France – 28/06/2025 – energiesdelamer.eu.
« L’éolien flottant ? Oui, certes. Mais pas si vite ! ». Telle est, en quelque sorte, la teneur des propos d’Emmanuel Rollin, directeur général d’Iberdrola France, à l’occasion du premier anniversaire de la mise en service du parc éolien (ancré) de Saint-Brieuc et ses 62 turbines Siemens-Gamesa de 8 MW chacune, vendredi 27 juin. Sur ce site, tout est conforme aux attentes au bout d’un an d’activités.
Pour lui, en effet, la France a tendance à se précipiter un peu trop en matière d’éolien flottant.
« Nous croyons à l’avenir de cette technologie, précise Emmanuel Rollin. Mais à un horizon bien plus lointain que ce qu’on envisage en France. Pour l’heure, les choses ne sont pas assez mûres. Nous sommes encore en phase de consolidation. Cela nous paraît risqué…»
Et de souligner qu’il existe aujourd’hui environ 80 solutions techniques différentes pour le flottant à travers le monde.
Selon lui, il faudrait plutôt viser un démarrage effectif des premières fermes flottantes vers 2034 ou 2035, après un choix des lauréats qui interviendrait seulement « après 2030.
Les trois projets lauréats français de parcs éoliens flottants pour les fermes pilotes (Provence Grand Large, Eoliennes flottantes de Golfe du Lion et Eolmed) ont été attribués « avec des tarifs qui se sont avérés assez bas » – c’était avant le COVID et en tant que démonstrateurs pour mettre en place une filière.
Pour le premier appel d’offres commercial AO5 attribué à Pennavel pour Bretagne Sud, puis pour AO6 Méditerranée (décembre 2024) à Eflo et Méditerranée Grand Large, il est permis d’avoir des doutes sur leur viabilité, estime le dirigeant.
« Le flottant soulève en outre de nombreux problèmes, qui sont loin d’être résolus, souligne de son côté Stéphane-Alain Riou, directeur éolien offshore d’Iberdrola France. Par exemple, ses ancrages très longs qui oscillent au gré des courants impactent très fortement la biodiversité marine. Alors qu’avec le posé, on peut maîtriser l’impact sur l’environnement et sur la pêche – comme nous le prouvons avec le parc de Saint-Brieuc. Sans compter que, lorsqu’on s’éloigne des côtes, il devient indispensable d’utiliser des sous-stations électriques flottantes. Ce qui génère de nouvelles difficultés techniques »…
Autant de raisons qui expliquent qu’Iberdrola n’a pas souhaité se porter candidat aux appels d’offres français pour le flottant.
Aujourd’hui, le groupe exploite cinq parcs éoliens, tous posés (2 au Royaume-Uni, 2 en Allemagne et un aux Etats-Unis). Cinq autres sont en construction : un en Allemagne, un autre en Grande-Bretagne et 3 aux Etats-Unis.
Iberdrola ne délaisse cependant pas totalement l’éolien flottant : associée à Shell, l’entreprise s’est ainsi vu confier le développement de 2 ambitieux projets de parcs flottants (5 GW en tout) dans le cadre de l’énorme appel d’offres ScotWind, en Ecosse. Et le service d’ingénierie d’Iberdrola en Espagne travaille aussi sur le flottant…
J.-C. L.
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