France – Japon – Mardi 06/10/2020 – energiesdelamer.eu – Partie 2. Lors du Salon du littoral* qui s’est tenu à La Grande Motte, la session Japon a traité, lors de la deuxième intervention, de la gestion intégrée des ports et plus particulièrement du port « énergies vertes » dédié à l’éolien en mer ‘Hibiki’. Décryptage par Yves Henocque, Plan Bleu, Fondation de France pour energiesdelamer.eu, partenaire média du Salon du littoral et réactions de Philippe Gouverneur, expert et consultant, fondateur de la Commission éolien en mer de France Energie Eolienne.

Cette deuxième intervention a permis de découvrir le passage « de la gestion communautaire des ressources, à un exemple de gestion des ports durables présenté par Yuji Mitsutake, directeur exécutif du Bureau des ports et Infrastructures de la ville de Kitakyushu dans le sud-ouest du Japon : le projet ‘Hibiki’ de ‘port à énergie verte’.

La ville de Kitakyushu se situe sur la Mer du Japon, face à la Corée du Sud. C’est une ville industrielle d’environ 1 million d’habitants. Elle abrite de très grandes compagnies actives dans le monde entier, comme Nippon Steel, Yaskawa, Toto, Toyota, Nissan, Mitsubishi Heavy Industries, ou encore Mitsubishi Chemicals. En 50 ans, c’est une ville industrielle qui est passée du ‘gris’ au ‘vert’ avec des actions de remédiations qui ont démarré dès les années 70, à une époque où la qualité de vie était devenue désastreuse. Tout ce développement industriel n’a pu se faire que grâce à une politique de remblaiement systématique avec les conséquences sur le milieu marin qui ont été décrites par l’intervenant précédent, le Pr Osamu Matsuda.

Le Japon est aussi une terre de tous les dangers, et c’est le grand tremblement de terre Hanshin-Awaji de 1995, qui a également gravement touché la ville de Kobe, qui a été d’abord le déclencheur d’une réorganisation du port en tant que plateforme logistique. Plus tard, en 2008, c’était l’effondrement financier de Lehman Brothers qui menaçait à nouveau l’industrie manufacturière du Japon. Ces deux évènements ont mené au projet de port des énergies vertes ‘Hibiki’ qui a démarré en 2011.

Dans un premier temps, ce projet a pour objectif d’attirer les structures de recherche et d’approvisionnement, puis à créer (remblaiements) le nouvel espace nécessaire au développement des activités de montage, de test, et d’acheminement des éoliennes en mer, et enfin de créer un Centre intégré pouvant accueillir des compagnies japonaises et étrangères de l’éolien offshore en en faisant un centre de production, de services, et d’installation en mer.

Une première réalisation concrète de ferme éolienne côtière en mer est en cours avec la compagnie Hibiki Wind Energy** pour un coût total de 175 milliards de Yens (environ 146 millions d’Euros) et une puissance développée de 220 MW. La construction/installation doit démarrer en 2022. En juillet 2020, lors d’une table-ronde public-privé, l’Association japonaise des énergies éoliennes (Japan Wind Power Association) s’est donnée pour objectifs de produire 13 GW en 2030 (5,4 GW déjà produits fin 2008), 30 à 40 GW en 2040, et 90 GW en 2050.

Dans ce contexte, l’ambition du port de Kitakyushu est de développer un ‘Centre intégré’ HIBIKINADA, qui permet de gérer totalement l’installation d’un parc en mer, du débarquement des éléments d’infrastructure, au stockage, pré-assemblage, et le transport sur le site de production, faisant appel au développement des fonctions portuaires d’installation (navire d’observation, grues/portiques, équipement d’amarrage, etc.), de services (centre de formation du personnel, etc.), et de production (fabricants des turbines, des fondations, centre de stockage, etc.). Outre les ressources privées, le projet bénéficie du soutien de la Ville de Kitakyushu pour le développement des infrastructures portuaires et industrielles.

 

Chargeur En cours de chargement…
Logo EAD Cela prend trop de temps ?

Recharger Recharger le document
| Ouvert Ouvrir dans un nouvel onglet

‘HIBIKINADA’ est ainsi devenu l’unique centre de ce type au Japon. Trois autres ports ont été désignés par le gouvernement japonais pour le développement des énergies éoliennes en mer, mais le port HIBIKINADA de Kitakyushu est le seul port doté d’un vaste espace aménagé juste en arrière de ses quais, capable d’intégrer les trois fonctions d’installation, de services, et de production, nécessaires à l’industrie éolienne offshore. Par ailleurs, comme dit plus haut, le positionnement du port de Kitakyushu lui permet d’ambitionner un rayonnement non seulement national mais également international, vers le reste de l’Asie.

POINTS DE REPÈRE

Remerciements à Yves Henocque, Plan Bleu, Fondation de France 

** La compagnie Hibiki Wind Energy a choisi MHI Vestas pour la fourniture d’éoliennes V174-9.5MW pour le parc éolien offshore de 220 MW de Hibiki-Nada.
Hibiki Wind Energy a remporté un appel d’offres lancé par le gouvernement de la ville de Kitakyushu en 2017 pour développer le projet. Le développeur est un consortium composé de Kyuden Mirai Energy (30%), J-Power (40%), Hokutaku (10%), Saibu Gas (10%) et Kyudenko (10%).

Partie 1 : Salon du Littoral : Plein feu sur la biodiversité et l’éolien flottant – Regards sur l’expérience japonaise

Partie 3 : Plein feu sur la recherche décloisonnée à l’institut japonais OIST et retour d’expérience pour Banyuls en Région Occitanie

 

La suite, le 7 octobre 2020 : Plein feu sur le prochain débat public « éolien flottant » en Méditerranée qui sera organisé par la Commission particulière du débat public pour la Méditerranée, présidée par Sylvie Denis-Dintilhac et dont les grandes lignes ont été présentées lors du Salon du Littoral.


Publicités Google :