Europe – 24/01/2022 – energiesdelamer.eu. Les conseillers européens en finance verte critiquent Bruxelles pour l’inclusion du nucléaire et le gaz fossile dans la taxonomie. Bloomberg Green a publié aujourd’hui, un large article sur un rapport adressé vendredi 21 janvier, à la Commission européenne par un groupe d’experts de Sustainable Finance European. Ce groupe d’experts s’oppose à l’inclusion du gaz et du nucléaire dans la taxonomie verte.

Selon Bloomberg, le rapport mentionne que « les ajustements prévus à son règlement vert risquaient d’augmenter les émissions de gaz à effet de serre et de saper la réputation du bloc européen en tant que bastion de la finance respectueuse de l’environnement.

La Plateforme Européenne sur la Finance Durable (Sustainable Finance European) a remplacé le Groupe d’experts techniques (TEG) dans son rôle de conseiller sur les réglementations européenne pour la finance durable. C’est l’un des deux seuls groupes chargés de fournir un retour d’information officiel à la Commission européenne. Ce groupe a déclaré que même les installations au gaz les plus performantes ne pouvaient pas être qualifiées d’actifs verts ou de transition.

Les résultats marquent le dernier coup porté à la crédibilité du livre de règles vertes de l’Europe, autrefois présenté comme un étalon-or international dans l’orientation des capitaux vers des projets durables. Mais il est peu probable que les conclusions de la Plateforme fassent dérailler les ajustements prévus. Au moins 20 des 27 États membres de l’UE – représentant pas moins de 65% de la population du bloc – devraient s’unir contre le plan pour qu’il échoue, comme s’en sont faits l’écho les médias avec de nombreux réactions et déclarations des Ministres des 27 pays membres.

Selon la proposition de la Commission européenne, qui doit être adoptée dès cette semaine, « les nouvelles centrales à gaz pourraient être qualifiées de vertes et durables, même si elles n’atteignent jamais en dessous du niveau moyen d’émissions de gaz à effet de serre pour le réseau européen », a déclaré Nathan Fabian… « Ce seraient des plantes polluantes sans aucune garantie qu’elles seront jamais vertes. »

Gaz et nucléaire verts proposés par la Commission

Les projets gaziers qui remplacent le charbon et n’émettent pas plus de 270 grammes d’équivalent dioxyde de carbone par kilowattheure peuvent recevoir une étiquette verte temporaire ; ou les émissions annuelles de l’activité ne dépassent pas une moyenne de 550 kilogrammes par kilowattheure sur 20 ans

·       Ces centrales devraient obtenir des permis de construire avant la fin de 2030 et prévoir de passer aux gaz renouvelables ou à faible émission de carbone d’ici la fin de 2035

·       De même, les centrales nucléaires sont éligibles tant que les nouvelles centrales qui obtiennent des permis de construire d’ici 2045 répondent à un ensemble de critères pour éviter des dommages importants à l’environnement et aux ressources en eau

·       Des fonds seront nécessaires pour améliorer les informations à fournir aux investisseurs sur les avoirs nucléaires et gaziers dans le cadre de la taxonomie

La Plateforme a souligné que certaines des installations gazières prévues pourraient remplacer les centrales au charbon qui sont déjà en cours de suppression dans une grande partie de la région.

L’accent « sur le remplacement de la production d’énergie au charbon est clair, mais le bénéfice net en matière d’émissions de gaz à effet de serre résultant d’un tel changement n’est pas certain », a-t-il déclaré. « C’est parce que 59 GW de capacité au charbon en Europe doivent déjà être supprimés d’ici 2035. »

Faisant suite à l’annonce par la Commission, le Luxembourg et l’Autriche, à la suite de l’Allemagne, ont réaffirmé vendredi leur farouche opposition à l’inclusion du nucléaire dans la labellisation des énergies « vertes » de l’UE, espérant être rejoints par Berlin pour poursuivre en justice, le cas échéant, le projet de la Commission.

