VANCOUVER – (British Columbia-Canada) – 13.03.2009 – energiesdelamer.eu – Un article à paraître dans le numéro d’avril 2009 de Biodiesel Magazine s’interroge (ICI) sur l’avenir des biocarburants algaux cultivés en photobioréacteurs. En effet sous le titre assez explicite de  » A Sober Look at Biofuels From Algae  » le magazine rend compte de l’étude commandée par le British Columbia Innovation Council et menée pendant plusieurs mois par la compagnie Canadienne Seed Science Ltd. en Colombie Britannique sur ces biocarburants algaux dit de troisième génération.

 

Rappelons que la première génération est constituée de biocarburants à base de matières premières agricoles (blé, maïs, colza etc….) et la deuxième issue de la biomasse ligno-cellulosique c’est-à-dire cannes, pailles ou bois. Il ressort de cette étude de faisabilité technique et économique que la production de biodiesels algaux ou d’éthanol fait l’objet de nombreuses polémiques et que le plus grand scepticisme serait de rigueur quant à l’avenir de ces biocarburants en particulier produits en photobioréacteurs. L’étude s’étonne notamment que les centaines de millions de dollars investis aussi bien par les start-up que par les grandes compagnies comme Shell Oil Co ou Chevron Corporation (cf. nos articles au libellé énergie des micro-algues) ainsi que par l’armée des Etats-Unis, n’aboutissent toujours pas à la commercialisation d’un biodiesel algal disponible dans les stations-services. L’étude se concentre sur les photobioréacteurs qui sont, à l’heure actuelle, l’une des principales technologies proposées pour une croissance rapide des algues transformables en biocarburants. Les photobioréacteurs, comme leur nom le laisse clairement entendre, utilisent la lumière naturelle du soleil pour faire croître les microalgues. Ils sont composés de tubes de verre ou de matière acrylique transparente, de pompes, de béton et de couvertures de serre. Au Canada et aux États-Unis ce ne sont pas moins de 15 entreprises qui se sont lancées dans cette technologie réputée fiable pour la croissance rapide des algues. Et il ne fait pas de doute que ce soit le cas. Mais alors d’où vient le doute ? Des sérieuses difficultés que ces compagnies rencontreraient à faire de ce processus une technologie rentable, en tout cas pour des produits de faible valeur, comme les biocarburants. Le premier problème réside dans le coût élevé d’investissement, et mal évalué jusque là selon l’étude, des photobioréacteurs eux mêmes. Les entreprises qui se sont lancées dans l’aventure ont estimé les coûts à environ 1,5 million de dollars par hectare, soit deux à trois fois moins que le coût estimé par des experts indépendants.

 

Ce seul coût en capital d’investissement se traduirait par un litre de biodiesel algal à la pompe dont les prix se situeraient entre 7 $ et 15 $ !(variation qui tient compte de la lumière solaire disponible et de la productivité de l’espèce d’algue choisie). Et encore ce calcul prend-il déjà en compte l’amortissement des frais par la vente de produits dérivés, (galettes d’algues pour l’alimentation animale, etc…).  » Étant donné que ce coût est largement supérieur au prix du diesel, commente Biodiesel Magazine, l’article pourrait s’arrêter ici « . Mais le magazine continue sa très intéressante analyse de coûts que je vous invite à retrouver directement en ligne et dans leur numéro d’avril 2009.

 

Bon ce n’est un secret pour personne que la production de biodiesel algal est sujet à polémique. Mais je m’interroge à mon tour. Qui aurait intérêt à remettre en cause la production des photobioréacteurs qui attirent tant de capitaux ? Le lobby des pétroliers ? Non puisque ce sont eux qui mènent sans doute aujourd’hui le plus de recherches sur le sujet. Le lobby du nucléaire ? Où serait l’intérêt étant donné qu’un véhicule terrestre civil fonctionnant avec une pile à combustible nucléaire n’est pas pour demain …enfin je l’espère vivement en tout cas ! Alors qui ? Et bien peut-être tout simplement les producteurs de microalgues eux-mêmes qui se livrent entre eux, c’est bien connu, une guerre sans merci pour attirer vers leur technologie la manne des capitaux qui semble, de tous les secteurs des renouvelables, vouloir arroser en priorité celui-là ! La preuve ? Par exemple, le fait qu’en explorant un peu le site de Seed Science, l’entreprise à laquelle le British Columbia Innovation Council a commandé l’étude, on peut lire à la rubrique « Product » (ICI) quelques lignes amusantes à propos de certains « High density algal reactors » à venir bientôt et fabriqués par Seed Science bien entendu ! De quoi s’agit-il ? Allez, je traduis : d’un  » nouveau type de réacteur algal  » . Il n’y a plus « photo » si je peux dire ! Je continue la traduction :  » Conçu pour réduire le temps passé, l’espace consacré et les frais associés aux méthodes traditionnelles de production de microalgues, ce nouveau procédé se propose de produire des algues dans les pépinières à poissons et à coquillages. Ce mode de production d’algues dans ces nouveaux réacteurs permettra d’obtenir des densités plus élevées de micro-algues dans un espace plus réduit et avec une réduction en termes de temps, du travail et au final de coûts énergétique « . Je vérifie mais oui, c’est bien le futur qui est employé « new algal reactors will provide « .
Article: Francis ROUSSEAU
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