France – 15/02/2022 – energiesdelamer.eu. Lancé en mai 2021, le cluster Aquitaine Blue Energies compte aujourd’hui 25 adhérents, opérant dans des domaines variés. Il vise à promouvoir l’ensemble des acteurs de la filière des EMR. François-Georges Kuhn, président d’ABE, explique sa stratégie et détaille ses ambitions – pour le port de La Rochelle et le parc éolien d’Oléron comme à l’échelle nationale.

Quel premier bilan tirez-vous, après neuf mois d’existence du cluster Aquitaine Blue Energies ?

FGK – Depuis sa création en mai dernier, les choses se sont enchaînées rapidement. Nous avons structuré l’association, participé à divers événements comme le Salon Seanergy à Nantes, organisé notre lancement officiel en juillet 2021 sur le port de La Rochelle… Nous avons également pris part au débat public sur le parc d’Oléron. Notre ambition est de promouvoir les compétences de la filière des énergies marines renouvelables, aussi bien au plan local qu’au niveau national. Il existe un maillage complet, qui couvre l’ensemble de la façade maritime française. Pour cela, nous devions d’abord nous faire connaître. C’était une étape importante. Aquitaine Blue Energies compte actuellement 25 adhérents. Et de nouveaux candidats se manifestent.

Dans quels domaines opèrent ces entreprises ?

Elles interviennent dans des domaines très variés. Parmi elles, il y a des cabinets d’ingénierie, des opérateurs portuaires et logistiques, des acteurs de l’environnement, des gestionnaires de projet, des spécialistes de la maintenance… Il y a aussi des sous-traitants pour tel ou tel élément – les nacelles de turbine, les câbles sous-marins… A long terme, nous devrions réunir une quarantaine ou une cinquantaine d’entreprises. Nous visons d’abord le parc d’Oléron. Ensuite, nous nous attacherons à soutenir l’ensemble des projets d’EMR dans l’hexagone.

Quels sont vos projets à court terme ?

Nous allons créer un site Internet, qui nous permettra d’améliorer notre visibilité. Nous voulons aussi référencer toutes les entreprises de Nouvelle Aquitaine susceptibles d’être intéressées par les EMR. Et nous souhaitons recruter un animateur, qui nous aidera à nous développer encore et à nous faire connaître.

Quelle place pour les grands énergéticiens au sein de votre cluster ?

Nous n’avons pas de lien direct avec eux. Ils ne sont pas membres d’Aquitaine Blue Energies – même si l’un d’eux souhaiterait nous rejoindre. Ce que nous voulons, c’est avant tout organiser des réponses à leurs appels d’offres.

Comment est financée l’association ?

Nous sommes tous bénévoles au sein du consortium. Nous vivons uniquement des cotisations de nos membres. Nous espérons obtenir quelques aides de la Région Nouvelle Aquitaine…

François Georges Kuhn ©EDM 07_02_022 – Président de Aquitaine Blue Energies et Maritime Kuhn

« Ensemble, nous disposons d’une large gamme de compétences » 

Quels sont les atouts dont vous pensez disposer ? Et que vous manque-t-il encore ?

Notre principal point fort est l’expertise de tous nos adhérents, dans des domaines très variés. Nous avons tous travaillé sur les dossiers d’EMR. Nous avons tous une solide expérience, nous disposons d’une large gamme de compétences. Ce qui nous manque encore, c’est la capacité à déployer toutes ces compétences. C’est la raison d’être d’Aquitaine Blue Energies.

L’innovation fait-elle partie des objectifs d’ABE ?

Plusieurs de nos adhérents disposent d’une cellule de veille technologique et sont à l’affût des innovations. Certains d’entre eux ont une activité réelle de R&D, parfois en lien avec l’enseignement supérieur. En la matière, nous n’avons pas à rougir. Le tissu industriel local est bien pourvu.

Pour ce qui concerne Maritime Kuhn, nous avons beaucoup progressé sur l’optimisation des modes opératoires. Le manutentionnaire aux gros biceps, c’est fini. Aujourd’hui, notre métier, c‘est d’abord de l’ingénierie. Et la gestion de chantiers hors normes comme ceux des éoliennes offshore et des EMR en fait partie. Nous travaillons de plus en plus en amont avec les industriels.

Jean-François Carenco, président de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), fustige le retard français dans les énergies renouvelables. Qu’en pensez-vous ?

