Frédéric Grizaud, directeur de la Business Unit sous-station chez Chantiers Atlantique lance un appel aux parlementaires

France – 01/12/2025 – energiesdelamer.eu.

Sur son linkedin, Frédéric Grizaud a publié un graphique extrait du rapport de la Cour des Comptes sur la maintenance du parc nucléaire français qui démontre de façon évidente le besoin urgent d’une programmation énergétique de long terme.

« Il montre de façon incontestable que – même si la consommation d’électricité n’augmentait pas – nous avons besoin de nouvelles sources d’électricité au moins à partir de 2040. Il repose sur deux hypothèses fortes :

• la capacité à prolonger tous nos réacteurs nucléaires à 60 ans (le rapport cite des sources fiables qui en doutent)
• la capacité à tenir le calendrier de construction des EPR2 (questionnée par ailleurs – CdC 01/25).

Chaque année à partir de 2039 nous allons perdre 35 TWh de production environ, avec un point bas en 2048 ou il va nous manquer 200 TWh/an par rapport à aujourd’hui. C’est un fait, pas une opinion. (et tout citoyen peut refaire ce graphique sur la base de données publiques!).

L’énergie, c’est un sujet de temps long pour la mise en service de capacités importantes : 12 ans jusqu’au prochain EPR, plus 7 ans pour les cinq suivants. Pour le premier parc éolien offshore de l’AO10, c’est 8 à 10 ans, plus 6 ans pour les suivants.

Sans possibilité réaliste et industrielle de tripler le rythme de construction des EPR2, il faut donc prévoir dès maintenant plusieurs dizaines de TWh d’autres énergies.
Les parcs éoliens en mer de l’AO10 seront mis en service entre 2034 et 2040, à condition qu’ils soient attribués en 2026. A raison d’environ 4 TWh annuel par GW en service, les 10 GW tous installés en 2040 produiront 40 TWh/an. Une toute petite partie de ce qui va nous manquer ! La baisse de production d’une seule année du graphique ci-dessus !

Le choix sans regret dans une PPE3 est donc de lancer absolument en 2026 la construction des EPR2 et les parcs éoliens en mer de l’AO10. Leur production arrivera au moment opportun, dans tous les scénarios. Un complément avec de l’hydrolien serait même bienvenu.

Par ailleurs, il ne faut pas oublier la croissance de la demande. L’électrification des usages, inéluctable bien que trop lente, appellera d’ici là une augmentation de la demande. Le solaire+batteries, l’éolien terrestre et le stockage, dont les délais de mise en service sont plus courts, viendront compléter l’offre entre maintenant et 2035.

Car il ne faut pas oublier que le premier facteur d’augmentation du prix de l’électricité, c’est le manque d’électricité ! Anticiper le besoin, qui plus est avec des CfD, est le meilleur moyen de garantir des prix de l’électricité maîtrisés.
Bien entendu, je suis un acteur des énergies marines renouvelables, mais je suis avant tout un citoyen qui réfléchit à notre politique énergétique, et ne comprend pas que ce qui est exposé ici ne fasse pas consensus.

Mesdames, messieurs les parlementaires, saisissez-vous des faits, refaites ces calculs simples, et la PPE3 vous semblera aussi urgente qu’évidente !

L’occasion de visionner la table ronde dans le cadre des Océanes Atlantique.
Le poste en mer, cet inconnu sur la route des câbles  »  le SDDR de RTE : le Chantier du siècle : comment s’y préparer ? avec
Gro Waeraas de Saint Martin de Saint-Martin, directrice Stratégie & Développement Réseaux Offshore – RTE Réseau de Transport d’Electricité
Edouard Lenhardt, chef de projet dans le domaine de l’énergie éolienne offshore – RTE
Tim Schyvens (en duplex) : Program Manager Princess Elisabeth Energy Island – Elia
– Frédéric Grizaud, directeur de la BU Energies Marines – Chantiers de l’Atlantique
Laurent Guillaumin, directeur du développement – NexansLe 7 octobre s’est tenue l’étape mer du Débat public organisé par la CNDP « Branché sur demain : le réseau électrique en débat » et présidé par Francis Beaucire