France – 15/12/2021 – energiesdelamer.eu. Les armateurs et les opérateurs hissent les « kytes et les voiles » pour décarbonner le transport maritime. AirSeas prend son envol avec son kyte « Seawing » en finalisant l’installation de son premier kite automatisé sur le navire « Ville de Bordeaux » qui est opéré par Louis Dreyfus Armateurs. Le navire affrété par Airbus est utilisé pour transporter des tronçons de l’A320 aux États-Unis.

La startup AirSeas* créée à Toulouse par une équipe d’ingénieurs d’Airbus dirigée par Vincent Bernatets, installée dorénavant dans les Pays de la Loire, a déjà vendu le « Kite » pour tracter les navires du japonais K-Line.

AirSeas sur le « Ville de Bordeaux »

Avec un tout petit peu de retard, essentiellement dû à la Covid, la technologie est intégrée sur le navire qui transporte les pièces de l’A320 outre-atlantique, selon le protocole signé en mai 2019.

C’est une nouvelle étape qui s’ouvre avec le premier vol en mer de ce kite en temps réel, programmé courant du premier trimestre 2022, avant sa mise en service commerciale. Partenaire d’AirSeas depuis ses débuts, AirBus a misé sur l’innovation développée par la start-up pour décarboner sa chaîne logistique.

L’aile de kite automatisée, nommée Seawing, utilise un système de contrôle de vol développé avec l’industriel aéronautique. « L’installation de cette aile est une étape majeure pour AirSeas qui devient ainsi la première entreprise française à déployer une technologie à propulsion vélique sur un cargo. Le but est de réduire en moyenne de 20% les émissions carbone par trajet ».

C’est la première technologie par le vent française installée sur un cargo

En effet, après avoir été abandonnée par les grands armateurs pour ses navires de transports depuis deux cents ans, le vent revient en force et s’impose petit à petit, comme une solution d’avenir pour le transport maritime mondial. Transport maritime qui pèse déjà 3 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, soit autant que le transport aérien, son impact pourrait être multiplié par 6 d’ici 2050 et atteindre 17 % des émissions, selon l’Organisation maritime internationale (OMI).

Cette dernière a été vivement critiquée lors de la COP26 par les ONG de ne pas être plus volontaire, comme par la ministre de la mer, Annick Girardin, qui, en juin dernier, après les dernières négociations s’était dite déçue, tout comme Jean-Baptiste Djebbari, ministre délégué aux Transports « qui avaient l’un et l’autre déclaré « l’accord obtenu est en-deçà de nos attentes » … Depuis, la Commission européenne est passée par là et a relevé la « barre » en juillet 2021.

Les nouveaux acteurs 

Des porteurs de technologies comme Airseas, Neoline, Solid Sail de la Business Unit Atlantique Chantiers de l’Atlantique, Beyond the Sea avec Yves Parlier, ainsi que les apporteurs de solutions embarquées (D-ICE, Zéphyr&Borée, Farwind) offrent des solutions pour que les grands navires de commerce (et les plus petits tonnages), fassent leur retour à la voile pour transporter des marchandises. Ils étaient notamment présents à Saint-Nazaire pour le salon « Goods for Wind ».

Aujourd’hui, 90% des échanges de marchandises au monde sont réalisés par le transport maritime. Or, selon l’Organisation Maritime Internationale, pour respecter les objectifs fixés par l’accord de Paris,

Le Kyte AirSeas

Pour AirSeas, 12 heures au total, on suffit aux équipes d’AirSeas pour installer le système complet sur le « Ville de Bordeaux ». Le système, composé de la voile, d’un mât de 34 mètres de haut lui permettant de se déployer, et d’une vaste cuve de stockage est fixé sur le pont du navire. Une opération réalisée en partenariat avec le Groupe REEL ;

« Cette première installation est la concrétisation de cinq années de recherche et de 9 brevets déposés. Je suis fier du travail et de l’investissement dont ont fait preuve nos équipes » a déclaré Vincent Bernatets, co-fondateur et président d’Airseas.

Les chiffres clé de Seawing

Ce kite automatisé est capable de tracter des cargos de commerce pesant jusqu’à 200 000 tonnes. Basé sur la technologie parafoil, il fonctionne comme un auxiliaire des moteurs du navire. Un simple interrupteur permet de lancer ou de replier l’aile. « Notre force c’est notre logiciel qui fonctionne selon le concept du ’digital twin’. Le navire et l’aile sont modélisés mathématiquement et numériquement, permettant ainsi de les piloter à chaque dixième de seconde près au maximum de la puissance

La grande voile Seawing de 1 000 m², qui vole à une altitude de 300 mètres, a le potentiel de faire économiser aux navires jusqu’à 40 % de carburant. Avec cette technologie appliquant l’ingénierie aéronautique à l’industrie navale, AirSeas entend bien apporter une contribution significative à la décarbonation du transport maritime, qui représente plus de 3 % des émissions mondiales de carbone et dont les acteurs se sont entendus à l’échelle internationale pour réduire ces émissions à hauteur de 40 % d’ici 2030. Pour Vincent Bernatets, d’AirSeas, l’avantage de Seawing réside dans le fait qu’il s’agit d’une technologie complémentaire aux propulsions existantes, qui s’adaptera également aux carburants du futur pour former une propulsion hybride. « Tout l’enjeu était pour nous d’équiper les flottes existantes. On compte actuellement 28 000 navires de plus de 5 000 tonnes en service, ce serait un non-sens écologique que d’en faire table rase et en se focalisant uniquement sur la construction de cargos à voile. Notre ambition est d’en équiper 15 % d’ici 2030. Si l’on y parvient, nous contribuons à réduire en moyenne de 20 % les émissions de GES du secteur ».

