Le parc éolien de Saint-Brieuc maintient son cap

Le parc éolien de Saint-Brieuc maintient son cap

France Espagne Pays Basque Espagnol – 07/10/2022 – energiesdelamer.eu. Partie 1 – Les premières fondations ont été posées, la sous-station électrique Saint-Brieuc est en place, le câblage est en cours et les contrats locaux se signent. La liste des fournisseurs installés sur le port de Brest s’allonge. Après Navantia Seanergies, c’est Haizea Breizh qui s’est installée. Les mâts seront qui supporteront les turbines Siemens Gamesa conçues au Havre pour le parc de Saint-Brieuc seront assemblés par SPIE Industrie & Tertiaire sur le Polder  … Le parc devrait entrer en service à la fin de l’an prochain. Il reste pourtant confronté à la fronde de divers opposants – en particulier des pêcheurs.

Hier, Loïg Chesnais-Girard, président de la Région Bretagne, accompagné par les vice-présidents Michaël Quernez Vice-président – Climat, mobilités et Daniel Cueff Vice-président – Mer et littoral, les députés du Finistère Didier Le Gac…

 

Siemens Gamesa

Un bateau « auto-élévateur » de 140 mètres de long perché au-dessus de la mer sur des « jambes » télescopiques d’environ 60 mètres de haut. Juste à côté, l’imposante sous-station électrique (55 mètres de long, 3.500 tonnes), qui vient d’être posée sur ses pieux, à l’aide d’une gigantesque grue. Et derrière, l’alignement des socles d’éoliennes… Pas de doute, la construction du parc éolien de la baie de Saint-Brieuc constitue un chantier hors norme, et une prouesse en termes d’ingénierie. 

Pour édifier les 62 éoliennes du parc, et d’abord leurs socles, Ailes Marines, la société en charge du chantier, filiale à 100 % de l’espagnol Iberdrola, le concessionnaire du parc, doit en effet relever des défis technologiques impressionnants. Notamment à cause de l’extrême complexité géologique des fonds marins, dont la dureté atteint, en certains points, « jusqu’à 20 fois celle du béton ». « Parfois, sur la même éolienne, d’un pied à l’autre, nous rencontrons des roches différentes », indique Raphaël Flint, ingénieur en chef transport et installation des fondations pour le futur parc. Autre source de difficultés, l’amplitude des marées (jusqu’à 26 mètres d’écart !). A quoi s’ajoutent encore les courants parfois très puissants dans la baie. « C’est le site le plus compliqué au monde ! », résument les responsables d’Ailes Marines. 

 

Mise en service prévue fin 2023 

Il n’empêche : le chantier, commencé au début de 2021, progresse à bon rythme. Cet été, jusqu’à 800 personnes travaillaient en même temps sur le site. Au 20 septembre, 24 fondations étaient achevées, sur un total de 62. Elles reposent sur des pieux de 2,5 mètres de diamètre creusés au fond de l’eau, jusqu’à une profondeur variant entre 18 à 50 mètres, et sur lesquels viendront se ficher les pieds des pylônes, avant injection du béton. L’installation des éoliennes elles-mêmes, aujourd’hui en cours de fabrication au Havre, débutera  en avril prochain. Le tout sera relié par 22 km de tranchées entre les stations électriques. « Nous devrions être prêts pour faire entrer le parc en fonction à la fin de l’année 2023 », assure-t-on chez Ailes Marines. Le chantier, il est vrai, bénéficie de l’expérience accumulée sur les précédents parcs réalisés par Iberdrola, notamment en Belgique.

Bref, les délais seront à peu près tenus, avec toutefois un décalage de 2 ans par rapport au calendrier initial, qui prévoyait une mise en service en 2021. Mais il est vrai que le projet a été modifié en cours de route, le nombre d’éoliennes, par exemple, étant ramené de 100 à 62, tandis que leur puissance unitaire passait de 5 à 8 MégaWatts. Coût total : 2,4 milliards d’euros – dont 6 à 10 % devront être confiés à des PME locales.

