France – 08/02/2022 – energiesdelamer.eu. La technologie est particulièrement adaptée aux environnements corrosifs qui font souffrir d’autres solutions bas-carbone telles que les pompes à chaleur. Un nouveau marché pour la startup Geosophy spécialisée dans l’évaluation du capital géo-énergétique d’un site.

 

La décarbonation des systèmes de chaud ou froid est un élément central des stratégies de neutralité carbone. Dans le résidentiel et le tertiaire, elle passe notamment par les pompes à chaleur. Problème, en bord de mer, celles-ci sont soumises à la corrosion due aux embruns. Une faiblesse à laquelle n’est pas confrontée la géo-énergie. Celle-ci recouvre plusieurs technologies. En France, la géothermie profonde n’est envisageable qu’en Alsace et en Guadeloupe. En revanche, des systèmes peu profonds sont théoriquement possibles presque partout. Soit grâce à des nappes d’eau qui s’écoulent naturellement sur la roche dont elles acquièrent la température, ce qui nécessite deux forages, l’un pour extraire l’eau et l’autre pour la ré-injecter dans le sol. Deuxième solution, plus indépendante de la géologie locale : faire circuler de l’eau en circuit fermé, auquel cas un forage unique suffit. A l’inverse de la géothermie, qui consiste à aller chercher de la chaleur en profondeur, la géo-énergie consiste à trouver une zone dans laquelle la température est constante. Et donc, plus chaude qu’à la surface l’hiver, et plus fraîche l’été, ce qui permet aussi bien de réchauffer ou de refroidir les bâtiments.

 

Valoriser le capital géo-énergétique

« Cette technologie s’adapte à toutes les tailles de bâtiment », affirme Alice Chougnet, PDG de Geosophy, startup spécialisée dans la valorisation du capital géo-énergétique qu’elle a co-fondée en 2018 après une première expérience chez Schlumberger. A partir d’une adresse, Geosophy est capable d’évaluer la quantité d’énergie disponible dans le sous-sol d’un bâtiment ou d’un terrain. Un service qui repose sur une solution brevetée impliquant un jumeau numérique du sous-sol français développé par la R&D de Geosophy avec le soutien de l’Ademe, en collaboration avec le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières), et la capacité à reconstruire rapidement le jumeau numérique du bâtiment concerné.

Geosophy fonctionne sur la base d’abonnements à sa plateforme. La première étape de « dériskage », qui permet d’éliminer les incompatibilités du site dues à la géologie – roches qui gonflent ou au contraire se dissolvent – ou aux risques de pollution est gratuite. La phase d’évaluation de l’énergie disponible s’élève en moyenne à quelques milliers d’euros par bâtiment. Le coût des travaux, en l’espèce, des forages, peut varier du simple au triple pour deux bâtiments éloignés de seulement quelques centaines de mètres. De 10 000€ pour une sonde équipant un bâtiment particulier à 100 m de profondeur, il peut atteindre plusieurs centaines de milliers d’euros pour un parc immobilier plus important, un profil plus courant parmi les clients de Geosophy. Les temps de retour sur investissements vont de 5 à 15 ans en moyenne.

 

Réglementation favorable et potentiel inexploré

Ces coûts peuvent sembler élevés, mais l’évolution de la réglementation accroît la compétitivité de ces technologies. Par exemple, la RE 2020 qui condamne de facto les énergies fossiles pour le chauffage des bâtiments, mais ne concerne que le neuf. Pour le parc existant, le décret tertiaire qui contraint les propriétaires de bâtiments de plus de 1000 m2 à réduire leur consommation de 40%, 50% puis 60% aux horizons 2030, 2040 et 2050, est plus structurant encore. « Ce qui est produit localement, autrement dit la production issue de la géo-énergie, n’est pas comptabilisé », précise Alice Chougnet. De 30 à 40% du coût des travaux peut être financé par le Fonds chaleur opéré par l’Ademe.

Et en France, le potentiel est immense. En cause, notre grand retard sur un sujet aujourd’hui beaucoup plus mature dans les pays nordiques. « La Suède, qui pratique la géothermie peu profonde depuis 30 ans, est ainsi dix fois plus équipée et continue d’installer 50 fois plus d’équipements, souligne Jacques Goulpeau, directeur général de Geosophy. Aux Pays-Bas, la technologie connaît un taux de croissance de 89% ». A de rares exceptions près, telles que l’aéroport de Nice, qui est équipé depuis plus de 50 ans, la France a tardé à manifester son intérêt. « Mais les choses commencent à changer et de grands groupes se positionnent, dont certains sont nos partenaires », confirme Aline Chougnet, rappelant que Geosophy explore le potentiel d’un site, toutes technologies confondues.

90% du territoire hexagonal serait ainsi exploitable. A Paris par exemple, 99% du potentiel reste inexploité. « On ne s’en doute pas car on a l’impression que son sous-sol est un vrai gruyère, reconnaît Jacques Goulpeau. Mais le métro a été creusé sous les avenues, et il reste tout à fait possible de forer le sol sous les bâtiments. » De nombreux éco-quartiers font désormais appel à la géo-énergie, et Geosophy travaille avec plusieurs foncières.

En bord de mer, le refroidissement bas-carbone peut également se faire grâce au SWAC (Sea Water Air Conditioning) ou climatisation marine. Mais cette technique génère des rejets d’eau chaude dans la mer. « La géo-énergie, plus profonde, est plus respectueuse de la biodiversité », souligne Aline Chougnet. Autre avantage, le sous-sol peut servir de stockage inter-saisonnier. C’est donc un nouveau marché qui s’ouvre pour la jeune entreprise.

POINTS DE REPÈRE


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