RENNES – (France- U.E) – 22/10/2009 – energiesdelamer – Que vient faire cet équipementier dans ce petit tour d’horizon des parcs éoliens offshore français ? Pour l’instant, comme les autres, pas grand-chose si ce n’est d’être présent (et bien présent d’ailleurs) sur le terrain ! Mais dans un futur proche il se pourrait fort que son rôle devienne déterminant.

 

En effet Blue H France (créé le 26/09/2008) s’intéresse à un segment très spécifique du marché de l’éolien offshore : l’éolien flottant en haute mer, qui séduit de plus en plus les développeurs de projets éoliens offshore dans le monde entier mais aussi dans l’Hexagone pour être particulièrement adapté à la configuration des fonds marins français.

LA MAÎTRISE TECHNOLOGIQUE DU FLOTTANT

Un rappel d’explication s’impose bien que j’ai déjà écrit sur tout cela. Autant les plateaux continentaux en Mer du Nord (danois, allemand et même britannique dans certains endroits) permettent par leurs configurations exceptionnelles l’implantation d’éoliennes fixées sur des fonds peu profonds à proximité des côtes, autant le plateau continental français, comme la majeure partie des plateaux continentaux du reste de la planète, en plongeant très rapidement à des profondeurs importantes ne permet pas ce type d’implantation. Si bien que lorsque l’on cherche à implanter des éoliennes en mer au large des côtes françaises, la technologie habituelle d’éoliennes fixées sur des fondations en béton employée en Mer du Nord apparaît pour le moins hasardeuse à mettre en oeuvre. Dans ce cas, la technologie des éoliennes flottantes en haute mer évite, si vous me passez l’expression, l’écueil de la construction de fondations. Une étude récente publiée par le cabinet Garrad Hassan (ICI) évaluait le potentiel énergétique en haute mer, pour la France, à 50 GW à moyen terme. Et donc cette technologie de l’éolien flottant, réputée jusque-là complexe et coûteuse, cette technologie dont on ne prévoyait pas de développement avant une bonne quinzaine d’années, se retrouve propulsée tout naturellement sur le devant de la scène.

 

Pour François Huber, directeur de Blue H France SAS :  » Blue H développe une technologie en haute mer immédiatement compétitive, pour une phase commerciale industrielle dans moins de 5 ans. L’objectif est un coût d’investissement intermédiaire entre l’éolien terrestre et l’éolien offshore conventionnel. Le taux de charge en haute mer peut atteindre 40 %, contre 25 % en moyenne à terre, les revenus seront donc plus importants : on produira plus d’électricité en haute mer pour la même puissance installée. L’accès à la haute mer permet des puissances importantes (centaines de MW) qui limitent le coût du raccordement en proportion ».

 

Sur ce segment de l’éolien flottant en haute mer, Blue H n’est évidemment pas le seul. Tout le monde a entendu parler de la technologie WINFLO (dont les visuels sont jalousement préservés par son promoteur!) et quelques-uns connaissent aussi l’éolienne NENUPHAR du Pôle Mer Paca (sur les projets duquel je reviendrai sous peu).

 

Mais la spécificité de Blue H est d’être historiquement le précurseur dans cette technologie flottante avec des prototypes déjà construits et de n’être absolument pas avare d’images concernant sa technologie DIWET (Deepwater Innovative Wind Energy Technology) par exemple.

 

Toutes les technologies utilisées dans le concept DIWET sont éprouvées et bien adaptées à l’environnement marin à commencer par celle de la plateforme TLP (Tension Leg Platform) déjà utilisée dans l’industrie pétrolière depuis plusieurs décennies, et par celle de la turbine bipale Gamma développée et testée jusqu’à 2,4 MW. Au contraire d’autres équipementiers éoliens offshore, le procédé de construction est entièrement basé à terre, la structure complète étant remorquée sur site par des navires conventionnels. Blue H veut ainsi s’affranchir des risques et des coûts liés aux conditions météorologiques, ainsi que des équipements de construction spéciaux nécessaires aux travaux en mer. Une vidéo de ce principe est présentée ICI.


UN DÉVELOPPEMENT INDUSTRIEL EN COURS

Blue H développe son concept depuis plusieurs années. Le prototype SDP (Submerged Deepwater Platform), la première éolienne flottante au monde, testé en 2008 dans l’Adriatique, avait permis, en son temps, de valider le principe techniquement et économiquement. Le groupe construit actuellement un second prototype, la FCU (First Commercial Unit), toujours « une preuve de concept » mais cette fois à l’échelle industrielle comme son nom l’indique. Cette éolienne de 2,4 MW doit être installée en 2010 dans l’Adriatique et connectée au réseau. Mais alors que la FCU sera encore une machine d’origine terrestre posée sur une plateforme, le projet DIWET (en France) vise à développer industriellement une machine de 3,6 MW pour l’environnement atlantique, avec une conception entièrement intégrée et prévue pour cette application.

Le projet est porté par un consortium regroupant Actimar (Brest, Océanographie), Blue H France, le Cetim (Centre technique des Industries Mécaniques de Nantes, composites), l’Ecole Centrale de Nantes (Nantes, modélisation et tests en bassin et soufflerie), l’Institut de la Corrosion (Brest, lutte contre la corrosion), Multiplast (Vannes, composites), Timolor Leroux & Lotz (Lorient, construction navale) et l’Université de Bretagne Occidentale (Brest, composites). Une demande de financement public vient d’être déposée à l’Ademe, en réponse à l’Appel à Manifestations d’Intérêt (AMI) pour les énergies marines, publié en juillet et dans lequel la technologie de Blue H est décrite comme la plus mature (feuille de route énergies marines). Un autre projet est prévu en Italie pour une machine de même puissance en environnement méditerranéen, avec un concept différent.

UN CLUSTER INDUSTRIEL POUR LES ÉNERGIES MARINES EN EUROPE

Au Royaume-Uni, Blue H a été sélectionné par l’ETI (Energy Technology Institute), financé par le gouvernement britannique et des industriels comme EDF, Shell, BP, Caterpillar, E-On…) pour mener une étude de faisabilité sur une machine de 5 MW (avec EDF et British Aerospace). En Belgique, le groupe BLUE H est retenu pour un projet portant sur la maintenance intelligente. François Huber précise : « Notre groupe étudie des projets de fermes dans différents endroits du monde, sachant que les zones peu profondes comme la mer du Nord y sont plutôt des exceptions. Sa filiale Sky Saver en Italie a obtenu une autorisation pour une ferme de 92 MW, qui pourrait devenir la première ferme offshore en eaux profondes au monde. » Et quand on le questionne sur l’avenir des énergies marines en Europe, il ajoute : « La mise en place d’une filière des énergies marines en Europe se fera dans un cluster industriel, et cela a de nombreuses implications. »

Article : Francis ROUSSEAU

Docs: Sites liés et propos recueillis. Toutes Photos : DIWETT © BlueH France

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