France – 09/12/2025 – energiesdelamer.eu.

 

Le gestionnaire du réseau électrique a présenté ses perspectives pour le prochain hiver et ses prévisions pour les dix prochaines années. Au total, un diagnostic plutôt positif.

Les montagnes russes. Telle est donc la trajectoire que dessine RTE, le gestionnaire du réseau d’électricité, pour le système électrique français et son équilibre entre consommation et production. Un scénario qui va à l’encontre des propos péremptoires de certains responsables politiques et commentateurs. Un scénario selon lequel, en définitive, le paysage électrique français ne se présente pas si mal.

Montagnes russes, donc. Durant la période 2021-2023, l’approvisionnement électrique du pays (notamment durant la période hivernale) a suscité de fortes inquiétudes. En cause, une accumulation de facteurs négatifs : corrosion sous contrainte de nombreux réacteurs nucléaires, forte baisse de la production hydraulique (en 2022, elle a été la plus faible depuis 1976), chute des livraisons de gaz russe pour cause de guerre en Ukraine, le tout entraînant les prix élevés.

Puis est venue, plus récemment, une phase de relative abondance et même de surcapacités. Les raisons ? Stagnation de l’économie, poursuite de la désindustrialisation, retour à meilleure fortune du parc nucléaire, montée en puissance des renouvelables, décarbonation…

Et voici qu’aujourd’hui, RTE adapte de nouveau sa copie. Sur le court terme (un à deux ans), le gestionnaire du réseau table en effet sur un léger excédent des capacités de production.  » Cette surcapacité transitoire n’a rien d’inédit  » rappelle Xavier Piechaczyk, le président du directoire.

Pas de risque prévisible pour cet hiver

Une situation qui n’est certes pas parfaite, mais qui offre tout de même des avantages. D’abord, il ne devrait pas y avoir de risque de coupure ou de pénurie pour cet hiver, même en cas de grand froid. Et même en cas d’arrêt inopiné d’une ou deux unités de production.

Mieux : la France a de bonnes chances d’afficher en 2025, pour la seconde année consécutive, un niveau record de ses exportations d’électricité. Or les secteurs qui affichent un excédent commercial de plusieurs milliards d’euros ne sont pas légion.

Cette situation est bonne aussi pour l’attractivité du pays et pour sa réindustrialisation. D’autant que les tarifs de gros de l’électricité sont désormais beaucoup plus bas en France – plusieurs dizaines d’euros d’écart par MWh – que chez ses voisins comme l’Allemagne ou l’Espagne.  » Nous disposons d’une électricité à la fois abondante, bas carbone et peu chère« , résume Thomas Veyrenc, directeur général économie, stratégie et finances de RTE.

Pour résorber peu à peu cette surcapacité, RTE préconise deux pistes :

-développer la consommation d’électricité, au détriment des énergies fossiles importées, notamment en accélérant la décarbonation.  » Il s’agit de profiter de la dynamique actuelle de notre système pour favoriser la réindustrialisation « , indique Xavier Piechaczyk.

-adopter une stratégie prudente de croissance pour les renouvelables, en particulier pour l’éolien terrestre et le solaire. En revanche, l’éolien marin, dont le fonctionnement s’apparente à celui du nucléaire, avec des investissements à très long terme et des infrastructures gigantesques, comme le remarquait Thomas Veyrin, serait moins affecté.

Mais de façon générale, le développement de capacités de production  » à tout prix  » serait remis en question.

A noter que le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Espagne affichent des trajectoires de hausse de leur consommation électrique beaucoup plus fortes que la France, et déploient davantage de capacités d’énergies renouvelables.

Améliorer le système électrique

A plus long terme, RTE plaide pour la poursuite des efforts d’amélioration du système électrique national (notamment des réseaux) et pour un effort accru de modulation des renouvelables. L’objectif étant d’éviter un suréquipement pérenne, forcément dispendieux.

Cet effort de modulation devrait d’ailleurs concerner aussi l’ensemble du système : le parc nucléaire, l’hydroélectrique, le thermique, le stockage… Ces  » réglages  » ne devraient cependant pas mettre en péril des filières industrielles, à l’heure où  » elles sont en train de rapatrier une part de leur production  » et seront précieuses pour la suite.

Quels enseignements tirer de ces nouvelles perspectives présentées par RTE ?

D’abord, que la prévision reste un exercice difficile – surtout, comme dirait l’autre, quand elle concerne l’avenir. En matière de système électrique, la vérité d’aujourd’hui diffère de celle d’hier, et n’est pas celle de demain…

Ensuite, que le système électrique français ne fonctionne pas en autarcie. Il est étroitement lié aux évolutions des autres systèmes européens, avec des échanges permanents, dans les deux sens (import et export). Il est donc tributaire des décisions qui seront prises par ces pays. Tout changement significatif peut influer sur le système hexagonal.

Enfin, que la trajectoire qui se dessine, mois après mois, pour le futur de notre mix électrique n’est pas une ligne droite clairement identifiée. Pour s’ajuster aux fluctuations de la demande comme à celles de la production, le système électrique nécessite d’être piloté finement. En temps réel comme sur le long terme.

Jean-Claude Lewandowski

Datacenters et autres projets industriels : quelles priorités ?

C’est un point qu’ont souligné les responsables de RTE : les projets industriels gourmands en électricité – notamment pour les datacenters – se multiplient. Additionnés, ils représentent à l’heure actuelle une capacité de de production de quelque 30 GWh. Reste à savoir si ces projets vont se concrétiser, et à quel rythme…

Cet afflux de demandes nécessite donc lui aussi un pilotage précis. Pas question, par exemple, d’immobiliser des dizaines de MW/h de production électrique pour un projet qui est encore dans les limbes, avec un financement incertain.  » Il faut distinguer entre les projets simplement annoncés et ceux qui sont vraiment engagés « , explique Thomas Veyrenc.

Aussi RTE préconise-t-il de mettre en place un dispositif qui permette aux projets les plus avancés de  » passer avant  » les moins évolués. Même si leur inscription dans la file d’attente est plus tardive.

 

Photo JCL : Xavier Piechaczyk, président du directoire (à dr.) et Thomas Veyrenc, DG économie, stratégie et finances, durant la présentation de RTE.

POINTS DE REPÈRE

 

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