OSLO (Norvège) – 25/11/2008 – Blog Les énergies de la mer – 3B Conseils – Lors de la dernière E3 Conference (Energy, Economy, Environment) qui s’est tenue la semaine dernière à l’intiative de l’IREE (University of Minnesota’s Initiative for Renewable Energy and the Environment), le développeur norvégien Statkraft a annoncé par la bouche de son vice président Terje Gjengeda, la mise en place des premiers tests commerciaux de sa centrale osmotique commerciale pour avril 2009. Le potentiel annuel de cette énergie pour la Norvège serait de 12 terrawatts soit assez d’énergie pour fournir en électricité 540.000 foyers pendant une année. A l’échelon mondial, le potentiel osmotique serait de 1600 à 1700 terrawatts annuels soit la consommation en électricité de la Chine pour l’année 2002. L’énergie osmotique dont j’ai déjà parlé sur ce blog en octobre 2007 (ICI), a été testée avec succès pendant plus d’un an en Norvège par Statkraft sur son site expérimental de Hurum, à une soixantaine de kilomètres d’Oslo. Jusque là, le calendrier du développeur norvégien est scrupuleusement tenu et ce, bien qu’il s’agisse d’une technologie totalement nouvelle et assez complexe à mettre en œuvre. Je rappelle que l’énergie osmotique est l’énergie qui est tirée de la différence de gradients de salinité entre l’eau salée (en bleu sur les schémas) et l’eau douce (en vert).

Cette énergie a été mise à jour au moment du mélange des eaux qui s’opère lorsque les eaux douces d’un fleuve se jettent dans l’eau salée de la mer; il apparait qu’au moment du mélange des eaux (osmose) une grande quantité d’énergie est libérée du fait de ce mélange. Statkraft a réussi à exploiter ce phénomène naturel en faisant transiter, à l’intérieur d’une centrale, dans deux réservoirs séparés par une membrane semi-perméable, la masse d’eau salée de la mer et la masse d’eau douce d’un fleuve. Lorsque l’eau douce traverse la membrane en direction de l’eau salée elle crée un pression (correspondant à une colonne d’eau de 120 m) capable d’actionner une turbine, générant de l’électricité. L’exploitation de l’énergie osmotique suppose que l’implantation de la centrale se fasse à proximité immédiate d’un estuaire, c’est ce que les anglais appelle « baseload energy » (énergie chargée sur site). La plupart des mégapoles mondiales marines qui sont situées à l’embouchure des grands fleuves, pourraient d’autant plus profiter de ce type d’énergie sur site qu’elles sont souvent les villes qui consomment le plus d’énergie.
L’énergie osmotique a, en outre, l’avantage d’être sans doute la plus constante et la plus fiable des énergies marines.
L’idée de l’exploiter est née dans les années 70 au SINTEF, acronyme en norvégien pour  » Fondation pour la Recherche Scientifique et Industrielle à L’Institut Norvégien de Technologie « , la plus importante organisation indépendante de recherche scientifique des pays Scandinaves, de l’ingéniosité du chercheur Sidney Loeb, professeur à l’UCLA (University of California Los Angeles). C’est en 1997 que le SINTEF est venu solliciter la collaboration de Statkraft pour développer, de façon commerciale, l’exploitation de l’énergie osmotique dont elle avait jeté les bases expérimentales. Depuis lors, et grâce à cette collaboration, d’immenses progrès ont été réalisés qui ont permis d’augmenter la sensibilité des membranes osmotiques et de tirer le meilleur parti énergétique du mélange eau douce/eau salée. Statkraft estime aujourd’hui que la première  » vraie  » très grosse centrale osmotique commerciale pourrait voir le jour vers 2015, peut-être même avant, eu égard à la rapidité des progrès réalisés surtout depuis quelques mois. Statkraft a investi quelques 100 millions de Couronnes Norvégiennes (un peu plus de 11 millions d’euro) dans l’énergie osmotique.
Article : Francis ROUSSEAU
Docs : sites lés. Schémas1, 2, 3. © Statkraft.


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