France – 12/12/2022 – energiesdelamer.eu. Rediffusion le 27/12/2022 – Sophie Panonacle a un parcours professionnel qui n’était pas censé la mener sur les bancs de l’Assemblée Nationale. Elle s’est éveillée à la protection de l’environnement en organisant un salon à Bordeaux, en 2000, où elle a recréé la dune du Pilat. Puis elle a saisi la vague « En Marche », décroché son élection de députée de la 8e circonscription de la Gironde, en juin 2017. Elle s’est vite aguerrie à l’exercice.

Pour son deuxième mandat (groupe Renaissance), elle a toujours à cœur de sensibiliser le parlement aux enjeux maritimes, à l’économie bleue et au développement des énergies renouvelables. Cette fois, en responsabilité d’un Conseil National de la Mer et du Littoral renforcé et à la mise en œuvre de la stratégie nationale n°2.

 Entretien exclusif, quelques jours après sa nomination qui date du 5 décembre dernier.

Quel est votre parcours ?

Sophie Panonacle : « J’ai un parcours très simple. Je n’ai pas fait de longues études universitaires. J’ai commencé par un DEUG de droit, puis un BTS d’assistante de direction en alternance. Ce BTS était spécialisé en Vins et Spiritueux, et j’aurais pu continuer en oenologie. Mais j’avais besoin de travailler, mes parents ne pouvaient pas financer de longues études.

J’ai alors effectué une année de professionnalisation en management commercial, puis j’ai intégré une agence de communication publique à Bordeaux. J’ai pris en charge la partie événementielle et lancé, en juin 2000, le 1er salon de l’environnement à Bordeaux. Sur la place des Quinconces, nous avions recréé la dune du Pilat, la forêt des Landes avec le lac d’Hourtin. C’est un moment très important dans notre parcours professionnel avec mon époux. Pour la seconde édition, nous avions accueilli Jacques Chirac qui disait déjà « La maison brûle et nous regardons ailleurs ». C’est ce que nous avons vu avec effroi cet été sur la dune du Pilat qui s’est formée il y a 4 000 ans et qui est fragilisée.

Comment êtes-vous entrée en politique ?

En 2017, lorsqu’Emmanuel Macron a lancé un appel fort aux femmes, juste après son élection. Il nous a incitées à demander l’investiture aux législatives. Il souhaitait autant que possible respecter la parité. Je suis attachée aux droits des femmes, à l’égalité femmes-hommes, j’ai donc décidé de candidater. J’ai été investie sur le bassin d’Arcachon et élue quelques semaines plus tard, le 18 juin 2017. Voilà comment je me suis retrouvée députée à l’Assemblée Nationale !

Lors de votre premier mandat de députée, vous aviez créé un groupe de travail,  la Team Maritime. Etait-ce une volonté de former et de sensibiliser les députés à l’économie bleue ?

Absolument ! Mon premier travail de parlementaire était rapporteure de l’évaluation de la loi Économie Bleue. Lorsque j’ai achevé ma mission, j’ai ressenti une vraie attente des élus du littoral et j’ai continué à les accompagner, à les aider. C’est ainsi que la Team Maritime est née sous la forme d’un groupe de travail. Nous sommes parvenus à maritimiser l’Assemblée Nationale ! En juin dernier, j’ai donc demandé la création d’un nouveau groupe d’études : mer et littoral. Je souhaite associer les deux termes car le littoral fait le lien terre-mer.

Vous aviez un projet de loi sur le littoral qui n’a pu être présenté lors de la précédente mandature. Que prévoyait-il ? Comptez-vous poursuivre ce cap ?

Il s’agissait de proposer des outils permettant aux collectivités locales des zones côtières de lutter contre le phénomène de l’érosion. Ces outils avaient été repris par la ministre Barbara Pompili dans le cadre de la loi Climat et Résilience. Cependant, toute la partie du financement n’avait pas été retenue. Or il est nécessaire de légiférer aussi sur la création d’un fonds érosion côtière. Aucune collectivité n’est en capacité de financer par elle-même l’adaptation de son territoire. J’avais déposé une proposition de loi dans ce sens en fin de mandature. Je vais relancer le processus. Chaque commune soumise à l’érosion côtière devrait pouvoir soumettre son projet d’adaptation au ministère de tutelle. L’État financerait tout ou partie. C’est important que les collectivités locales soient accompagnées au-delà des outils. Les fonds sont là, ils peuvent être réévalués chaque année. Mais cela s’inscrit aussi dans la solidarité nationale, au même titre que les catastrophes naturelles. Une majorité de Français, au-delà de la population côtière, profite de nos littoraux aujourd’hui.

L’autonomie énergétique est un autre enjeu à caractère d’urgence et la France est en retard sur le développement des énergies renouvelables. Quelles solutions énergétiques vous semblent les plus prometteuses à présent ?

