France – 18/06/2025 – energiesdelamer.eu.
Spécial Seanergy – Curieuse ambiance dans les travées du salon, qui s’est ouvert mardi 17 juin à la porte de Versailles, à Paris.
Certes, l’enthousiasme est toujours là, les projets continuent de fleurir, les partenariats industriels se multiplient. Certes, beaucoup de chemin a été parcouru : la France compte aujourd’hui trois parcs éoliens offshore en activité, le nombre d’emplois dans les énergies marines renouvelables s’élève désormais à 8254 ETP précisément, le chiffre d’affaires de la filière atteint 4 milliards d’euros. Et les perspectives de croissance sont impressionnantes. Dès cette année, un nouveau parc éolien, celui d’Yeu-Noirmoutier, devrait entrer en service, tout comme deux fermes pilotes d’éolien flottant, celles d’Éoliennes flottantes du Golfe du Lion (EFGL) d’Ocean Winds et Banque des territoires et Eolmed de Qair, en Région Occitanie. Elles rejoindront ainsi celles de Provence Grand Large d’EDF power solutions (Région Sud) qui injectent de l’énergie dans le réseau depuis une dizaine de jours, ainsi que le démonstrateur BW Ideol dans le site d’essais géré par la Fondation Open-C. Et plusieurs autres projets devraient aboutir dès l’an prochain.
Mais dans le même temps, une autre petite musique se fait entendre. En réalité, toute la filière des EMR est dans l’expectative.
La plupart des acteurs s’interrogent en effet sur les prochaines décisions des pouvoirs publics. Ils voient le poindre le risque d’un sérieux coup de frein sur la filière. Pour de multiples raisons : difficultés budgétaires, bien sûr, mais aussi manque de maîtrise des sujets industriels, méconnaissance des sujets scientifiques et techniques, petits calculs politiciens, lourdeurs et lenteurs administratives, inflation des normes et règlements…
Un mot revient régulièrement dans leurs propos : visibilité. Tous ont besoin, en effet, pour investir et continuer d’avancer, d’une vision claire sur le cap qui sera suivi dans les prochains mois et les prochaines années.
Les propos des responsables du Syndicat des énergies renouvelables (SER) reflètent assez bien ce climat d’incertitude et d’attente.
En voici quelques extraits, recueillis lors de la conférence de presse du SER à l’ouverture de Seanergy.
Nathalie Mercier-Perrin, présidente exécutive du Cluster maritime français : « L’énergie sera au coeur des prochaines échéances électorales »
« Avec l’entrée en service, en 2024, de deux nouveaux parcs éoliens en mer, la filière des EMR franchit une étape clé : la moitié des projets attribués lors de deux premiers appels d’offres pour l’éolien posé est désormais opérationnelle. C’est une réussite industrielle qui témoigne de l’excellence française.
L’essor des EMR fait partie des enjeux économiques et industriels majeurs pour la France, de sa souveraineté énergétique.
Les questions liées à l’énergie et à l’environnement seront au coeur des prochaines échéances électorales – à commencer par les élections municipales, en 2026, puis la présidentielle… »
Jules Nyssen, président du SER : « On risque d’arrêter une dynamique »
« Jusqu’à présent, il n’y a eu aucune ambiguïté du côté des pouvoirs publics sur la poursuite de l’effort en faveur des énergies marines renouvelables. La ligne était claire. Mais voici qu’aujourd’hui, un petit doute apparaît, à cause des atermoiements politiques. Nous courons le risque d’arrêter une dynamique, et de fragiliser l’ensemble d’une filière industrielle et économique. Il faut être prudent.
Nous avons noté avec intérêt la déclaration du Premier ministre, qui assure que la PPE3 sera signée avant la fin de l’été. Cela nous paraît raisonnable. Nous avons besoin que cette nouvelle PPE soit enfin publiée – en particulier pour l’hydrolien, qui est remise en cause dans le cadre des discussions de la loi Gremillet au Parlement. C’est la responsabilité de l’exécutif de maintenir cette programmation.
Nous avons besoin d’une volonté politique forte. Utilisons les nouveaux règlements européens pour protéger notre industrie locale. Soyons ambitieux en matière de volumes, afin de renforcer votre compétitivité.