Le temps des politiques n’est pas celui des entreprises. A plusieurs reprises, nous avons dû patienter, pour que toutes les parties prenantes soient consultées. Certains consortiums n’y ont pas résisté… Il est normal que des associations puissent intenter des recours. Mais parfois, certains opposants ne cherchent qu’à faire perdre du temps, en sachant qu’ils n’ont aucune chance d’aboutir. Il faudrait imposer une sorte d’obligation de résultat. Espérons que le débat sur Oléron débouchera sur des décisions positives. La technologie aura largement évolué. Demain, l’éolien « flottant » dépassera peut-être le « posé ». De façon générale, je suis assez optimiste pour l’essor de l’éolien en mer. Cela ira de plus en plus vite.

 

« L’industriel devra financer les investissements nécessaires sur le port »

Pour un port comme celui de La Rochelle, quelles sont les contraintes techniques liées à l’éolien en mer ?

Il y a des chiffres très divers qui sont annoncés ici ou là, en particulier pour la résistance du sol. Aujourd’hui, nous sommes entrés dans la phase finale pour le parc du Banc de Guérande au large de Saint-Nazaire pour Edf Renouvelables et Enbridge. Nous aurons pu stocker et manipuler 80 monopieux et pièces de transition, pesant jusqu’à 1.000 tonnes chacun, et mesurant jusqu’à 65 mètres de long. Nous sommes en train d’aménager des surfaces à très forte résistance, capables de supporter des charges très importantes – on nous a demandé une capacité de résistance allant jusqu’à 25 tonnes/m2. A mon avis, c’est avant tout une question de répartition de la charge : rouler une pièce, la déplacer, c’est possible en utilisant des « mille-pattes ». Ce qui pose problème, en revanche, c’est le bord à quai.

Par ailleurs, les énergéticiens souhaiteraient disposer de quais immenses. Or, il faut rappeler que les chantiers pour les champs d’éolien offshore vont durer deux ans seulement. Sur le port de La Rochelle, nous sommes arrivés à une zone à forte résistance de taille assez restreinte, mais qui sera suffisante pour répondre aux besoins.

Quant à la maintenance, elle n’exige pas de spécificités particulières pour les infrastructures. N’importe quel port ou quai pourra faire l’affaire.

Comment financer les investissements nécessaires ? Et quel sera le prix pour les utilisateurs des installations ?

La réforme des ports a transféré leur exploitation au privé. Les ports vivent de leur foncier et des taxes qu’ils prélèvent. Le port nous livre un quai, avec une surface non bitumée : à nous de l’aménager. Quand le port reprendra le bien, il nous versera une petite indemnité pour les travaux qui y auront été effectués. Pour le moment, il n’est pas prévu que nous fassions un investissement lourd pour les surfaces à forte résistance. Mais de toute façon, quelqu’un doit financer les aménagements nécessaires. Ce sera à l’industriel de payer, et il doit le savoir. En outre, il y aura toujours une redevance domaniale.

En revanche, il ne nous est pas possible de donner un prix. Trop de paramètres interviennent.

Y aura-t-il une mise en concurrence ?

A mon avis, oui. Mais cette concurrence se jouera peut-être en deux temps : d’abord pour l’éolien, puis pour le trafic récurrent du port. Tout dépendra des besoins réels et de l’engagement des entreprises.

POINTS DE REPÈRE

 

 

Les 7 membres fondateurs d’ABE

 

 

AIS Elec (Atlantic Industry & Ship Electricity) : électricité navale et industrielle, câblage, automatisme ;

AMLP (Agence maritime La Pallice, groupe MK) : manutention portuaire ;

Groupe Maritime Kuhn : logistique portuaire ;

Energie de la Lune : cabinet d’ingénierie spécialisé en E.M.R. et en génie océanographique ;

Lecamus : maintenance industrielle, réparation navale ;

Réel SAS : levage industriel, manutention ;

Union Maritime de la Rochelle : regroupe l’ensemble des acteurs du domaine portuaire ;

Valorem Marine Solutions / Valemo : agrégateur de compétences pour les EMR et l’éolien offshore.

Naissance d’« Aquitaine Blue Energies »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Ne copiez pas l’article, copiez le lien, vous protégez ainsi les droits d’auteur de notre équipe rédactionnelle.


Publicités Google :