HARVARD (Etats Unis) – 30/06/2008 – 3B Conseils – Nous publions aujourd’hui une synthèse de l’article de Becca Friedman paru le 18 juin 2008 dans The Harvard Political Review et qui fait un point sur l’avenir dans le monde de l’Energie Thermique des Mers (ETM en français, OTEC en anglais c’est-à-dire Ocean Thermal Energy Conversion). Un avenir que Becca Friedman prédit plutôt positif malgré de nombreux problèmes. Nombre d’experts américains en matière d’énergie marine semblent considérer aujourd’hui que la technologie idéale pour subvenir aux besoins futurs des Etats-Unis existe déjà et qu’elle s’appelle ETM. La déclaration qui a fait l’effet d’une (petite) bombe dans le milieu des chercheurs en ERM est celle du Dr Joseph Huang, scientifique émérite à la vénérable National Oceanic and Atmospheric Administration et chef de file de l’équipe ayant en charge les énergies de la mer au ministère américain de l’énergie (US. Department of Energy). Il a déclaré :  » Aucune autre énergie renouvelable marine ou terrestre ne possède un potentiel comparable à celui de l’ETM. C’est un potentiel énorme. Il est de 100 à 1000 fois plus élevé que la consommation de la planète entière. 1% seulement de ce potentiel suffirait à couvrir nos besoins en électricité et… permettrait en plus aussi d’être utilisé à d’autres fins  » . Cet enthousiasme sans fard sera-t-il suffisant pour venir à bout de la frilosité du gouvernement américain et des investisseurs privés devant les coûts induits par les expérimentations et la commercialisation de cette technologie ? On en doute. Mais il pourrait, au moins, aider à faire diminuer la frilosité en question. Ce sont bien les coûts élévés de construction des prototypes qui sont le véritable frein du moment au développement de cette technologie. Même si des expérimentations à petite échelle ont déjà largement prouvé l’efficacité de la technologie, le pas n’est toujours pas franchi à ce jour vers des expérimentations à plus larges échelles. Luis Vega du Pacific International Center for High Technology Research estimait dans une présentation consacrée à l’ETM qu’une installation commerciale de 5MW pourrait coûter entre 80 et 100 millions de dollars sur 5 années. (soit entre 51 et 64 millions d’euro). Selon Terry Penney du National Renewable Energy Laboratory :  » Cela reste un engagement financier important… ce qui ne signifie pas qu’il ne vaut pas la peine d’être fait, mais simplement qu’il y a beaucoup d’autres technologies marines qui nécessitent moins d’investissements et qui produisent de l’énergie avec la même fiabilité « . Outre cet  » handicap « , l’exploitation de l’ETM se heurte à quelques difficultés supplémentaires. Le facteur météorologique est de celles-ci ; technologie part excellence des zones tropicales, l’ETM est très sensible aux événements climatiques récurrents tropicaux comme les forts cyclones qui peuvent interrompre durablement la production, et très vulnérable à la salinité et à la corrosion marine. Il semblerait d’autre part que beaucoup d’associations environnementales et le public en général aient décidé de considérer que tout ce ce qui pourrait venir dans le futur, interrompre la linéarité du paysage maritime serait par principe considéré comme polluant. Or une ferme E.TM. est plus visible qu’elle soit offshore ou nearshore (près des côtes) que d’autres dispositifs ERM. Si l’on prend en considération les risques, les coûts et  » l’impopularité  » de l’ETM, cela ne donne à priori rien de réjouissant. Selon Jim Anderson, spécialiste américain de l’ETM :  » S’ il y a bien eu une volonté gouvernementale de développer l’ETM dans les années 80 aux Etats-Unis à travers un petit programme expérimental, le développement de cette technologie a été bloqué par une minorité de personnes au Department of Energy (Ministère de l’énergie). Ce blocage n’est pas politique mais uniquement administratif ; ce ne sont ni les Démocrates ni les Républicains qui sont responsables de ce blocage mais… une minorité de fonctionnaires « . Malgré tout cela, il semblerait bien que les autorités américaines se rendent compte aujourd’hui qu’il n’y pas d’autres alternatives devant la situation mondiale actuelle que de s’intéresser de près aux énergies de la mer, ETM en tête. Beaucoup de pays émergents réclament leur part du gâteau énergétique (Afrique, Asie du Sud Est , Amérique du Sud…). L’ETM a la chance de permettre de développer plusieurs types d’applications, de la fabrication de courants à la désalinattion de l’eau en passant par l’aquaculture. Beaucoup de pays et en particulier la France développent actuellement des programmes ETM (à la Réunion). Le Japon et les Philippines sont les plus actifs dans le domaine. Les Etats Unis avec le Hawaii’s National Energy Laboratory mène une recherche sur le développement de l’ETM dans cette région du monde et sur les côtes de l’Oregon. Autant de données qui inclinent l’étude de la Harvard Political Review à conclure que l’ETM doit être considéré comme un investissement à long terme et que pour peu que l’on veuille bien le considérer ainsi, il finira par dépasser toutes les espérances de rentabilité. S’ajoute à cela le fait que la plupart des prévisions de rentabilité de cette technologie faites dans les années 80 l’avaient été par rapport à un prix du baril de pétrole qui, entre temps, a été multiplié (au cours actuel de 140 dollars) par …12 ! L’étude conclut sur cette phrase plutôt encourageante.  » Le futur énergétique réside uniquement dans les énergies renouvelables et les ressources importantes, ce qui signifie que le futur est dans les océans « .
Article : Francis Rousseau
Documents de référence : Harvard Political Review / Article de Becca Friedman.Photos 1 : OTEC nearshore©Levrat ; 2. Otec Offshore ; 3. Ferme OTEC à Keahole Point-Hawaï ©NELHAC


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