France – Mercredi 11/09/2019 – energiesdelamer.eu. Eiffage Métal va réaliser les fondations pour le parc éolien offshore de Saint-Nazaire. Antoine de Prémont répond aux questions d’energiesdelamer.eu sur ce dossier de plus en plus proche du lancement. ITV publié le 10/09/2019.

EDM : Eiffage Métal est le spécialiste des fondations monopieu, mais pas seulement. Pour quelles raisons avez-vous choisi cette technique pour le parc de Saint-Nazaire ?

En réalité, c’est EDF&DONG (devenu Orsted) qui ont fait ce choix lors de sa réponse à l’appel d’offres en 2012 . Nous n’avons eu que peu de latitude et d’innovation à proposer d’autres solutions, du fait des permitings et des autorisations diverses. Le choix était donc largement encadré.
En général, le choix de la technologie se fait en fonction des marchés et de la stratégie des clients, ainsi que du modèle de financement. Eiffage Métal est parfois fournisseur clé-en-main sur une solution imposée, mais parfois cela nous arrive de décider en partenariat. Le plus souvent le futur exploitant a déjà fait ses études et a son idée de la géophysique du sol et a déjà fait la sélection. Parfois cela nous arrive de le faire changer d’avis, en présentant une solution qui apparait meilleure, mais c’est plus rare. Nous bénéficions d’ailleurs d’une grande expérience, puisque nous avons réalisé quelque 1 800 fondations sur une trentaine de parcs éoliens en mer.

EDM : Les éoliennes Haliade seront posées sur des fondations monopieux. Quels sont les nouvelles caractéristiques techniques nécessaires (taille, épaisseur des tubes, etc…) pour résister à la puissance de l’océan Atlantique du Nord.

Dans les faits, ce ne seront pas les plus grosses fondations, ni les plus volumineuses que nous avons réalisé. Avec environ 600 tonnes par pieu, 50 mètres de longueur et 20 m pour les pièces de transition, elles ne seront pas plus importantes que celles standard posées cette année. On a discuté la taille des différentes pièces et différentes proportions des installations. Ces dimensions correspondent à la moyenne du marché et dépendent essentiellement de la profondeur d’eau, qui est comprise entre 20 m et 30 m à Saint-Nazaire, du site et de la nature des charges, donc des turbines.

Certains sites sont fortement exposés à la houle d’autres moins. Ainsi à Saint-Nazaire, il y a plus de houle, et à Courseulles-sur-mer, il y en a moins.
Et c’est EDF Renouvelables qui s’est chargé de la géophysique. Eiffage Métal a interprété ces données pour dimensionner les fondations.
Pour l’heure la seule Haliade dont nous avons fabriqué et installé les fondations est celle du prototype implanté sur Belwind, en Belgique. Et ce prototype était installé sur jacket. En fonction des vents, on ne rencontre pas les mêmes cas de charge sur les fondations.

En revanche, la particularité de Saint-Nazaire, pour notre lot, repose sur la diversité des méthodologies d’installation, puisque nous allons utiliser à la fois le battage et le forage, du fait de l’hétérogénéité du sol. La pose est d’ailleurs de la responsabilité de notre partenaire DEME, qui va mettre en œuvre des moyens pour limiter les nuisances sur la faune en cours d’installation.
C’est ainsi DEME qui mettra au travail son navire dénommé Innovation.

EDM : De combien les coûts de structures ont pu être diminuées sur les dix dernières années ?

Le tournant pour la fabrication a eu lieu en fait il y a à peu près 15 ans, avec la mise en place d’une fabrication en série. Celle-ci a permis d’économiser entre 15% et 20%, en produisant en série ces fondations. Sans oublier que, dans le même temps, il y a eu une évolution des turbines. Ainsi, sur un champ donné, le nombre de fondations à réaliser a fortement diminué. Il y a 10 ans, on avait une centaine de fondations pour une puissance donnée de 500MW, aujourd’hui, pour cette même puissance, il suffit d’en installer une soixantaine, entraînant une évolution des coûts. Quand on gagne 10% en termes de puissance sur une turbine, on diminue le coût d’environ 5% sur les fondations même si cela n’est pas tout à fait linéaire. Ainsi, quand on passe d’une puissance de 6 MW à des machines de 10 MW ou même 12 MW, on peut s’attendre à gagner quelque 20% sur les fondations.

Antoine de Premont Eiffage Metal EDM 06 09 019

 

EDM : Les fondations sont en acier. Y-a-t-il une tension sur la demande et/ou la fabrication de ces aciers avec les nombreux projets en cours et cela présente-t-il un risque d’augmentation des coûts selon la fluctuation des marchés ?

Ce qui est certain, c’est qu’il y a une tension possible sur la capacité de fabrication, pas en terme d’approvisionnement en acier. Cette capacité est limitée sur la marché européen, voire mondial. Il y a donc une problématique de vérification des plannings des différents projets.

En effet, si les tôles en acier peuvent être disponibles, il faut pour fabriquer les fondations, les rouler en tube, les souder, et les assembler, des moyens conséquents avec usines coûteuses et c’est là que le goulot d’étranglement se forme. Il y a moins d’une dizaine de fournisseurs dans le monde avec les capacités de production adéquates.
Pour Saint-Nazaire, la production démarrera les tôles seront fondues au printemps prochain, et nous sommes en discussion avec différents fournisseurs, mais les choix définitifs n’ont pas été fait.
Nous réservons des productions, puis trois mois après les livraisons commencent. La production dure six mois environ. Pour les pièces de transition de nos fondations pour Saint-Nazaire, elles seront fabriquées en Belgique dans nos usines (Smulders). Nous achèterons des équipements (grues, radars, jauge de contrôle) en utilisant une chaine d’approvisionnement externe au groupe.

Le 7 octobre prochain une journée est organisée à Nantes. Quels sont les métiers dont vous allez avoir besoin dans le cadre du Parc de Saint-Nazaire et à quelles échéances ?

Au final, ce sera plutôt la partie DEME qui aura des besoins à proximité du site. Nous avons en revanche besoin d’un certain nombre de fournisseurs de pièces et d’équipements (grues pour la maintenance installée sur la plateforme, radars, jauges de contrôle et autres équipements électriques). Les compétences locales existent et nous avons déjà des contacts, depuis un certain nombre d’années d’ailleurs à l’aune de la durée de la procédure.

Points de repère

 Eiffage Métal et DEME remportent le contrat d’EPCI du parc éolien en mer de Saint-Nazaire

Eiffage Métal est membre d’Evolen.


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