France – 31/03/2023 – energiesdelamer.eu. Partie 2 de l’interview de Bertrand Fazio relatif à l’AMI éolien flottant, pêche et biodiversité

 

. Quels sont les objectifs de cet AMI ?

Bertrand Fazio. Au-delà des connaissances et des technologies que nous avons déjà identifiées, cet AMI correspond à un souhait de chercher de manière proactive les innovations de tous ordres qui nous permettront de soutenir et de déployer des solutions à impact positif sur la biodiversité et le maintien de la pêche dans les parcs flottants.

Il faut noter que les approches mises en œuvre sur les parcs offshore posés ne sont que partiellement transposables au flottant. Pour prendre l’exemple de la pêche, son maintien sur le parc de Saint-Nazaire est un beau succès. Mais il ne présage pas de ce qui pourra être fait sur un parc flottant. De plus, certaines technologies d’ancrage en flottant rendent plus ou moins faisable le maintien de la pêche sur un parc.

Un autre objectif est de pouvoir soutenir des entreprises ou des organisations qui, en développant leurs solutions, pourront générer des retombées économiques à plus ou moins long terme sur les territoires.

Lors du Débat public qui s’est déroulé en 2020, le monde de la pêche était régulièrement présent aux côtés des autres acteurs. Avez-vous suivi les débats ?

BF – Oui, bien sûr. Il convient de rappeler le contexte. C’était le premier débat mené par la CNDP sur l’éolien flottant en France. Il s’est partiellement déroulé au moment où le Brexit changeait les rapports avec les pêcheurs, et où des conflits sur le parc de Saint-Brieuc persistaient. Il est donc essentiel de prendre en compte du mieux possible les enjeux pêche. On le voit également aujourd’hui avec la fermeture de zone pour préserver les cétacés durant certaines périodes.

 Il convient que l’éolien en mer ne soit pas la contrainte de trop,  même si ce n’est pas la plus forte.

Lors de ces débats, de nombreuses interventions et inquiétudes sur l’impact environnemental du futur parc flottant et sur la manière dont les développeurs allaient le prendre en compte se sont exprimées. Non seulement nous avons l’intention de réduire au maximum les impacts négatifs, mais nous sommes aussi convaincus que l’on peut mettre en œuvre des solutions générant un impact positif.

Qair mène, avec le projet de la ferme éolienne flottante à Port-La-Nouvelle, en Occitanie, de nombreuses expériences et études. Allez-vous partager les connaissances déjà acquises avec les pêcheurs et les universitaires ou bureaux d’études de la Région ?

BF – Qair porte le projet de ferme pilote EolMed depuis 2016. Nous avons essuyé de grosses tempêtes, comme le changement de turbinier, de puissance ou la forte hausse des cours de l’acier avant le bouclage financier du projet.

Mais nous avons maintenu notre ligne pour assurer des retombées locales et territoriales. Avec TotalEnergies, partenaire qui nous a rejoint dans le projet, nous avons réussi à « passer » ces obstacles avec une construction des flotteurs qui est maintenant bien avancée. Elle est sur une base 100 % « made in France ». Nous avons pu maintenir les projets de R&D avec, en particulier, la bouée EolBio*. Cette bouée de mesure, qui est en mer actuellement, est dotée de nombreux équipements destinés à acquérir des connaissances utiles aux développements des parcs posés et flottants : elle observe les poissons avec des caméras ichtyofaunes et écoute les mammifères marins avec des hydrophones à mi colonne d’eau ; des substrats de même conception acier que le flotteur ont été disposés dans tous les azimuts pour observer la biocolonisation ; des parties des futurs ancrages en polyester sont testés sur leur comportement vis-à-vis du biofouling.

L’étude de la biocolonisation fait l’objet d’une convention de thèse avec l’Université de Perpignan, et nous avons donc, au sein de nos équipes, une jeune chercheuse qui doit profiter de sa thèse pour proposer une modélisation des effets de la présence des flotteurs sur les écosystèmes.

La mise à disposition des connaissances acquises se fera au travers de publications scientifiques de nos partenaires académiques comme le CRIOBE, laboratoire de l’université de Perpignan et le LIS, laboratoire du CNRS à l’université de Toulon. Le programme EolBio a reçu le soutien de l’ADEME et est labélisé par le Pôle Mer Méditerranée.

