BENODET – 27/03/2008 – Nous y voilà donc : la présentation au public de la première hydrolienne française, Sabella D03 fabriqué par Hydohelix, se fera demain 28 mars à Bénodet. Sabella D03 est un prototype de validation au tiers de l’échelle de ce que seront les futures machines industrielles. Son rotor de 3 mètres de diamètre permettra de développer une puissance de 10 à 40 kW (en fonction de la vélocité des courants rencontrés sur différents sites). Celui des futures machines mesurera de 10 à 15 mètres de diamètre pour une puissance de 200 à 1000 kW selon le site d’implantation. Sabella D03 repose sur des choix techniques simplifiés pour limiter les besoins de maintenance. C’est pourquoi le rotor ne dispose d’aucun mécanisme de réglage. Il est complètement symétrique. Quand la marée monte, le rotor est entraîné en rotation ; lorsqu’elle descend il tourne en sens inverse en exploitant aussi efficacement les courants en profondeur. En production, la vitesse de rotation maximale sur le prototype atteindra 50 tours par minute, alors que les grandes machines tourneront 3 fois plus lentement, à environ 15 tours par minutes, évitant ainsi tout risque de cavitation, généralement responsable de la destruction des hélices. La structure support a été conçue pour prendre en compte les contraintes futures d’installation sans qu’il soit besoin d’avoir recours à des plongeurs. Elle permet également d’assurer une stabilisation gravitaire de l’hydrolienne, ce qui est un gage de réversibilité des sites après démantèlement du matériel. Dans le courant du mois d’avril, Sabella D03 sera immergée dans l’embouchure de l’Odet à Bénodet, sur un fond de cailloutis, à une profondeur de 19 mètres aux plus grandes basses mers, au sud de la balise du Coq. Sur ce site, le courant peut atteindre une vitesse de 4 noeuds aux plus forts coefficients de marée. Le choix de ce site est le résultat d’ études qui ont démontré que le fond sous-marin y était stable, que le courant y était suffisant pour tester le potentiel de production énergétique, que le site est protégé contre la houle, qu’il n’y a pas de conflits d’usages sur le site à savoir que la profondeur est suffisante pour éviter toute gène à la navigation, et que la zone est une zone interdite à la pêche. La partie la plus élevée de l’hydrolienne est située à 15 me au-dessous de la surface des eaux au moment des plus basses mers. Avec son tirant d’eau de 10 mètres, le Queen Mary 2 pourrait alors passer sans encombre ! L’instrumentation embarquée qui caractérise le prototype DO3 va permettre de mener à bien un batterie très complète de tests. Ils permettront notamment de suivre la production de la machine en fonction de la vitesse du courant, de collecter les paramètres de fonctionnement et de détecter un éventuel impact environnemental. Une caméra sous marine permettra d’observer ponctuellement le comportement des poissons. Des mesures acoustiques seront réalisées avec la participation de l’IFREMER pour s’assurer que les fréquences et le niveau de bruit généré n’induiront aucune gêne sur la faune. Des éprouvettes permettront de qualifier le procédé adéquat pour s’affranchir du développement du bio film et des concrétions marines sur de longues périodes, et ce, sans incidence environnementale. Cette attention à la préservation de son environnement est bien le moins que Sabella DO3 lui doive, puisque cette hydrolienne porte le nom d’un vers marin tubicole de la famille des annélidés, qui se nourrit du phytoplancton en suspension, en déployant un voile de radioles dont l’allure générale n’est pas sans rappeler celle des hélices de l’hydrolienne. La forme du rotor a été étudiée pour ne pas présenter de danger. Aucune pièce mobile n’a de vitesse supérieure à 2 ou 3 fois celle du courant. Les pales ont volontairement des bords arrondis non coupants. L’hélice est ceinturée par un anneau lisse éliminant les arêtes de bout de pales. Le champ de pression sur le rotor induit des survitesses du fluide à la périphérie du rotor, comme le font une pile de pont ou un rocher immergé. Un poisson s’approchant du rotor se trouvera rejeté à l’extérieur de celui ci, comme lorsqu’il s’approche d’un rocher dans le courant. Le fabriquant assure d’autre part avoir pris toutes les dispositions – que ces tests de validation devront confirmer – pour qu’il n’y ait aucun risque de fuite électrique à proximité de l’hydrolienne.
Article : Francis Rousseau
La deuxième partie de cet article concernant Sabella D03 sera publié demain, jour du baptême, dans notre édition du week-end et détaillera l’enjeu de ce projet de même que son planning d’exploitation et l’identité des partenaires industriels et publics impliqués.
Source et photos : Hydrohelix


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