cette phase s’est tenue de novembre 2023 à avril 2024, s’est conclue par la remise d’un rapport le 26 juin 2024. L’ensemble des parties prenantes dont les pêcheurs, acteurs du domaine marin, scientifiques associations, riverains et citoyens ont été consultés dans le cadre de ces débats publics. La mer en débat a rassemblé plus de 21 000 participants lors de 375 événements et suscité plus de 20 000 contributions écrites pour les quatre façades.
La Mer en Débat a appréhendé la question de la planification de l’espace maritime, toutes activités confondues, mais en fait a plus largement abordé le déploiement de l’éolien en mer et l’identification de zones propices à l’éolien en tenant compte de nombreuses contraintes d’occupation du domaine marin et des demandes des citoyens par rapport aux enjeux de production électrique liée à la deuxième génération de réacteurs nucléaires (EPR) sur les sites de la façade Manche Mer du Nord (MEMN) qui s’étend de la baie du Mont Saint-Michel à la frontière belge.
Dans cet espace marin de plus en plus réduit et saturé, les acteurs dits traditionnels comme les pêcheurs, qui ont eu l’habitude d’occuper l’espace et d’exploiter les ressources animales de manière libre et itinérante pendant des générations, se trouvent de plus en plus contraints dans leurs pratiques par le développement croissant d’autres activités en mer qui gagnent du terrain depuis plusieurs dizaines d’années, ainsi que par la multiplication de zones protégées et de réglementations.
Les différents acteurs qui convoitent ces espaces ont des intérêts différents, et quelquefois divergents. Le développement plus récent des énergies renouvelables en mer, et notamment des parcs et des projets de parcs éoliens suscite particulièrement des tensions, principalement concernant l’activité pêche, mais aussi de manière plus générale, en ce que la légitimité de leur occupation de l’espace ainsi que les stratégies d’acceptation sociale déployées par leurs porteurs de projets (dont l’État), sont souvent remises en cause. Les dispositifs de communication et de concertation, à l’instar du débat public La mer en débat, sont également questionnés sur leur fond et leur forme, et parfois vivement critiqués au sein des acteurs de la mer. Une décision de la ministre du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation, de la ministre de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques, du ministre délégué chargé de la Mer et de la Pêche et de la ministre déléguée chargée de l’Énergie en date du 9 octobre 2024 et publiée au Journal officiel le 18 octobre 2024.
En fait, la CNDP a appréhendé la question de la planification des espaces maritimes en application de la Directive Cadre européenne pour la Planification de l’Espace Maritime adoptée par l’Union Européenne le 23 juillet 2014.
Elle établit un cadre pour la planification des activités maritimes et la gestion intégrée des zones côtières de l’espace européen. Elle prolonge la directive cadre stratégie pour le milieu marin publiée le 17 juin 2008 visant à maintenir ou restaurer un bon fonctionnement des écosystèmes marins (diversité biologique conservée et interactions correctes entre les espèces et leurs habitats, océans dynamiques et productifs) tout en permettant l’exercice des usages en mer pour les générations futures dans une perspective de développement durable.
Cette nouvelle activité marine s’ajoute aux autres activités anthropiques traditionnelles ou ancestrales comme le trafic maritime, la pêche, le tourisme balnéaire, et aux autres plus récentes comme le dragage et le dépôt de sédiments portuaires en raison de la construction de mauvais bassins comme Port 2000 au Havre, et la nécessité d’adapter les chenaux d’accès aux ports par un creusement plus important en raison de l’accroissement du tirant d’eau des cargos et porte-conteneurs accédant aux ports. L’ensemble de ces activités impactant l’environnement côtier nécessite de nombreuses demandes et besoins de connaissance sur l’écosystème.
Trois principales phases caractérisent le déploiement de l’éolien offshore : établissement d’un état initial, phases de construction et d’exploitation sans parler de la phase de démantèlement qui arrivera à l’issue d’une période de 25-30 ans de fonctionnement des éoliennes. Cette dernière phase n’est pas d’actualité pour les côtes françaises.
Pour satisfaire, ces besoins de connaissance et de suivi de l’environnement marin, les consortiums éoliens jusqu’à l’AO4 se sont tournés vers les scientifiques des organismes de recherche CNRS, IFREMER et Universités Marines, mais surtout vers les nombreux bureaux d’étude à la recherche de contrats privés. A partir de l’AO4 c’est l’Etat qui a en charge l’établissement de l’état écologique initial des zones retenues et de l’évaluation des risques et enjeux des zones.
Se pose la question de l’implication des chercheurs en écologie marine dans l’émergence de cette nouvelle activité anthropique. A terme, l’espace de la façade MEMN devrait accueillir 50 % de la production électrique d’éolien posé en France métropolitaine avec le fonctionnement d’une dizaine de parcs éoliens le long des côtes françaises auxquels s’ajoute le parc éolien offshore de Rampion comprenait 116 turbines sur un site de 70 km² situé entre 13 et 20 kilomètres au large des côtes du Sussex, dans la Manche. Récemment, le 4 avril 2025, le secrétaire d’État à la sécurité énergétique et à la neutralité carbone, le très honorable Ed Miliband, a autorisé Rampion 2 (*) pour un maximum de 90 éoliennes d’une superficie d’environ 196 km2. De plus, un parc éolien offshore de 1 GW serait construit dans le sud-ouest des eaux territoriales de l’île anglo-normande de Jersey, selon les propositions annoncées par son Conseil des ministres en avril 2025. Une vaste zone potentielle pour l’éolien offshore à grande échelle a été identifiée dans le golfe Normand-Breton dans la partie sud-ouest de Jersey, à environ 20 km au nord du parc français de Saint-Brieuc.
La contribution de la recherche scientifique au développement de l’éolien offshore en Manche est intéressante à examiner et commenter sur cette mer côtière et partagée entre deux Etats. Mon étude vise à analyser la sollicitation et l’implication des chercheurs et enseignants chercheurs des organismes de recherches scientifiques et des universités dans le déploiement de l’éolien offshore de la façade MEMN au cours des 15 dernières années.
Une accumulation de connaissances sur la structure et le fonctionnement de l’écosystème Manche.
Bien que des recherches en biologie marine aient commencé dès le 19ième siècle notamment aux abords des stations marines comme Roscoff, Wimereux pour les côtes françaises et Plymouth en Cornouailles anglaises, il faudra attendre l’après deuxième guerre mondiale pour voir se développer des approches en écologie marine c’est-à-dire comprendre comment se structure les compartiments de l’écosystème en lien avec les facteurs environnementaux, à l’échelle de la Manche. Cette démarche fut entreprise pour le macrobenthos dans les années 1960-1970 par les équipes de Plymouth et de Roscoff et a abouti à une cartographie des communautés benthiques et de la distribution des espèces de la macrofaune à l’échelle de la Manche.
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