« L’inclusion du nucléaire enverrait le mauvais signal. Ce n’est pas économique et ce n’est pas une énergie de transition non plus, cela prend trop de temps », a déclaré à l’AFP Carole Dieschbourg, ministre luxembourgeoise de l’Environnement en marge d’une rencontre à Amiens avec ses homologues européens.

Réunis jeudi et vendredi dernier, les ministres des Vingt-Sept discutent du projet dévoilé fin décembre par la Commission européenne (« taxonomie verte »), qui classe comme « durables » les investissements dans les centrales nucléaires et à gaz, afin de faciliter le financement des activités contribuant à réduire les gaz à effet de serre.

Les États membres avaient jusqu’à vendredi 21 janvier, pour réclamer des modifications, avant publication du texte final. Des risques sécuritaires en passant par l’incertaine gestion des déchets, « il y a des raisons juridiques (de s’opposer à l’inclusion du nucléaire). Ce serait du greenwashing. Nous saluerions une participation de l’Allemagne à l’action en justice » qu’envisagent le Luxembourg et l’Autriche, a déclaré Mme Dieschbourg.

Inclure l’atome « n’est pas acceptable pour nous, cela affecterait la crédibilité de la taxonomie. Il serait trompeur d’appeler +durables+ des énergies qui ne le sont pas, qui ne sont pas sûres, qui n’ont pas résolu les problèmes du passé, trop chères et trop lentes pour contrer le changement climatique », a renchéri la ministre autrichienne de l’Environnement Leonore Gewessler.

Dans une lettre envoyée à Bruxelles vendredi soir, l’Allemagne a déclaré qu’elle s’opposait à l’inclusion du gaz comme source d’énergie durable, mais qu’elle soutenait une étiquette verte temporaire pour que le gaz passe du charbon. La France, quant à elle, a apporté son soutien au nucléaire, au motif que la forme d’énergie ne produit pas de dioxyde de carbone et est considérée comme une source d’énergie fiable à mesure que l’infrastructure pour les énergies renouvelables est construite. Les critiques soutiennent que la proposition de l’UE ne traite pas de manière adéquate les risques liés aux déchets nucléaires.

La proposition de l’UE a suscité de vives réprimandes de la part des membres de la société civile, des militants du climat, des législateurs et des principaux groupes d’investisseurs. Ils avertissent que la dilution perçue du règlement vert signifie que l’Europe pourrait ne pas respecter son obligation légale d’atteindre la neutralité climatique d’ici le milieu du siècle. Le groupe de réflexion E3G a demandé la semaine dernière à la Commission européenne de retirer ou de modifier radicalement l’acte délégué complémentaire qui ouvre la voie à la taxonomie pour ajouter le gaz et le nucléaire.

La plateforme a également averti que les projets de passage aux gaz renouvelables ou à faible émission de carbone d’ici la fin de 2035 pourraient entraîner une augmentation des émissions dans les usines si l’hydrogène dit gris ou bleu est utilisé pour le mélange. Les exigences de divulgation proposées pour les investisseurs devraient également être « considérablement améliorées », a-t-il ajouté.

L’organisme, composé de groupes clés de la société civile, de banques et d’entreprises comme Airbus SE, recommandera à la Commission d’abandonner les ajustements pour accorder le label vert au gaz et au nucléaire pendant la transition.

Sources Bloomberg et AFP

POINTS DE REPÈRE

Dans quel contexte s’inscrit la taxonomie ?

La taxonomie est une recommandation proposée par le groupe d’experts sur la finance durable et adoptée en mars 2018 par la Commission européenne dans sa stratégie de développement d’une économie durable et neutre carbone d’ici à 2050. L’objectif de cette stratégie est de repenser le fonctionnement de notre système financier afin de rendre la croissance économique compatible avec la préservation de la planète et de ses ressources. Pour cela, la Commission souhaite réorienter les capitaux privés vers des investissements plus durables.

La taxonomie est une mesure phare du plan d’actions de la réglementation sur la finance durable qui permet de définir une méthode commune à l’ensemble des acteurs de marché pour identifier les activités « vertes ». Définition de


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