France – 14/10/2021 – energiesdelamer.eu. Les projets se multiplient pour tester les multiples combinaisons possibles de cette technique favorisant l’exploitation de l’électricité issue de l’éolien offshore.

La start-up française Lhyfe, qui a commencé fin septembre à produire ses premiers kilos d’hydrogène vert et vient de lever 50 millions d’euros, l’envisage comme l’un de ses axes de développement les plus prometteurs. Elle travaille déjà sur plusieurs projets de production d’hydrogène offshore au large du Croisic ou en Mer du Nord. Sur le projet Haldane, au large de l’Ecosse, Lhyfe annonce qu’elle produira 100 tonnes par jour en 2025.

Et elle est loin d’être la seule. La production d’hydrogène vert en mer fait de plus en plus parler d’elle. Notamment lors des Evolen Days qui y ont consacré une table ronde le 12 octobre. L’occasion de constater que les projets se multiplient, en France et ailleurs en Europe.

Plusieurs raisons expliquent cet engouement. En effet, cette piste permet d’exploiter plus facilement – et à moindre coût – des ressources trop éloignées des côtes pour envisager un raccordement électrique. C’est typiquement le cas de l’éolien offshore, notamment flottant. Si cette technologie ne souffre en théorie d’aucune limite en termes d’éloignement des côtes, elle est de facto contrainte par le coût du raccordement électrique, qui grimpe de façon vertigineuse avec les kilomètres.

Absorber les GW offshore sans surcharger les réseaux électriques

Autre avantage de cette production en mer : une intégration plus facile de l’électricité produite par l’éolien offshore. En Allemagne, par exemple, cela permettrait de désengorger le réseau électrique Nord/Sud. Si notre voisin dispose déjà de plusieurs GW d’éolien offshore en mer du Nord, c’est au Sud que se situent les régions les plus consommatrices. Et les citoyens ne semblent guère disposés à laisser construire de nouvelles lignes à haute tension pour transporter  cet afflux d’électricité. Or l’hydrogène fabriqué en mer pourrait être facilement transporté  – par bateau, camion ou pipeline – du Nord au Sud.

Cette transformation de l’électricité éolienne offshore en hydrogène permettrait à d’autres gros producteurs, tels que le Danemark, d’exporter son surplus, difficile à écouler sous forme électrique (non stockable) lorsque le vent souffle partout en Europe.

En France, même si le premier électron issu de l’éolien en mer n’a pas encore été produit, les volumes attendus n’en restent pas moins importants : 5,2 à 6,2 GW en 2028 selon la PPE, et pas moins de 50 GW en 2050.  Dans certaines régions, la transformation de ces GW électriques en hydrogène permettrait d’éviter dans un premier temps le renforcement des réseaux électriques. C’est notamment le cas en Normandie, qui compte 1,5 GW déjà attribués (Dieppe, Fécamp, Courseulles), 1 GW sous appel d’offres (AO4-Barfleur) et un potentiel de 10 à 15 GW.

Voie de diversification pour l’oil & gas

Autre atout de cette technique : elle permet de reconvertir des actifs du secteur oil & gaz.  Comme l’illustrent la diversité des projets en cours, de multiples combinaisons existent pour produire cet hydrogène en mer et le transporter à terre. Les électrolyseurs peuvent être positionnés au pied des éoliennes, mais aussi sur des plateformes installées au coeur ou à proximité des parcs éoliens, notamment des plateformes pétrolières reconverties. De la même façon, l’hydrogène peut ensuite être acheminé par pipeline ou par bateau, également fournis par le secteur oil & gaz et adaptés à ces nouveaux usages.

Enfin, l’acheminement d’hydrogène produit en mer permettrait d’exploiter des synergies dans les zones portuaires. Les ports sont déjà de gros consommateurs d’hydrogène. Gris aujourd’hui, celui-ci pourrait opportunément être verdi. Outre l’utilisation d’hydrogène vert comme carburant pour certains navires et engins portuaires, des sites industriels, souvent positionnés à proximité des ports, pourront bénéficier d’applications au-delà du verdissement du combustible. C’est le cas par exemple de la sidérurgie, qui pourrait réduire le poids de ses émissions (aujourd’hui 7% des émissions mondiales). La technique de réduction directe de l’acier (direct reduction iron) par hydrogène évite le recours au coke, obtenu par pyrolyse de la houille. A Dunkerque, Arcelor Mital, installée sur la commune de Grande-Synthe, devrait ouvrir en 2027 une première unité utilisant cette technologie. C’est dans les ports également qu’accostent les bateaux chargés d’ammoniac ou de méthanol, aujourd’hui fabriqués à partir d’hydrogène gris.

  • Annoncé le 24/09/2021, Le projet sera exploité à l’aide d’un système d’électrolyse sur plate-forme jack-up convertie. Le projet Haldane est mené par Lhyfe, Aquaterra, pionnier de l’ingénierie offshore, et Borr Drilling, compagnie pétrolière et gazière.

POINTS DE REPÈRE

Produit à partir d’énergies fossiles, 1kg d’H2 produit = 10kg de CO2 émis.

27/07/2021 – L’EMEC et ses partenaires ont publié un rapport présentant une série de recommandations afin de faciliter les collaborations de recherche entre les organisations écossaises et françaises travaillant dans le domaine de l’éolien flottant et de l’hydrogène. Parmi les recommandations la mise en place d’une plateforme de recherche et développement impliquant des organisations d’Ecosse, de Bretagne et d’Occitanie.

 

 

L’EMEC, INNOSEA, The Renewables Consulting Group, publie un rapport sur l’éolien flottant et de l’hydrogène en Europe


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