Russie – Samedi 31/10/2020 – energiesdelamer.eu. Selon les observations de Zachary Labe, chercheur postdoctoral en sciences atmosphériques à la Colorado State University, l’océan Arctique a enregistré son deuxième plus bas taux de glace d’été le mois dernier.

De grandes parties de l’océan Arctique, qui devraient historiquement être recouvertes de nouvelle glace de mer, restent en grande partie libres de glace.Traditionnellement, les eaux peu profondes le long du plateau côtier de la Russie au nord de la Sibérie sont parmi les premières à se recongeler chaque année pendant l’automne. Pas cette année. Les eaux le long du littoral russe restent en grande partie dépourvues de glace, même cinq semaines après l’enregistrement de l’étendue minimale annuelle des glaces à la mi-septembre. Historiquement, la mer de Laptev et la mer de Sibérie orientale devraient être entièrement recouvertes de glace d’ici la fin octobre. «Dans l’ensemble, l’étendue totale de la glace de mer arctique est la plus faible jamais enregistrée pour cette période de l’année. En d’autres termes, il y a la plus grande superficie d’eau libre jamais enregistrée à la fin de la saison de gel d’automne. La plus grande quantité d’eau libre se trouve actuellement au nord de la Sibérie, qui serait normalement complètement recouverte de glace de mer il y a seulement quelques décennies », déclare Zachary Labe.

Pour la première fois depuis le début des relevés en 1978, le gel annuel retardé de la mer de Laptev a été causé par une chaleur terriblement prolongée dans le nord de la Russie et par l’intrusion des eaux de l’Atlantique, disent les climatologues qui mettent en garde contre d’éventuels effets d’entraînement dans la région polaire.

Les températures de l’océan dans la région ont récemment grimpé à plus de 5 ° C au-dessus de la moyenne, à la suite d’une vague de chaleur record et du déclin inhabituellement précoce de la glace de mer de l’hiver dernier. La chaleur emprisonnée met longtemps à se dissiper dans l’atmosphère, même à cette période de l’année où le soleil apparait au-dessus de l’horizon pendant une heure à deux par jour. Les graphiques de l’étendue de la glace de mer dans la mer de Laptev, qui montrent généralement un pouls saisonnier sain, semblent avoir une ligne plate. En conséquence, il y a une quantité record de haute mer dans l’Arctique. «L’absence de gel jusqu’à présent cet automne est sans précédent dans la région de l’Arctique sibérien», a déclaré Zachary Labe dont la communication a été publiée le 27 octobre dernier par le Guardian.

La température de l’air plus chaude n’est pas le seul facteur qui ralentit la formation de glace. Le changement climatique pousse également des courants atlantiques plus doux dans l’Arctique et rompt la stratification habituelle entre les eaux profondes chaudes et la surface fraîche. Cela rend également difficile la formation de glace.

L’Arctique se réchauffe plus de deux fois plus vite que la moyenne mondiale. La mer de Laptev est connue comme le berceau de la glace, qui se forme le long de la côte au début de l’hiver, puis dérive vers l’ouest en transportant des nutriments à travers l’Arctique, avant de se rompre au printemps dans le détroit de Fram entre le Groenland et le Svalbard. Si la glace se forme tard dans le Laptev, elle sera plus mince et donc plus susceptible de fondre avant d’atteindre le détroit de Fram. Cela pourrait signifier moins de nutriments pour le plancton arctique, qui aura alors une capacité réduite à absorber le dioxyde de carbone de l’atmosphère. Plus de mer ouverte signifie également plus de turbulence dans la couche supérieure de l’océan Arctique, qui tire plus d’eau chaude des profondeurs. Le Dr Stefan Hendricks, spécialiste de la physique de la glace de mer à l’Institut Alfred Wegener, a déclaré que les tendances de la glace de mer sont sombres mais pas surprenantes. «C’est plus frustrant que choquant. Cela est prévu depuis longtemps, mais les décideurs n’ont guère réagi. »​

POINTS DE REPERE

Vient de paraître – La lettre n°105 du 30/10/2020 « Géopolitique de l’Electricité » de Global Electrification présidée par Lionel Taccoen (ancien représentant d’EDF auprès des Institutions Européennes de 1987 à 2000. Président des Groupes de Travail d’Eurelectric (Association des compagnies d’électricité européennes) « Marché Intérieur de l’électricité » et « Relations Internationales » de 1989 à 2000). . Elle mentionne que le secteur électrique russe déploie ses activités vers le nucléaire pour faire fasse au changement climatique. Le nucléaire est confié au Groupe d’Etat Rosatom qui est la main nucléaire de l’Etat russe. Il « gère … les domaines de la production d’énergie, de la fabrication des armes et de la sûreté nucléaire… Il est chargé de la mise en œuvre des engagements internationaux de la Russie concernant l’utilisation pacifique de l’énergie atomique et de la non- prolifération ».

« Tchernobyl est loin. Un grand ménage a été fait » mentionne la lettre. Le facteur de charge du parc des réacteurs russes VVER actuels est nettement supérieur à celui du parc français. Certes les réacteurs du parc de l’Hexagone affichent deux mille ans de fonctionnement cumulé sans accident ni incident grave. Mais les VVER russes, plus récents et moins nombreux, sont parvenus à mille ans de fonctionnement, également sans accident ni incident grave. Les Chinois, « fins connaisseurs », viennent d’en recommander. La Russie a pris la tête du développement des surgénérateurs, réacteurs de quatrième génération, depuis que la France a arrêté le surgénérateur de Creys-Malville.

Le dernier programme fédéral russe (FTP-Fédéral Target Program) envisage une part de 25-30% de nucléaire dans la production d’électricité en 2030, 45-50% en 2050, 70-80% à la fin du siècle.

 

Des petits réacteurs modulaires (SMR) sont en cours de développement certes pour l’Arctique, mais ils ont aussi été présentés en Afrique (SMR) . La Russie est devenue le premier exportateur mondial de réacteurs (Chine, Inde, Pakistan, Turquie..). L’atome devrait devenir en Russie un instrument essentiel de lutte contre le réchauffement climatique en particulier pour les immenses territoires arctiques où des plans de mise en valeur sont en cours. Le nucléaire va y jouer un rôle majeur (énergie et navigation, brise glaces) et Rosatom est largement associé aux activités correspondantes.

A noter pour ceux qui souhaitent en savoir plus : Andrey ROZHDESTVIN Directeur de Rosatom Western Europe, Vice-président de Rusatom International Network participera en online à un webinaire organisé par l’ASCPE le 12/11/2020.

A noter également que la France n’a plus d’Ambassadeur des Pôles depuis janvier 2020. En effet, Ségolène Royal n’a pas été renouvelée au poste d’ambassadeur des pôles qui avait été créé pour Michel Rocard et l’avait occupé de 2009 à 2016. Ce poste de sensibilisation permet à la fois de participer au groupe de travail du conseil de l’Arctique sur l’avenir de la navigation dans la zone et de siéger au Conseil de l’Arctique, dont la France fait partie en tant que pays observateur. 

 

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