LORIENT – (France – U.E.) – 21/10/2009 – energiesdelamer.eu. Alors que se poursuit aujourd’hui à Liverpool la grand-messe de l’éolien offshore du nord de l’Europe, la BWEA (British Wind Energy Association) ne répertorie toujours pas (ICI) le moindre projet éolien offshore français à l’horizon 2010. On ne leur jette pas la pierre : il n’y en a pas ! Il faut aller presque fouiller au détour des astérisques pour trouver une phrase qui fait allusion à 500 MW en France « under consideration » c’est à dire « à l’étude ».

Je vais donc profiter de cette grand-messe pour vous parler pendant 3 jours de l’éolien offshore français qui, bien que n’ayant aucune réalisation concrète à mettre à son actif en 2009 (et en 2010), n’en existe pas moins bel et bien. Je vous détaillerai demain les projets de Blue H France, et vendredi celui d’Enertrag France sur la côte d’Albâtre. Dans ce post c’est sur les projets de Nass&Wind qu’il me paraît utile de revenir en détail surtout après les diverses annonces parues depuis le début du mois dans la blogosphère.

NASS&WIND OFFSHORE MET L’ACCENT SUR LA PRIORITÉ DONNÉE À LA CONCERTATION

Nass&Wind Offshore développe au total des projets de parcs éoliens offshore d’une puissance potentielle équivalente à plus de 1.000 MW, soit près de 15 % de l’objectif fixé par le gouvernement français pour 2020 et l’équivalent, en gros, d’une centrale nucléaire.
Outre le projet de la baie de Saint-Brieuc, dit aussi « du grand Léjon » (40 éoliennes de 6 MW, puissance installée 240MW, soit l’équivalent de l’usine marémotrice de La Rance) dont je vais reparler plus loin, Nass&Wind Offshore développe aujourd’hui d’autres projets de parcs éoliens français fixés en mer, au large de la Bretagne, notamment :
– au large de Lorient : 20 éoliennes de 5 MW, puissance installée 100 MW
– sur le banc de Guérande : 60 à 80 éoliennes de 5 MW, puissance installée 300 à 400 MW
– au sud du plateau des Minquiers, à une vingtaine de kilomètres au large de Saint-Malo : 33 éoliennes de 6 MW, puissance installée 200 MW.

LE PARC DU GRAND LEJON OU DE SAINT BRIEUC

Si le projet de parc éolien fixé en mer à proximité du Grand Léjon (« projet de Saint-Brieuc » donc) a fait récemment couler beaucoup d’encre, c’est sans doute parce qu’il sera le tout premier parc éolien offshore édifié au large des côtes bretonnes. Nass&Wind, qui est un des acteurs de l’éolien offshore français qui communique incontestablement le plus (bien qu’avare en visuels !), tient à faire savoir aujourd’hui, avant toute chose, que ce projet est le fruit d’un dialogue patient noué depuis dix-huit mois par l’entreprise lorientaise avec les élus, les pêcheurs, les plaisanciers et les représentants du monde associatif du Pays de Saint-Brieuc. Une étude cartographique et bibliographique rigoureuse a permis aux ingénieurs de Nass&Wind Offshore de définir une zone propice à l’implantation d’un parc éolien offshore fixe. Celle-ci se situe à environ 3 miles dans le nord-est du Grand Léjon, à une distance de 28 km de Saint-Brieuc, 23 km de Saint-Quay Portrieux et 11 km des côtes d’Erquy. Le coût du projet est estimé à € 850 millions d’euros.

