Australie – 02/12/2021 – energiesdelamer.eu. L’Australie va pouvoir exploiter le potentiel éolien au large de ses 16 000 miles de côtes. C’est un pas vers les énergies renouvelables alors que le gouvernement australien ne s’est pas engagé auprès de la quarantaine de pays, à réduire drastiquement sa production d’énergies fossiles en particulier le charbon.

Le projet de loi 2021 sur les infrastructures électriques offshore, qui établit un cadre réglementaire pour l’industrie dans les eaux du Commonwealth, a franchi la dernière étape jeudi 25 novembre 2021. Le même jour, de nouvelles émeutes ont secoué les Iles Salomon, amenant l’Australie à y déployer une force de maintien de la paix, sur fond de rivalité entre Taïwan et Pékin qui s’alarme pour ses intérêts dans l’archipel du Pacifique, notamment marins.

 

L’éolien en mer et le projet Star of the South

L’éolien en mer ajoutera une nouvelle arme à l’arsenal australien en matière d’énergies renouvelables, qui comprend le taux d’utilisation de l’énergie solaire en toiture le plus élevé au monde et des projets ambitieux d’exportation d’énergie verte vers les marchés asiatiques.

Le parc éolien offshore devrait être situé entre 7 et 25 km de la côte sud du Gippsland, près de villes de Port Albert, McLoughlins Beach et Woodside Beach dans l’État de Victoria. « S’il est développé à son plein potentiel, Star of the South générerait jusqu’à 2,2 GW de nouvelle capacité, alimentant environ 1,2 million de foyers de l’État. La construction devrait débuter dès 2025.

 

Un investissement de 10 milliards de dollars australiens

  « Ce projet de loi est une étape importante pour le démarrage d’une nouvelle industrie, la réalisation du potentiel éolien offshore de l’Australie et la création d’emplois et de bénéfices économiques », a déclaré Casper Frost Thorhauge, directeur général de Star of the South, dans un communiqué.

Les turbines seraient suffisamment espacées pour permettre aux bateaux de naviguer. Les promoteurs du projet reconnaissent le travail et le leadership du gouvernement australien dans l’avancement de ces réformes importantes et se félicite de la forte coopération et du soutien de tous les partis dans l’adoption réussie de la législation.

Ce cadre réglementaire clair envoie un signal positif au marché mondial de l’éolien offshore afin d’attirer des investissements continus et nouveaux dans ce secteur d’avenir, qui devrait créer des milliers d’emplois et stimuler les économies régionales.

L’éolien en mer représente une forte opportunité économique pour le gouvernement australien, les modélisations démontrant une estimation de 3 000 emplois directs et plus de 10 milliards de dollars de bénéfices économiques plus larges résultant de 2,2 GW d’éolien en mer dans le Gippsland – principalement dans l’Australie régionale.

 

Le charbon et l’Australie

Bien que pas suffisant, de nombreux pays ont annoncé lors de la Cop26 l’abandon progressif du charbon. En revanche l’Australie a déclaré qu’elle ne fermerait ni ses mines ni ses centrales fonctionnant avec ce combustible, expliquant notamment vouloir défendre les quelque 300 000 emplois que représente ce secteur.

Des annonces qui « font honte », en tant que Franco-Australien, déclare David Camroux, chercheur honoraire au Ceri de Sciences-Po. Car avec un niveau d’ensoleillement parmi les plus élevés de la planète, des espaces immenses et plus de 25 000 km de côtes, l’île-continent « pourrait être la championne du monde des énergies renouvelables », explique David Camroux à l’AFP.

Pour lui, les intérêts des grandes compagnies minières sont défendus par des lobbies très influents au sein de la coalition gouvernementale composée du Parti libéral et de son allié conservateur du Parti national, lesquels entendent continuer à exporter du charbon au nom de la loi du marché : il s’agit de répondre à une demande mondiale – notamment chinoise – croissante, source de profits immédiats, mentionne David Camroux.

Le Parti travailliste entretient quant à lui une relation ambiguë avec cette source d’énergie : comme d’autres partis travaillistes dans le monde, l’Australian Labor Party est proche du monde syndical. Or, le secteur minier est traditionnellement très syndiqué, poursuit David Camroux. Le lobby du charbon influence donc aussi le principal parti de gauche australien, le mettant dans une situation délicate : celle qui, à son électorat citadin, « bobo », oppose sa base ouvrière traditionnelle. « L’image du mineur industrieux, suant sang et eau pour le bien-être de la nation, conserve une connotation très positive dans la culture australienne », note David Camroux.

En Australie, l’ouverture d’une nouvelle mine de charbon dans l’État du Queensland fait toujours polémique. Le gouvernement ayant en effet donné son feu vert à la société Indienne Adani alors que la population reste divisée face à la création d’une usine si proche de la Grande Barrière de corail.

 

Global Witness avait révélé le 4 novembre que 503 lobbyistes du charbon, du pétrole et du gaz avaient obtenu leur billet d’entrée à la COP26. Les promoteurs des énergies fossiles représentaient ainsi le double de la délégation britannique, pourtant hôte de la COP26, et constituaient la plus grande délégation, devant celle du Brésil comptant 479 personnes.

POINTS DE REPÈRE

La Constitution australienne (1901) définit les responsabilités du gouvernement fédéral, dont les affaires étrangères et le commerce, la défense et l’immigration. Les gouvernements des États et Territoires sont responsables de tous les domaines qui ne sont pas attribués au gouvernement fédéral. Les parlements des États et les assemblées des Territoires suivent les principes d’un gouvernement responsable. Dans chaque état, la Reine est représentée par des gouverneurs.


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