France Royaume-Uni – 10/06/2022 – energiesdelamer.eu. EuroSWAC, le projet européen de climatisation utilisant l’eau de mer, franchit peu à peu les obstacles. Ses différents aspects seront présentés la semaine prochaine à l’occasion du salon Seanergy au Havre, puis lors d’euromaritime sur l’espace Sea-Research à Marseille.

Un programme européen de trois ans

Prévu pour la période 2019-2023, EuroSWAC progresse au rythme prévu. Financé à hauteur de 2,3 millions d’euros par le Feder (Fonds européen de développement régional) via le programme Interreg, ce projet, rappelons-le, utilise le principe du SWAC (Sea Water Air Conditionning, ou climatisation utilisant l’eau de mer), qui a été testé depuis une quinzaine d’années sur plusieurs sites dans le monde – notamment en Polynésie.

EuroSWAC, qui dispose d’un budget total de 3,5 millions d’euros, réunit 11 partenaires – industriels, bureaux d’études et institutions académiques (dont l’ENSTA Bretagne). Trois des quatre phases prévues sont désormais engagées.

La première visait à valider l’intégration du système dans l’environnement marin, en s’appuyant sur les deux universités britanniques de Plymouth et d’Exeter.

Programme EuroSWAC-Essai_mai-juin-2022

Programme EuroSWAC-Essai_mai-juin-2022

Une autre étape, aujourd’hui en cours, consiste à optimiser le dispositif, avec deux solutions innovantes : d’abord un « pipe » flexible, mis au point à La Seyne-sur-Mer, sous l’égide de Doris Engineering, Doris Marine et au centre d’essais et de modélisation Oceanide. Il peut s’aplatir et s’enrouler comme un tuyau de pompier, ce qui facilite sa mise en oeuvre en eaux profondes. Ensuite, un système d’auto-ensouillage (auto-enfouissement) pour la partie rigide du conduit, à faible profondeur, grâce à un effet Venturi. Des essais sont en cours dans un lit de rivière de la région parisienne. Ces deux avancées devraient permettre une réduction significative du coût de la « tuyauterie » – de l’ordre de 15 %.

Troisième étape, qui devrait être menée à bien au second semestre de cette année : l’installation de deux sites tests, à taille réelle : l’un au sein des laboratoires de l’Université de Plymouth, à Brixham, et l’autre à la National Lobster Hatchery (écloserie de homards), où la réutilisation de l’eau chaude issue de l’installation contribuera à l’aquaculture.

Par ailleurs, une étude de faisabilité (technique, économique et législative) sera conduite par EuroSWAC aux Glénans, sur l’île d’Arz, à compter de cet automne.

Des perspectives de diffusion à grande échelle (inter)

Une fois ces trois premières phases validées, restera encore à valoriser l’ensemble du dispositif en vue d’une diffusion à grande échelle. Sur les zones littorales, de nombreux bâtiments à usage collectif (administrations, centres commerciaux, hôpitaux…) pourraient en effet utiliser le système du SWAC. EuroSWAC peut ainsi afficher de grandes ambitions – mais à un horizon encore assez lointain. Déjà, des formations sont prévues pour transmettre l’expertise acquise et encourager le développement de ces dispositifs.

Le système SWAC ne manque pas d’attraits. Il est en effet peu gourmand en électricité (l’essentiel de la consommation vient des pompes). Et son rendement énergétique est bien meilleur que les systèmes classiques de climatisation. « Pour les SWACs qui refroidissent les condenseurs de pompes à chaleur, on devrait pouvoir diviser par entre 2 et 5 la consommation électrique, estime Claire Perez, ingénieure chez Doris Engineering. Et pour les SWACs tropicaux, le gain obtenu est d’un facteur entre 5 et 10, selon les profils de consommation. »

Quant à l’impact sur le milieu marin, il se limite au rejet d’eau de mer « réchauffée » (entre 12 et 15°C). Encore ces effets négatifs peuvent-ils être diminués – par exemple en effectuant le rejet à une profondeur adaptée pour minimiser le différentiel de température, ou en dispersant les points de rejet.

« Il n’y a pas de verrou technologique, car chaque brique du système – les pompes, les échangeurs, la boucle froide, les tuyaux et les installations en mer – est parfaitement connue et maîtrisée », assure Claire Perez.

Il existe pourtant quelques bémols. Les divers aléas rencontrés sur les installations à Tahiti, notamment, ont quelque peu terni l’enthousiasme autour des SWACs.

Mais surtout, c’est leur rentabilité économique qui pose problème. Même si les perspectives de gain en énergie sont bien réels, l’équilibre du compte d’exploitation paraît difficile à atteindre. Mais l’obstacle ne paraît pas insurmontable, car le coût des différents composants – à commencer par les conduits – devrait baisser significativement. De plus, le SWAC est peut-être plus adapté aux faibles profondeurs de la Manche (l’eau froide y serait captée à quelques dizaines de mètres de la surface) qu’aux zones tropicales, où il est nécessaire de descendre à plusieurs centaines de mètres.

A cela s’ajoutent quelques interrogations sur la réglementation. Pour rejeter en mer (et à quelle profondeur ?) l’eau issue d’un SWAC, il sera nécessaire d’obtenir une autorisation – selon des modalités à préciser… A priori séduisant, l’avenir des SWACs paraît encore en France… entre deux eaux sur le plan juridique, mais tout peut évoluer.

Monaco a su maîtriser ces aspects administratifs et le retour d’expérience de la ville de La Seyne-sur-Mer et de la collectivité Métropole TPM (Toulon Provence Méditerranée) qui ont attribué en 2018 à Dalkia, la filiale d’EDF,  le réseau de thalassothermie de La Seyne-sur-Mer pour une durée de 20 ans peut largement le commenter.

POINTS DE REPÈRE

12/05/2022 – Le SWAC une technologie à nouveau en devenir ? Ils sont 11 partenaires à relancer la recherche et développement de la technologie SWAC…. avec l’appui notamment du Club Swac, Doris Engineering et Doris Marine, De Profundis, Océanide, NKE, EDF, National Lobster Hatchery,  l’Ensta Bretagne et les deux universités britanniques de Plymouth et d’Exeter.

Le Swac : une technologie à nouveau en devenir ?

L’effet Venturi

Cette vidéo présente la mise en évidence expérimentale de l’effet venturi (Giovanni Battista Venturi, physicien italien, 1746-1822) qui est un phénomène important de la dynamique des fluides où il y a formation d’une dépression dans une zone où les particules sont accélérées.


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