Je plaide pour un mix énergétique. Quand le Président de la République dit que nous avons encore besoin du nucléaire, je le suis. Nous avons également besoin de l’éolien, de l’éolien en mer – posé aujourd’hui, flottant demain – et il faut soutenir ces projets. Le partage de l’espace est important et il faut respecter tous les usages. Nos pêcheurs sont en grande difficulté, il faut continuer à les aider mais pas au détriment du développement de l’éolien en mer. J’en suis persuadée. Nous avons d’autres sources d’énergies renouvelables qu’il faut continuer à développer. Le photovoltaïque, par exemple, mais sans faire n’importe quoi. Il n’est pas question de raser des forêts pour en installer, c’est un non-sens. On peut en installer en ville, sur des surfaces commerciales ou sur des toits. Nous avons voté en ce sens et apporté des assouplissements législatifs. Pour l’installation sur des friches industrielles, c’est en cours. Il y a beaucoup à faire pour bien développer les énergies renouvelables, qu’elles soient terrestres ou marines. Et il faut vraiment s’en donner les moyens !

 

Vers un parlement national de la mer ?

 

Vous venez d’être réélue présidente du bureau du Conseil national de la mer et du littoral (CNML). Dans la précédente mandature, vous souhaitiez une plus grande reconnaissance du travail de cette instance. Vous aviez également pointé du doigt le manque de moyens humains et une trop faible représentativité des régions. Est-ce un nouveau départ pour cette instance ?

Je crois sincèrement que nous repartons sur de nouvelles bases. La volonté de redynamiser cette instance a été clairement exprimée par Hervé Berville, secrétaire d’État à la Mer.

J’étais candidate à cette réélection avec le soutien de l’Association nationale des élus du territoire (ANEL) et je la reçois comme un gage de confiance. A mes côtés, le bureau agit sur le même principe qu’une commission permanente.

Pierre Maupoint de Vandeul, élu vice-président, saura apporter une dimension sociale à nos travaux grâce à son profil d’officier de Marine marchande et de président du syndicat CFE-CGC Marine.

Comment qualifier cette instance ?

J’aime bien l’idée d’une évolution du CNML vers un véritable « parlement national de la mer ».  Notre mission première c’est la mise en œuvre de la stratégie nationale pour la mer et le littoral (SNML), son suivi et son évaluation. Nous serons en lien avec les quatre grandes façades maritimes (Manche Est-Mer du Nord, Nord Atlantique-Manche Ouest, Sud Atlantique, Méditerranée). Plusieurs régions ont déjà fait le choix de créer leur parlement pour travailler sur les sujets de la mer et du littoral.

Le CNML continuera à être obligatoirement consulté sur les décrets relatifs à la gestion du domaine public maritime, ainsi que sur les priorités d’intervention de l’État. Nous avons également un rôle de proposition auprès du gouvernement.

Le CNML va-t-il contribuer à écrire la révision de Stratégie nationale de la mer et du littoral ? Son ancrage territorial est-il plus fort ?

Oui, plus que jamais il a cette vocation. Le ministre a fixé, lors de la plénière, la feuille de route et l’agenda. Hervé Berville a fixé le cap de mi-2023 pour adopter une stratégie nationale autour de trois priorités : les énergies marines renouvelables, la protection de la biodiversité marine et le développement de l’économie maritime.

Au CNML, nous serons effectivement mobilisés dès le début 2023 pour la construction de la Stratégie nationale pour la mer et le littoral n°2. Les comités de façades vont plancher également.

Aurez-vous une autonomie qui vous permette d’influencer réellement le Gouvernement ?

Je veux le croire, sinon à quoi servirions-nous ? Nous devrons tenir compte des spécificités de chaque zone maritime qu’elles feront remonter par leurs documents stratégiques de façades. Nous devrons les intégrer dans une démarche de planification maritime. C’est, à mon avis, la bonne méthode pour avancer, notamment, pour choisir la localisation des parcs éoliens en mer, en considérant les contraintes et usages propres à chaque zone.

Je préférerais que notre avis qui est encore consultatif aujourd’hui, évolue demain vers un avis conforme, dont on serait obligé de tenir compte. C’est une piste que je souhaite proposer à la Première ministre, Elisabeth Borne, la présidente du CNML.

Votre proposition de résolution invitant le gouvernement à défendre un moratoire sur l’exploitation minière des fonds marins est-elle toujours d’actualité ?.

 Cette proposition de résolution sera débattue dans l’hémicycle le 17 janvier prochain. Je soutiens ce texte dont je suis la première signataire pour le groupe parlementaire Renaissance. J’aurai l’occasion d’intervenir publiquement. Je rappellerai alors les engagements du Président de la République pour l’interdiction de l’exploitation des fonds marins.

Propos recueillis par Marguerite Castel

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Femmes dans le Vent

Sophie Panonacle, députée de la Gironde, est réélue présidente du bureau du CNML

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