Polynésie française – 31/08/2021 – energiesdelamer.eu. La pollution plastique du milieu marin est un enjeu mondial sur le plan environnemental, sanitaire et socio-économique. En Polynésie française, une source spécifique de déchets plastiques est associée a la perliculture dont les structures d’élevage s’amoncellent dans les lagons depuis plus de 40 ans.

Ce gisement de plastique est susceptible de se dégrader sous la forme de micro- et nano plastiques (mnp, < 5 mm) dont la contamination ubiquitaire à l’échelle mondiale suscite une grande préoccupation à cause des risques qu’elle représente pour les organismes et les écosystèmes marins. Les objectifs de cette thèse étaient d’évaluer la contamination micro plastique (mp) dans les lagons perlicoles de Polynésie française et d’en évaluer les effets sur l’huitre perlière (pinctada margaritifera). Les résultats des campagnes d’échantillonnages réalisées in situ dans les atolls de ahe, manihi et takaroa ont révélé l’omniprésence des mp dans les eaux de surface, la colonne d’eau et les tissus d’huitres perlières en élevage. Les concentrations enregistrées dans les eaux de surface (0,2 à 8,4 mp.m-3) placent ces trois atolls à une position très défavorable par rapport aux concentrations en mp mesurées dans le monde. De plus, la colonne d’eau s’est révélée être un compartiment hautement contamine (14,0 à 716,2 mp.m-3). L’huitre perlière, organisme filtreur élevé entre 4 et 6 mètres de profondeur, est particulièrement vulnérable à cette contamination. Les concentrations mesurées dans les tissus de p. margaritifera (~0,3-21,5 mp. g−1 de chair humide) la positionne d’ailleurs parmi les bivalves marins les plus contamines. Afin d’évaluer l’impact des mp sur la biologie de p. margaritifera et la qualité de la perle, deux expérimentations in vivo ont été menées en conditions contrôlées de laboratoire : l’une impliquant des microbilles de polystyrène (micro-ps standardisées) et l’autre impliquant des mnp produits à partir de structures perlicoles récoltées in situ dont une dose d’exposition faible proche d’un scenario environnemental. Les résultats de ces travaux ont révélé un impact important des micro-ps et des mnp perlicoles sur le métabolisme énergétique des individus exposes. Cette altération s’est traduite par une diminution de l’efficacité d’assimilation entrainant une réduction dose-dépendante de gain d’énergie. Ce dérèglement énergétique s’est répercuté au niveau cellulaire (i.e. altération de la gamétogénèse) et moléculaire (i.e. modulation de l’expression des gènes impliques dans des mécanismes de défense face au stress). Par ailleurs, la qualité de la perle s’est avérée impactée au niveau de la microstructure des dépôts nacriers. Une approche toxicologique menée en parallèle sur les plastiques perlicoles a permis de démontrer leur potentiel de toxicité chimique à travers une désorption importante d’additifs (e.g. phtalates) dans l’eau de mer (i.e. lixiviats). Des embryons de p. margaritifera ont été exposes à ces lixiviats et une altération du développement embryo-larvaire a été observée in vitro. Ces résultats suggèrent que les zones d’accumulation massive de structures perlicoles en plastique (opérationnelles et/ou abandonnées) pourraient représenter des points chauds de désorption de contaminants chimiques, impactant p. margaritifera, en contact étroit avec ces équipements, mais aussi le biote environnant. Dans l’ensemble, cette thèse démontre une menace associée aux mnp qui pèse sur l’huitre perlière, la durabilité de son industrie et plus largement, sur l’écosystème lagunaire.

Thèses en préparation à Polynésie française , dans le cadre de École doctorale du Pacifique (Faaa) , en partenariat avec Unité de recherche « Ressources Marines en Polynésie Française » (RMPF) – Ifremer (equipe de recherche) depuis le 15-11-2017 .

Sous la direction de Gilles Le Moullac et de Arnaud Huvet.

POINTS DE REPÈRE

Les microplastiques affectent aussi les huîtres perlières en Polynésie française


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