France – Lundi 04/09/2017 – energiesdelamer.eu – La tribune publiée par Olivier Lluansi le 1er septembre 2017 dans le Monde sous le titre « Des services «Haute couture» pour l’industrie » se veut trans-secteur. Le raisonnement s’applique à quasiment tous les secteurs, celui des énergies marines également. 

 

 

Les générateurs d’énergie de cette filière seront difficiles d’accès parfois sous l’eau, parfois dans des milieux hostiles (mers venteuses). Le maintien dans la durée des performances sera une gageure qui requerra le recours à des technologies de maintenance préventive, de robotisation et de télé-pilotage des interventions, etc.

 

De l’autre côté, leur acceptabilité soulève déjà des questions: les potentiels conflits d’usage (pêcheurs, défenseurs de l’environnement), l’intégration sur le réseau (on a d’ores et déjà des pointes de prix négatif). La capacité à faire profiter directement les populations impactées (plateforme d’échange direct de blocs d’énergie), celle de donner une traçabilité à ces énergies vertes et bleues (des pilotes d’échanges de certificats « verts » via des blockchains sont déjà en cours), etc. seront autant de services, créateurs de valeur, « on top » de la seule production d’électricité » rappelle Olivier Lluansi pour le Portail energiesdelamer.eu.

 

 

Tribune parue dans le Monde publiée sur le portail energiesdelamer.eu

avec l’aimable autorisation d’Olivier Lluansi 

 

Des services  » haute couture  » pour l’industrie

 

Soutenir le rapprochement entre grands groupes et start-up innovantes permettrait de capter la valeur des nouveaux services et des nouvelles fonctionnalités du secteur
Le gouvernement a annoncé la création d’un fonds d’innovation en soutien à l’industrie, secteur en pleine mutation.  » L’industrie du futur  » ou  » 4.0  » se -caractérise en effet par un double mouvement.

 

D’abord, une recherche d’efficacité : le potentiel des briques technologiques disponibles est un triplement des gains annuels de productivité – (environ 20 % de gains sur cinq ans). Ensuite, le développement de services « on top », c’est-à-dire de nouvelles -applications et de nouvelles fonctionnalités des biens industriels pour créer de la valeur ajoutée et éviter l’effet – « déflationniste » des gains de productivité. Des entreprises industrielles – petites et grandes – ne vendent plus, par exemple, des moteurs ou des -compresseurs d’air, mais des heures-moteurs ou des volumes d’air comprimé, et de la fiabilité. Les fabricants de rames de train valorisent les données recueillies sur les usagers pour proposer de nouveaux services. Les équipementiers aéronautiques améliorent la maintenance et le suivi de la performance…

 

L’investissement dans l’industrie est insuffisant depuis vingt-cinq ans : le taux d’investissement moyen en -machines et équipements a été de 6 % du PIB entre 1990 et 2007, contre 8 % en Allemagne, et cet écart s’est maintenu depuis. Il ne se comblera que progressivement, par un allégement des impôts de production, le renouvellement du suramortissement ou la baisse des charges sociales sur les salaires intermédiaires.

 

Mais le rôle d’un fonds d’innovation industrielle doit être différent. Une quarantaine de briques technologiques composent le socle de « l’industrie du futur ». Le fonds pourrait en -financer certaines made in France, comme la cybersécurité, l’impression 3D, l’intelligence artificielle, etc. Mais d’autres ressources publiques sont disponibles à cette fin, comme le programme des investissements d’avenir. Le fonds devrait donc miser sur deux vrais avantages comparatifs.

 

Le premier s’appuierait sur la French Tech. La France dispose d’une compétence reconnue en matière de services numériques, ce qui lui confère un réel avantage, dans la transformation en cours, pour la création de services à -valeur ajoutée  » on top « . Cela permettrait, au-delà de l’industrie 4.0 centrée sur l’outil de production, d’améliorer le couple produit-services pour mieux s’adapter aux besoins des utilisateurs.

 

Indispensable montée en gamme
Le second rechercherait une meilleure articulation entre notre tissu -indus-triel, structuré autour de grands groupes, et nos start-up. Il supposerait de renoncer aux prises de contrôle, mortifères pour la créativité, ou aux achats destinés à neutraliser des -concurrents. Un fonds doté de 10 milliards d’euros devrait pouvoir faire émerger des -consortiums où des groupes travailleraient sur un pied d’égalité avec des start-up sur un mode de création agile et de partage de la valeur.

 

La puissance publique a régulièrement soutenu des projets de long terme, depuis les programmes pompidoliens en France jusqu’au soutien de la NASA à SpaceX et de l’armée américaine à Internet aux Etats-Unis. Dans les années 1970, retrouver une indépendance technologique via de grands organismes (CEA, DGA, etc.) était un impératif français. Aujourd’hui, l’objectif est différent : coupler la puissance commerciale, financière et industrielle de nos groupes à l’agilité et la créativité des start-up de la French Tech. Le fonds donnerait la prime aux meilleurs -consortiums entre groupes disposant de belles parts de marché et start-up ouvrant de nouveaux chemins.

 

L’indispensable montée en gamme sur le produit, préconisée par le rapport Gallois de 2012, sera longue. En -revanche, une montée en gamme -rapide via le couple produit- services peut être plus rapide, en habillant nos produits industriels de services  » haute couture « . Nous devrions trouver là un nouveau savoir-faire français !

  

Points de repère

Olivier Lluansi EDM0409017Olivier Lluansi est membre du « Groupe Que Faire » qui rassemble d’anciens membres de cabinets ministériels et des dirigeants des secteurs public et privé. Olivier Lluansi Ingénieur du Corps des Mines, est associé au sein de EY Strategy. Il a été conseiller industrie et énergie à la présidence de la République (François Hollande) et membre associé du comex et directeur de la transformation numérique de RTE.

 

1 – La création d’un fonds d’innovation en soutien à l’industrie, a été annoncé le 15 juin dernier lors de Vivatech par le Président de la République sera géré par bpifranceEmmanuel Macron a déclaré « ce fonds devra accompagner la transition numérique et énergétique ».

 

2  – EY a publié fin juin 2017 un Livre blanc « Croire en l’industrie du futur et au futur de l’industrie »

 

3 – DataLab – Chiffres clés de l’énergie en France 2016 – édité en février 2017 ICI

 

4 – Rapport annuel de l’IRENA – Février 2017. Le secteur des énergies vertes et bleues est en pleine évolution comme les autres filières de l’industrie. Le nombre d’emplois pour le secteur pour les énergies renouvelables dans le monde est de 9,8 millions en 2016. 

 

5 – Renforcer le Capital Risque français – Marie Ekelanda, Augustin Landierb et Jean Tirole. CAE Juillet 2016 ICI

 

6 – Pacte pour la compétivité de l’industrie française – Rapport Gallois 2012 

 


Publicités Google :