France – 24/06/2021 – energiesdelamer.eu. Pour la première fois à de telles profondeurs en Méditerranée, une équipe regroupant des scientifiques français, monégasques et italiens a pu analyser des déchets marins et des microplastiques jusqu’à 2200 m de fond.

Résultat : Les grands fonds sont des zones d’accumulation importante de nos déchets, avec un impact marqué sur la faune. Les scientifiques recommandent d’accroître les efforts de prévention, car cette pollution est impossible à éliminer dans des environnements aussi inaccessibles. Une nouvelle étude publiée dans la revue Science of the Total Environment  “Distribution of seafloor litter and its interaction with benthic organisms in deep waters of the Ligurian Sea (Northwestern Mediterranean)” a été menée sur la pollution plastique jusque dans les grands fonds en Méditerranée.

Les mesures ont eu lieu en septembre 2018 grâce au submersible Victor 6000, à bord du navire Atalante de la Flotte océanographique opérée par l’Ifremer. « On sait qu’il y a des zones d’accumulation de déchets au large, mais c’est la première fois que nous menons des mesures aussi précises à de telles profondeurs en Méditerranée, avec des vidéos proches du fond et des prélèvements dans les sédiments», souligne François Galgani, chercheur à l’Ifremer spécialiste des plastiques et parmi les principaux auteurs  de la récente publication.

Les scientifiques se sont concentrés sur une zone à cheval entre la France, Monaco et l’Italie en mer Ligure, comprenant sept canyons sous-marins et des monts plus au large dans la plaine abyssale. Les résultats montrent une forte accumulation de plastique d’origine urbaine, sur les canyons en face de grandes villes comme Saint-Tropez, Nice, Cannes ou Monaco. On peut ainsi apercevoir sur les images des objets très divers tels que des gobelets, seaux de plage, ballons, bouteilles… « Ces déchets urbains sont dominés par les plastiques. Les canyons jouent un rôle de conduit, les déchets descendent vers les grands fonds sous l’effet des courants marins. Plus au large, au niveau des monts sous-marins, les déchets sont de nature différente, davantage liés à la pêche, avec des lignes perdues ou des filets. », explique Michela Angiolillo, chercheuse à l’ISPRA et auteur principale de la publication.

Les auteurs : Michela Angiolillo – Tommaso Valente – Leonardo Tunesi – Istituto Superiore per la Protezione e Ricerca Ambientale (ISPRA), François Galgani – Olivia Gérigny – Marie-Claire Fabri – Ifremer, Centre Méditerranée, Eric Tambute – Centre Scientifique de Monaco, Elodie Rouanet – GIS Posidonie, Aix-Marseille University, OSU Pytheas, Francoise Claro Muséum National d’Histoire Naturelle-UMS PATRINAT, Anne Vissio – Secrétaire exécutif RAMOGE, Boris Daniel – Agence française pour la biodiversité – OFB

POINTS DE REPÈRE

En 2019, une première publication avait conclu que les quantités de déchets marins augmentaient en Méditerranée – Une vaste étude de suivi sur le long terme (de 1994 à 2017) des déchets marins méditerranéens menée par l’Ifremer est publiée dans le Marine Pollution Bulletin. Résultat : si la quantité de déchets marins en Méditerranée fluctue chaque année, elle affiche néanmoins une augmentation globale depuis 2009. “Seafloor litter from the continental shelf and canyons in French Mediterranean Water: distribution, typologies and trends”. 2019. O. Gérigny, M. Brun, MC Fabri, C. Tomasino, M. Le Moigne, A. Jadaud and F. Galgani. Marine Pollution Bulletin. 653-666. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0025326X19305612


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