Le monde est en plein bouleversement. Plutôt que de nous précipiter à Washington, mieux vaut miser sur le développement de notre marché intérieur. Profitons-en pour attirer des ingénieurs, des chercheurs et des industriels. C’est une opportunité majeure qui s’offre à nous. »
Pierre Peysson, Directeur France Eolien en Mer chez RWE Président de la Commission Éolien en Mer au SER : « Une opportunité pour réindustrialiser le pays »
« Avec seulement 3GW d’éolien marin en service, nous avons déjà plus de 8.200 emplois ETP. Et le plus gros est à venir…
L’éolien marin est une énergie abondante, qui représentera 30 % de l’électricité consommée en 2030, pour seulement 2 % de l’espace occupé. C’est une énergie compétitive, qui coûte moins de 100 euros le MWheure. Elle ne dépend pas d’un carburant venu de l’extérieur. Il serait aberrant de mettre le pied sur le frein. L’éolien offshore constitue une énorme opportunité pour réindustrialiser le pays. Le chiffre d’affaires du secteur est en hausse.
La France occupe une place croissante dans une filière industrielle majeure, celle des EMR. Une filière qui maintient de l’emploi, qui répond à une demande du public et qui exporte.
Le chiffre d’affaires des EMR connaît aujourd’hui un certain tassement. Nous payons aujourd’hui la période d’indécision et d’arrêt d’il y a 10 ans.
Cela fait maintenant 4 ans que la PPE3 est en débat. Il est temps maintenant d’aboutir et de décider. Arrêtons de procrastiner, passons à l’action. Nous avons besoin de visibilité pour investir.
A l’horizon 2050, le flottant devrait représenter les deux tiers des capacités d’éolien en mer installées en France. »
Marc Hirt, Directeur d’OCEAN WINDS France, président de la Commission offshore de France renouvelables : « Lancer l’AO10 dès cette année »
« Notre filière compte dans notre pays quelques fleurons industriels, comme les Chantiers de l’Atlantique, Siemens Gamesa ou Technip Energies, ainsi qu’un important tissu de PME répandues sur tout le territoire. Nous avons franchi une première marche, avec plus de 8.200 emplois.
Pour maintenir le cap, nous pouvons utiliser trois leviers : miser sur l’export avec nos grands champions, mais aussi avec nos PME ; faire davantage appel aux ressources locales (PME, installations portuaires…) dans les phases d’opération et de maintenance ; et enfin, lancer de nouveaux appels d’offres – à commencer, dès cette année, par l’AO10. Cela permettra aux industriels de s’organiser.
Évitons de soumettre la question des énergies marines renouvelables aux aléas de la politique politicienne ! »

Répartition des emplois EMR dans les régions. (Source : SER)
Marc Lafosse, président d’Energie de la Lune, président de la Commission EMR : « L’hydrolien, une opportunité majeure »
« Si l’hydrolien n’entre pas dans la PPE 3, nous passerons à côté d’une opportunité majeure pour notre pays. Il ne serait pas raisonnable qu’un potentiel de 5 GW ne soit pas exploité. Toute une filière est aujourd’hui dans les starting-blocks. Elle n’attend qu’un signal clair.
A ce jour, aucun pays au monde n’a installé deux fermes pilotes, comme nous sommes en train de le faire. Donnons une suite à cette avancée. L’hydrolien ne doit pas être exclu de la PPE. Avec les sous-stations, les installations de câblage ou les opérations de maintenance, les retombées de l’hydrolien se feront ssentir sur tout le littoral.
Une certaine inquiétude commence à apparaître, parce que nous n’avons pas de visibilité sur l’avenir. »
Philippe Thieffry, France Offshore Renewables – Région Bretagne : « Nous avons besoin de visibilité »
« Environ 500 PME sont représentées au sein de France Offshore Renewables. Certaines régions qui ne comptent pas de grand groupe sur leur territoire affichent pourtant un nombre d’emplois significatif dans le secteur des EMR.
Nous travaillons sur de gros projets, dont le coût atteint parfois le milliard d’euros. Mais nos PME et nos ETI ont du mal à se positionner sur ces projets, à côté des grands groupes. Notre mission est de les y aider, et de les aider aussi à exporter.
Pour travailler et investir, nous avons besoin de visibilité et de conditions favorables. De nouveaux outils pourraient être mis en place, au niveau de l’Etat français comme au niveau européen, pour aider nos petites entreprises. Il serait possible, par exemple, d’imposer un taux de retour à des PME dans les projets. Ou d’apporter une aide au développement des compétences des PME. »
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