Monde – 17/12/2021 – energiesdelamer.eu. Un sondage EDF/IPSOS mené sur la perception par les opinions publiques du changement climatique révèle une mauvaise compréhension de ses causes, et globalement une mauvaise adéquation des solutions adoptées.

Selon la troisième édition du sondage réalisé par IPSO pour EDF  dans 30 pays et cinq continents publiée en décembre 2021, il ressort que l’environnement (41%) pointe en cinquième position des priorités des citoyens du monde entier, après le coût de la vie  – qui progresse de 5 points à 52% -, à égalité avec le Covid – qui, lui, régresse de 7 points – ; la pauvreté (47%) et le système de santé (43%).

Parmi les enjeux environnementaux majeurs, la question climatique s’impose peu à peu (+ 4 points), mais reste derrière la question des déchets, des emballages et du plastique, qui demeure l’inquiétude la plus partagée.

Une petite moitié de la population mondiale a conscience des menaces écologiques que représentent les déchets, le climat, les catastrophes et la pollution, toutes citées par 40 à 46% des personnes interrogées.

Plus d’environnement ou de croissance ?

Interrogées sur leur choix pour une société plutôt en faveur de l’environnement ou de la croissance, une courte majorité (50%) des personnes interrogées se prononcent en faveur de l’environnement, contre 35% en faveur de la croissance, 15% refusant de prendre position. Cette question divise selon les pays :  tous les pays d’Amérique du Sud, la Turquie et la Chine donnent la priorité à l’environnement sur la croissance. Un choix qui, dans tous les pays, concerne d’autant plus les citoyens qu’ils sont de milieu social et de niveau d’éducation élevés.

En revanche, le sondage tord le cou à une idée reçue selon laquelle les jeunes seraient plus pro-environnement ou décroissants que leurs aînés. Cela se révèle erroné à l’échelle mondiale, mais se vérifie en Europe.

C’est aussi en Europe que s’expriment les plus fortes oppositions entre économie et environnement. 29% des personnes interrogées craignent en effet que le verdissement de l’économie provoque des destructions d’emplois pour seulement 27% qui anticipent au contraire qu’il en crée. À l’échelle mondiale, cette proportion d’optimistes grimpe à 36% et à 40% aux États-Unis.

Plus d’inquiétude que de colère

Toutes générations confondues, près des trois quarts de la population mondiale (68% des hommes et 75% des femmes) sont inquiets. Y compris parmi les climato-sceptiques, qui le reconnaissent pour la moitié d’entre eux.

Certains sont aussi en colère. Contrairement à une idée répandue, à l’échelle mondiale, cela ne concerne pas plus les jeunes que leurs aînés : 33% des moins de 25 ans contre 30% des plus de 45 ans. La « génération en colère » se révèle néanmoins un peu plus en Europe et en Amérique du Nord.

Plus de climato-sceptiques qu’il y a deux ans

Les climato-sceptiques représentent 34% de la population, en progression de 3 points en deux ans. Les États-Unis sont revenus à leur niveau de 2019. En Australie et au Canada, pourtant marqués par une répétition d’événements extrêmes imputables au changement climatique, la prise de conscience ne progresse que lentement : + 5 points par rapport à 2019 au Canada, + 3 points en Australie, qui compte encore 42% de sceptiques.

De façon générale, on observe qu’on peut être témoin de catastrophes, voire considérer qu’il y a bien un changement profond du climat, tout en niant la responsabilité de l’homme. (Ndrl. à mettre au regard d’une étude Ipsos publiée en 2015 « Les Français face au changement climatique »)

Peu de différences à noter selon les générations : entre 65 et 68% des personnes interrogées sont convaincues de la réalité du changement climatique. En termes géographiques, les jeunes Européens et les jeunes d’Amérique du Sud sont les plus convaincus, à l’inverse de ceux du Moyen-Orient et d’Afrique, plus mal informés.

Plus de technologie pour moins de CO2 ?

L’idée que seul un changement de mode de vie permettra de lutter contre le changement climatique ne fait pas consensus : elle est partagée par un habitant de la planète sur deux (51%), en recul depuis deux ans (-2 points depuis 2019).

Outre cette courte majorité qui se dit prête à changer de modes de vie, 31% font le pari de l’innovation et 10% pensent qu’il n’y a plus rien faire.