Le deuxième sujet concerne le maintien de la pêche. Les études et approches nécessaires pour qu’elle puisse être maintenue dans le parc EolMed ont été réalisées. Les navires de pêche pourront le traverser sans avoir à le contourner, ce qui est un enjeu pour les pêcheurs de la zone. La décision finale appartiendra aux autorités maritimes et à la Grande Commission Nautique une fois le parc installé.

Pourquoi se porter candidat à l’AMI et quels en seront les bénéfices pour les lauréats ?

BF – Nous avons cherché à être le plus pertinent possible tout en ne connaissant pas les stades de maturité des solutions qui seront proposés ni le profil des candidats. L’AMI est ouvert aux TPE, ETI, grands groupes, mais aussi aux micro-entreprises, aux associations, aux établissements de recherche ou de formation.

Dans ce contexte, nous prévoyons tout d’abord un forum pour donner l’opportunité aux lauréats de présenter leurs solutions à Seanergy en juin prochain. Un dispositif à deux volets sur l’accompagnement des porteurs de projets avec un examen technique et/ou une qualification des solutions en mobilisant jusqu’à 5 jours d’expert par projet, et avec au moins 3 sessions de mentorat sur une période de 6 mois est prévu. Il est essentiel, de mon point de vue et au vu de mon expérience, de proposer un accompagnement dans une certaine durée en fonction des maturités des projets et de leurs besoins.

Nous encouragerons et soutiendrons également les lauréats qui y sont éligibles à candidater aux aides en avances remboursables mises en place par notre partenaire TotalEnergies dans le cadre des fonds de soutien aux développements régionaux.

Un autre aspect qui peut être extrêmement utiles pour certaines solutions, c’est la possibilité que nous offrirons de disposer de données recueillies dans le cadre du projet AO5 suivant des protocoles à définir.

Enfin, comme je l’ai indiqué précédemment, nous chercherons à intégrer les solutions des lauréats dans nos projets éoliens flottants en France et à l’international, en espérant pouvoir en expérimenter sur le parc Bretagne Sud, si nous-mêmes sommes lauréat, bien entendu !

Quel sera le mode de sélection ?

BF – Concernant les jurys, il y en aura un par thématique. Outre des membres d’AEM et du pôle mer, nous nous sommes entourés de personnalités reconnues du monde de la pêche, du monde associatif et du monde scientifique.

Que comptez-vous recevoir comme type de propositions et quel type de données sera communiqué ?

BF – L’éventail visé est large et nous donnons quelques exemples dans les annexes de la fiche complète accessible en ligne

Pour le thème Biodiversité, cela pourra porter sur les impacts liés aux habitats marins avec récifs artificiels aux ancrages, sur les lignes d’ancrage ou les câbles inter-éoliennes, sur des dispositifs innovants de surveillance de l’écosystème ou d’espèces, sur des modèles d’aquaculture à faible niveau trophique, sur des dispositifs favorisant l’effet nurserie, sur la restauration d’habitat naturels menacés etc.

Pour le thème Pêche, nous citons les systèmes d’ancrage des filets, leur maillage, les systèmes de manœuvre et de pré-localisation des engins de pêche, la fiabilisation des systèmes de géolocalisation des navires, la détection des lignes d’ancrage des éoliennes, la prévention de la dérive des engins de pêche, leur localisation et récupération en cas de dérive vers les éoliennes, l’optimisation de l’effet récif en vue de favoriser la pêche etc.

Cela dit, l’objectif majeur de cet AMI, et c’est ce qui le rend très excitant, c’est d’explorer de nouvelles possibilités innovantes et de faire émerger des idées et ou des solutions auxquelles nous n’avons pas pensé.

Les membres des jurys signeront des accords de confidentialité préservant les données communiquées par les candidats et les lauréats seront libres de communiquer ce qu’ils souhaitent lors des présentations sur Seanergy. Ensuite, tout dépendra du déroulement et des succès des projets !

 

EolMed avait choisi en 2018, la bouée flottante Eolos FLS200 pour mener une campagne de mesures du vent durant un an sur le site et collecter ainsi les données.

Accès à toutes les informations pour répondre à cet AMI

 

 

Partie 1 – Un AMI sur l’éolien flottant, la pêche et la biodiversité : ITW exclusive de Bertrand Fazio de Qair

Propos recueillis par Brigitte Bornemann

 

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POINTS DE REPÈRE

Semaine nationale de l’emploi du maritime et du fluvial : épisode 3 – Olivier Guiraud – Qair marine

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