LE CALENDRIER ADMINISTRATIF

Un document de cadrage, qui a pour but d’informer officiellement la préfecture d’un département et les services instructeurs de l’Etat de l’existence d’un projet de développement de parc éolien offshore fixe au large des côtes du dit département, a été déposé en mars 2009. La « demande de concession d’utilisation du domaine public maritime », que l’on confond souvent à tort avec le document de cadrage, ce qui engendre des erreurs fréquentes sur les dates de construction, cette demande de concession donc, véritable permis de construire d’un parc éolien (décret n°2004-308 du 29 mars 2004), sera déposée auprès de la Préfecture départementale des Côtes d’Armor en mars 2010. C’est-à-dire un an après le document de cadrage, soit le temps nécessaire à Nass&Wind Offshore pour exploiter les résultats de l’ensemble des études d’impact lancées sur zone.
A partir de cette date, l’instruction du dossier durera dix-huit mois, ce qui permet de fixer la date de début de construction du parc courant 2012. Sa mise en service est programmée en 2014. Le nombre d’emplois locaux créés pour assurer l’exploitation et la maintenance du parc est estimé à une quarantaine. Le responsable du projet est un ingénieur âgé de 42 ans né à Saint-Brieuc, Jacques Barreau, qui a rejoint Nass&Wind Offshore en 2008. Fixées par 39 mètres de fond, les 40 éoliennes du parc de Saint-Brieuc ou du Grand Léjon seront posées sur des fondations de type gravitaire ou sur un quadripode métallique. Le choix définitif de la technologie retenue dépendra du résultat des études technico-économiques lancées par Nass&Wind Offshore.

LA CONCERTATION AVANT LA CONSTRUCTION

La localisation et la forme précises du parc s’affinent peu à peu au gré d’un processus de concertation commencé il y a dix-huit mois. Jacques Barreau et ses collaborateurs ont déjà rencontré une trentaine d’élus et de responsables techniques municipaux ainsi que les représentants d’une vingtaine d’associations. Ils ont également rencontré à une vingtaine de reprises les pêcheurs professionnels de Saint-Brieuc et de Paimpol et leurs représentants. Ces échanges ont donné lieu à une évolution significative de la forme et de la localisation du parc, situé volontairement en dehors du gisement principal de coquilles Saint-Jacques. Les discussions vont se poursuivre afin, notamment, d’évaluer précisément l’influence du projet sur l’activité des pêcheurs professionnels locaux et trouver avec ces derniers de nouvelles opportunités pour préserver, voire même développer, la ressource halieutique. On le sait, les fondations ou les plots d’éoliennes en mer, comme de toute plate-forme en mer, peuvent servir de pouponnières à des élevages de poissons. Nass&Wind n’a pas annoncé s’être engagé dans cette voie, mais on aurait tort dans le futur de négliger cette ressource facilement quantifiable et contrôlable. Concernant l’environnement à proprement parler, l’entreprise lorientaise a déjà investi près de € 400.000 dans la réalisation d’études environnementales et paysagères sur la zone étudiée et à proximité de celle-ci. Réalisées par des experts régionaux, celles-ci ont commencé au printemps 2009. Elles doivent notamment permettre d’étudier les interactions entre le parc et le milieu naturel dans lequel il devra s’insérer. Quant à l’étude paysagère, confiée au bureau d’études brestois l’Atelier de l’Île, elle a pour objectif d’inscrire l’implantation du parc dans un projet de paysage cohérent et respectueux d’un territoire profondément attaché à l’identité de la Bretagne.

LA BRETAGNE ET L’ÉOLIEN OFFSHORE

La Région Bretagne est, on le constate ici, la région française la plus active dans le domaine de l’éolien offshore puisqu’elle s’est fixé comme objectif d’accueillir au large de ses côtes 500 MW d’éolien offshore d’ici 2015 et 1.000 MW d’ici 2020, pour une production de 3,5 TWh représentant 14 % de la consommation électrique bretonne (19,8 TWh en 2007). Nass&WInd considère qu’il est important de souligner que le profil annuel de production d’énergie des éoliennes offshore qui seront ainsi implantées au large des côtes bretonnes est très semblable à celui des besoins en électricité de la Bretagne. Mais la Bretagne n’est pas la seule région de France où l’éolien offshore pourrait être développé. En France, les sites les plus favorables se trouvent sur les côtes de la Manche et de la Mer du Nord, ainsi que sur la façade Atlantique entre la Bretagne et l’Aquitaine. Selon l’Agence internationale de l’énergie, « le potentiel de production offshore en France pour 2020 est estimé à 30 TWh, soit la consommation domestique (chauffage compris) de 13 millions de français. »

Article : Francis ROUSSEAU

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