 La progression du chantier se heurte cependant à l’opposition de certains acteurs, et notamment des pêcheurs de coquilles Saint-Jacques de la baie. Une fronde qui s’est manifestée assez tard – à partir du démarrage effectif des travaux, en 2021, avec l’arrivée sur site des bateaux. 

Face à cette contestation, Ailes marines avance plusieurs arguments. D’abord, plusieurs modifications ont été décidées pour réduire les nuisances liées au parc et à sa construction. Le parc a été décalé vers le Nord, et se trouve désormais à 16,5 km du Cap Fréhel. « C’est le parc français le plus éloigné des côtes, soulignent les responsables du chantier. Et il est en dehors de la zone principale de pêche des coquilles Saint-Jacques. »

Etudier et réduire l’impact environnemental  Autre changement important : l’implantation des pieux par battage, forcément très bruyante, a été abandonnée au profit de fondations de type « jacket » (trépied), plus complexes et donc plus onéreuses, mais beaucoup moins perturbantes pour le milieu – en particulier pour les mammifères marins. « Le bruit du chantier, que nous mesurons régulièrement à l’aide de bouées, ne dépasse pas celui d’un chantier de construction classique », affirme-t-on du côté d’Ailes Marines.

Mesurer le « stress » des coquilles Saint-Jacques

Enfin, la totalité des câbles a été enfouie, afin d’éviter le risque de « crochetage » par les filets des pêcheurs ou les ancres des bateaux. Soit un surcoût de l’ordre de 25 % par rapport à la simple pose au fond de la mer.

Ce n’est pas tout. « Depuis le début, nous avons choisi d’adopter une stratégie « ERC » : Eviter (les nuisances), Réduire, Compenser, exposent les responsables. Nous sommes le seul parc engagé dans cette démarche. » Le parc, par exemple, devra rembourser en 4 ans son empreinte carbone. Les pêcheurs seront indemnisés pour la durée du chantier.

En outre, de nombreuses études et observations sont menées pour prévenir et limiter tout risque environnemental. Des coquilles Saint-Jacques ont ainsi été équipées de valvomètres pour s’assurer qu’elles ne subissent pas de stress. Pour les fous de Bassan, des études ont été conduites par le CNRS sur leur comportement. Là encore, aucune différence notable n’a été relevée. D’autres études ont également porté sur les chauve-souris, des précautions particulières ont été prises pour certaines espèces d’oiseaux comme le Puffin des Baléares… Le personnel du chantier a également été sensibilisé aux questions environnementales.

40 millions d’euros pour l’environnement 

Cinq personnes sont ainsi employées à plein temps pour le suivi environnemental du chantier. A quoi s’ajoute l’intervention d’entreprises extérieures et d’experts de différents domaines. Au total, 40 millions d’euros seront consacrés au budget environnement : observation de l’état initial du parc, suivi, maintenance… « Nous avons pris de très nombreuses mesures pour étudier les nuisances potentielles et limiter l’impact environnemental du projet. Les premiers résultats montrent qu’aucun seuil n’est dépassé, que ce soit pour le bruit ou la turbidité », indique Marie Thabard, spécialiste de biologie marine et responsable de l’équipe environnement d’Ailes Marines. 

En dépit de ces précautions, l’opposition au chantier ne désarme pas. « Compte tenu de nos efforts, certaines critiques sont très dures à entendre, déplore Raphaël Flint. De nombreuses idées fausses tournent en boucle, notamment sur les réseaux sociaux – par exemple sur l’impact de l’éolien en mer. En réalité, ce projet est très vertueux, et il est nécessaire pour la Bretagne. Et les études d’impact que nous réalisons pourront être utilisées pour d’autres parcs. Nous contribuons ainsi au développement de l’industrie éolienne. » 

Crédits photographiques : © Christophe Beyssier / Ailes Marines et ©energiesdelamer.eu 06 octobre 2022 sur le polder de Brest

 

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