Par ailleurs, pour 69% de la population mondiale, la question climatique reste avant tout l’affaire des gouvernements, ce qui confère un rôle important à la régulation. Et de ce point de vue, la majorité des citoyens pensent que leur pays fait au moins autant d’efforts que les autres pour lutter contre le changement climatique. C’est notamment le cas en Norvège (79%), en Allemagne (74%), en Chine (90%) ou en Suède (88%).

Quant aux citoyens, en matière de protection de l’environnement, ils pratiquent avant tout le tri des déchets (48%). Ils sont aussi 44% à préférer les fruits et légumes de saison. Des pratiques qui ne sont pas les plus efficaces en matière de lutte contre le changement climatique. En revanche, seul un tiers des répondants citent la limitation du chauffage ou de la climatisation, l’attention au suremballage des produits et le fait de privilégier les transports en commun. Quant à la pratique quotidienne du vélo, à l’exception de certains zones urbaines denses, elle stagne (17%) en France comme à l’échelle de la planète.

Plus d’information pour une meilleure compréhension

Globalement, les causes du changement climatique restent encore mal comprises. Dans l’étude de 2020, les émissions de CO2, n’étaient citées que par 62% des personnes interrogées. Quant aux principaux émetteurs de CO2, il s’agit en 2021 pour la majorité du public de l’industrie, des centrales fossiles, de la déforestation et des transports. Autrement dit, des facteurs sur lesquels les consommateurs n’ont pas de prise directe. Le poids de l’agriculture et du numérique sont pour leur part très minorés.

À propos du chauffage, ils ne sont que 21% à l’identifier comme un contributeur important au changement climatique. Néanmoins, 19% (+ 3 points par rapport à 2019) s’intéressent aux énergies de chauffage renouvelables, et une mesure telle que l’obligation faite aux propriétaires d’isoler leur logement est plébiscitée à 61%.

En matière d’énergie – sujet qui intéresse EDF en premier lieu – le sondage révèle que les interviewés se disent très favorables à la production d’électricité à partir d’énergies renouvelables. Le solaire est le plus populaire (90%), devant l’éolien (80%) et l’hydraulique (70%). Ils ne sont plus que 25% à apprécier le charbon, une proportion qui grimpe à 31% en Asie et 36% en Afrique et au Moyen-Orient. Le nucléaire et le gaz sont dans une situation intermédiaire, plébiscités par 39% des personnes interrogées, mais rejetées par respectivement 51% et 49% d’entre elles. Le nucléaire est le plus apprécié en Chine, Égypte, Inde, Suède, dans les pays du Golfe, en Russie…

Plus de résistance à la taxe carbone en Europe

En termes de transports, les mesures ciblant la voiture sont celles qui sont le plus mal acceptées. C’est  vrai dans le monde entier, mais plus encore en Europe et aux États-Unis, car 75% des Européens et 85% des Nord-Américains utilisent leur voiture au moins plusieurs fois par semaine, contre 62% des Asiatiques et 44% des Sud-Américains.

POINTS DE REPÈRE

3è étude IPSOS / EDF publiée le 16 décembre 2021. Auteurs et décryptage Brice Teinturier Directeur Général Délégué France, Ipsos avec Sarah Duhautois Directrice Adjointe Corporate Reputation et Hélène Latour Directrice conseil, Corporate Reputation ICI,

 

Ndrl. à mettre au regard d’une étude Ipsos publiée en 2015 « Les Français face au changement climatique »

En mai 2015, Ipsos / Sopra Steria a réalisé pour La Recherche, Le Monde et le Ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, une enquête sur le thème du réchauffement climatique.

Est-ce une réalité préoccupante pour les Français ? Quelles sont les conséquences qu’ils perçoivent le plus ? Celles qui les inquiètent le plus ? Est-ce un problème à traiter d’urgence selon eux ? Quelles sont les solutions qui leur paraissent les plus efficaces pour limiter les effets de ce changement climatique ? Quels sont les acteurs qui devraient selon eux se mobiliser en priorité ?

Ainsi, 84% des interviewés estimaient que la science et la technologie apportaient des solutions aux problèmes rencontrés en 2015 (+6 points depuis 2013 et +9 points depuis 2011).  (Etude réalisée du 29 avril au 4 mai 2015 par internet auprès d’un échantillon de 1 053 Français âgés de 15 ans et plus). Etienne Mercier Directeur Opinion et Santé – Public Affairs Vincent Dusseaux Directeur d’études, Ipsos Loyalty.

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