Élément important à cette campagne d’essais, AirSeas a reçu de la société de classe Bureau Veritas, la certification officielle de l’installation du système et l’autorisation de commencer les opérations grandeur nature qui symbolisera 3 ans de collaboration.

Six traversées transatlantiques

Le 21 décembre 2021, le « Ville de Bordeaux » entamera une campagne d’essai sur six mois au départ de Saint-Nazaire. Les équipes d’AirSeas vont se relayer durant chaque traversée pour déployer progressivement le système et réaliser les premiers vols de Seawing. « Nous entamons la phase finale du développement du kyte, avant la commercialisation du produit de série. Cette dernière phase nous permet s’assurer du bon fonctionnement de la voile et de consolider nos projections en termes d’économie d’énergie », conclut Vincent Bernatets.

« La décarbonation du transport maritime ne peut se faire sans la filière vélique. »

AirSeas est à l’initiative de la Cleantech Coalition, un regroupement d’acteurs européens des cleans technologies du secteur maritime (Norsepower, Houlder…) dont l’ambition est d’alerter les instances internationales sur l’urgence d’intégrer les solutions véliques à la stratégie de décarbonation du transport maritime. À l’occasion de la COP26, Stéphanie Lesage, secrétaire générale chargée des relations institutionnelles et publiques chez AirSeas, s’est exprimée au nom de la filière : « Les fuels alternatifs comme les biofuels, l’hydrogène vert ou le méthanol, tendent à apparaître aujourd’hui comme l’unique solution avancée pour décarboner le transport maritime, mais ils ne seront disponibles que d’ici cinq à dix ans. Si nous attendons cette échéance, il sera trop tard : d’abord parce que l’impact écologique durant cette période d’activité aura des conséquences irréversibles. Mais surtout car si nous visons comme ambitionne l’OMI, zéro émission en 2050, il nous faut une propulsion hybride, combinant les solutions disponibles dès à présent pour décarboner le secteur maritime avec les fuels alternatifs de demain. La solution unique pour le navire zéro émission n’existe pas. Investir dès à présent dans les technologies zéro carbone est la meilleure solution pour les armateurs tant en termes de rentabilité que pour leur empreinte environnementale. »

Photo : Installation de Seawing sur le Ville de Bordeaux – ©Images Cinétique Films pour AirSeas

À propos d’Airseas

Entreprise tech française appliquant l’ingénierie aéronautique à l’industrie navale pour développer des solutions de propulsion vélique afin de décarboner le transport maritime, Airseas ambitionne d’équiper 15 % des flottes de cargos existants d’ici 2030. Le projet Seawing bénéficie de financements de l’ADEME, des régions Pays de la Loire & Occitanie, et a été lauréat de France Relance et de l’appel à financement Blue Economy Window de l’Union Européenne.

Airseas est soutenue par son partenaire Airbus, actionnaire à hauteur de 11%.

©Cinétique Films pour AirSeas

POINTS DE REPÈRE

16/03/2021 – Bureau Veritas a publié des règles de classification de nouvelle génération pour les systèmes de propulsion vélique. BV est actuellement impliqué dans un large éventail de projets de propulsion éolienne (vélique) et toutes les parties prenantes améliorent leur compréhension à mesure que nous progressons avait déclaré Laurent Leblanc, Senior Vice President Technical & Operations chez Bureau Veritas. La nouvelle notation de Bureau Veritas pour les Systèmes de Propulsion Eolienne (WPS) – NR 206, s’appuie sur les règles BV préexistantes publiées en 1987. Deux nouvelles notations ont été publiées pour fournir les exigences de classification pour les navires modernes à propulsion éolienne : WPS 1 pour le gréement dormant et WPS 2 pour le gréement dormant et courant. Toutes deux fournissent des cas de charge et des coefficients pour tous les types de technologies de propulsion éolienne, y compris les gréements autoportants, les voiles à ailes, les voiles de cerf-volant et les éoliennes.

26/11/2021 – La collaboration entre les leaders de l’industrie Kongsberg Maritime (KM), principal fournisseur mondial de systèmes de propulsion éolienne auxiliaire, Norsepower Oy Ltd. devrait faciliter l’ajout de la propulsion éolienne aux systèmes intégrés de puissance et de propulsion de KM.

13/07/2020 – Kawasaki Kisen Kaisha, Ltd. (‘K’ Line) entreprise de transport maritime japonaise, basée à Ichikawa, a révisé en profondeur la directive à long terme concernant l’environnement, ‘K’ Line Environmental Vision 2050 – Blue Seas for the Future -, afin de renforcer les initiatives de préservation de l’environnement mondial telles que réduction des GES (Gaz à effet de serre).

Septembre 2021 – Le premier salon Wind For Goods de la propulsion en France s’est tenu à Saint Nazaire.

Wind for Goods – Transport vélique à Saint Nazaire


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Chantiers de l’Atlantique


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