France – 20/05/2025 – energiesdelamer.eu.
Dans un étrange retournement idéologique, la droite et l’extrême droite françaises semblent avoir désigné les énergies renouvelables (EnR) comme leur nouvel ennemi.
À coup de chiffres approximatifs – voire totalement inventés, comme les «300 milliards d’euros» prétendument dépensés pour les EnR, une estimation démentie en détail par RTE et Enedis dans Le Monde (1) – elles s’emploient à discréditer des technologies pourtant incontournables pour répondre aux enjeux climatiques, économiques et industriels de notre époque.
Cette polarisation n’a rien d’évident. Historiquement, ni le nucléaire ni les renouvelables ne relèvent d’un camp politique. Le programme électronucléaire français, lancé par Valéry Giscard d’Estaing, a été poursuivi par François Mitterrand. À l’inverse, le Texas – peu suspect de gauchisme – est aujourd’hui leader américain dans le déploiement des renouvelables. Pourquoi alors cette tentative de lecture partisane d’une transition énergétique qui, par nature, devrait transcender les clivages ?
La tribune de Xavier Daval dans Le Point (2) met le doigt sur une contradiction criante : comment des élus Les Républicains, attachés à la liberté d’entreprendre et à une économie concurrentielle, peuvent-ils défendre avec autant d’ardeur un modèle centralisé, étatique, monopolistique, en l’occurrence celui du nucléaire, tout en dénigrant le modèle décentralisé, libéral et innovant des EnR ? Les projets solaires ou éoliens, portés par des PME, des collectivités locales ou des coopératives, incarnent l’initiative privée, l’adaptabilité et l’autonomie énergétique des territoires – toutes valeurs que la droite prétend chérir.
Plus troublant encore : la droite, si prompte à dénoncer le laxisme budgétaire, reste silencieuse face aux dérives financières de projets nucléaires comme celui de Flamanville 3. La Cour des comptes estime que pour atteindre une rentabilité de 4 %, le prix de vente de l’électricité de ce réacteur devrait s’élever à 138 €/MWh – bien au-delà des prix de marché. Avec un surcoût de 618 %, où est passée la rigueur budgétaire ? S’opposer aux renouvelables au nom du « bon usage des deniers publics » tout en soutenant des projets aux trajectoires budgétaires délirantes est un non-sens. Les chiffres sont têtus : changer de majorité politique ne suffira pas à les faire disparaître.
Pendant ce temps, les renouvelables poursuivent leur avancée. Leurs coûts baissent de manière continue, grâce aux progrès technologiques et à la montée en puissance des filières industrielles. Surtout, ces technologies répondent à une exigence contemporaine essentielle : la flexibilité. En période de tensions géopolitiques et de pressions croissantes sur les réseaux, cette capacité d’adaptation n’a pas de prix. Le solaire est aujourd’hui l’une des sources d’électricité les plus compétitives au monde. L’éolien terrestre atteint lui aussi des niveaux de prix très compétitifs, tout en étant déployé plus rapidement que n’importe quelle centrale nucléaire (ce qui n’est pas très difficile). L’éolien en mer représente lui, un levier industriel et énergétique stratégique. La France a commencé tard, mais la dynamique est enclenchée. La PPE3 (Programmation Pluriannuelle de l’Énergie), actuellement en cours de consultation, devra fixer un cap ambitieux et crédible pour ce secteur. Ce n’est pas seulement une question d’énergie : c’est une politique industrielle. Les projets en cours génèrent déjà des retombées locales significatives : ports rénovés, bases de maintenance créatrices d’emplois, chaînes de sous-traitance stimulées dans les territoires. Refuser d’investir dans cette filière au nom d’une hostilité idéologique, c’est refuser une opportunité d’avenir pour notre économie littorale et notre souveraineté énergétique.
Planifier ces investissements nécessite de la clarté, de la prévisibilité et du courage politique. La PPE3 doit être le lieu de ce choix. Ce n’est pas en désignant des boucs émissaires énergétiques que l’on construira une stratégie robuste. Et ce n’est pas non plus en s’arc-boutant sur le nucléaire que la France garantira son indépendance énergétique. Le nucléaire est lent, coûteux et centralisé à l’extrême. Il ne peut répondre seul à la diversité des besoins territoriaux ni à l’urgence climatique.
Les énergies renouvelables ne sont ni de gauche ni de droite. Elles sont simplement nécessaires. Les caricaturer, c’est ignorer la réalité des marchés, des territoires, et des attentes sociales. Il est temps d’en finir avec les oppositions stériles. La transition énergétique est une responsabilité collective, un projet commun. Encore faut-il avoir le courage de le reconnaître.
Stéphane His – Consultant indépendant – met notamment son expertise technique et ses connaissances des marchés énergétiques au service de la division Climat de l’AFD.
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