France – Vendredi 22/01/2021 – energiesdelamer.eu. Le 4è CIMer du quinquennat se tient demain au Havre en présence de Jean Castex, Premier ministre, est préparé par le SGMer dirigé par Denis Robin. Le CIMer fixe les orientations pour l’économie maritime et portuaire. Ce CIMer du 22 janvier se tient en présence de son prédécesseur à Matignon, Edouard Philippe.

Jean Castex sera accompagné de plusieurs membres du gouvernement dont les ministres en charge des transports, Jean-Baptiste Djebbari, et de la mer, Annick Girardin. La ministre est en première ligne pour la pêche et les ports, et a clairement affirmé vouloir soutenir à bras le corps l’intérêt des EMR, en facilitant le dialogue entre les différents usagers. Va-t-elle aussi se voir confier un dossier de fond, celui qui est au coeur de la compétence de son ministère, de l’avenir industriel et de la recherche de la communauté maritime et marine, celui des grands fonds marins ?

Enjeu majeur pour la connaissance de l’océan et de ses grands fonds marins avec également l’objectif de mieux gérer les conséquences du changement climatique, la synthèse du rapport Levet – SGMer, permet à la fois de comprendre l’historique des démarches du gouvernement Français depuis de nombreuses années, avec ses relations géo-politiques internationales, et d’anticiper les conséquences d’une potentielle dépendance scientifique et industrielle. Le développement de l’industrie des énergies renouvelables, notamment celui des EMR « en et de la mer » est à l’évidence pleinement concerné.

Faute d’une véritable volonté politique, cette stratégie française des douze dernières années, si l’on prend comme point de repère le discours du Président de la République Nicolas Sarkozy en 2009 jusqu’au discours dit « de Montpellier » du Président Emmanuel Macron en décembre 2019, lors des assises de l’économie de la mer, semble ne pas avoir été suivie d’effets, d’où la mission confiée à Jean-Louis Levet en novembre 2019.

Le rapport Levet – SGMer sur la stratégie nationale relative à l’exploration et à l’exploitation minière des grands fonds marins (GFM) a été mis en ligne sur le site du SGMer. Sept ou huit ministères sont concernés par ce rapport, et en priorité, les ministères des affaires étrangères, des armées, de la transition énergétique…

Le groupe de travail multi sectoriels (industrie, recherche, ONG, institutionnel, etc…) piloté par Jean-Louis Levet pour le SGMer, et le pilotage par le Cluster maritime Français d’un groupe de travail « industrie maritime / synergie» présidé par Francis Vallat (voir interview du 18/01/2021), ont fait émerger la nécessité  de croiser les compétences et ont permis de publier un document d’actualisation de la stratégie française en matière d’exploration et d’exploitation des grands fonds marins.

« Les découvertes ont été majeures »

La France reste l’un des leaders de la recherche océanographique « grands fonds marins », grâce aux synergies entre l’Ifremer, le CNRS et les universités, mentionnées dans un rapport commun coordonné en 2018 par Ghislain de Marsily – Académie des sciences et Bernard Tardieu – Académie des technologies, consacré aux métaux et aux terres rares. Ce nouvel opus est clairement un prolongement « opérationnel et politique », avec l’ambition d’être cohérent avec les enjeux à venir. « Les découvertes ont été majeures dans tous les domaines, tant en océanographie, géologie, géophysique, biologie qu’en environnement des systèmes vivants. Il est acquis, que l’océan et ses marges ont été des lieux de genèse des principales ressources minérales actuellement exploitées sur les continents. Ces phénomènes persistent encore actuellement, et renouvellent en permanence la ressource minérale, accumulant au fond des océans des réserves considérables (de quelques dizaines de milliers de tonnes jusqu’à des dizaines de millions, voire plusieurs centaines de millions de tonnes de minerais, avec des concentrations souvent supérieures à celles des gisements terrestres), » écrivaient alors Ghislain de Marsily et Bernard Tardieu.

Désormais se pose à nouveau la question d’une exploration/exploitation des grands fonds marins, en prenant en compte les exigences environnementales, la biodiversité, ainsi que la connaissance de ces espaces largement inexplorés.

Nombre de pays, qui disposent de vastes zones océaniques à proximité, se lancent ou se sont lancés dans ce nouveau défi, notamment à la recherche de terres rares destinées aux technologies de la transition énergétique. Chine, Etats-Unis, Japon, Australie … constituent autant de concurrents potentiels.

La France, deuxième ZEE au monde, et dont les recherches océanographiques sont historiques, ne peut être absente du sujet dans ce contexte géostratégique, indique le rapport de Jean-Louis Levet, comme le soulignent les acteurs interrogés à l’occasion de la publication de ce document, qui trace les pistes pour l’avenir des grands fonds marins.

Les impacts relatifs à la mise en œuvre des priorités et des projets proposés par le rapport « Levet » sont considérables.

Le programme de recherche ambitieux sur les grands fonds marins permettra de mobiliser la communauté scientifique nationale, et de susciter des coopérations européennes, et au niveau international, sur des sujets structurants, comme par exemple, le fonctionnement des écosystèmes profonds et les interactions entre les sociétés humaines et l’océan et les grands fonds, avec l’indispensable implication des populations dans les choix à réaliser, en matière d’exploration voire d’exploitation durable de ces grands fonds.

Autre exemple : la création d’un pilote destiné à tester l’impact, le cadre et la faisabilité d’une éventuelle exploitation des ressources minérales durables permettra l’acquisition des données indispensables sur les milieux naturels concernés, et permettra ainsi d’avoir la possibilité à chaque étape de sa réalisation de poursuivre ou de renoncer à une exploitation industrielle. Cette démarche ouvre la possibilité de lutter efficacement contre des exploitations qui ne prendraient pas en compte la dimension environnementale et l’implication des populations.

Une telle politique publique, à la condition de l’inscrire dans la durée, peut permettre à la France et plus largement à l’Union Européenne, d’exercer une réelle influence, alliant protection des océans et exploitation durable. Sans une telle démarche collective, il est à craindre que l’océan global soit préempté par d’Etats et de grands groupes prédateurs, dans les prochaines décennies.

Le CIMer, qui devrait adopter des décisions suite à la remise du rapport Levet SGMer, energiesdelamer.eu, membre du Cluster Maritime Français, s’est rapproché de quelques-uns des experts qui ont participé aux groupes de travail du SGMer et du Cluster. Les interviews dans la partie 2, sont autant de témoignages qui éclairent la situation. La partie 3 est consacrée aux biographies et apportent quelques références sur les GFM.

Brigitte Bornemann Directrice des publications et Joël Spaës Rédacteur en chef

POINTS DE REPÈRE

22/01/2021 – Partie 2 les 11 témoignages qui éclairent la situation sur les grands fonds marins.

22/01/2021 – Partie 3 biographies des 11 témoins, et retour au Havre du discours de Nicolas Sarkozy au CIMer 2020 du 22 janvier 2021

Articles déjà diffusés sur le site energiesdelamer.eu

18/01/2021 – La France sera-t-elle à la hauteur des enjeux pour l’exploration et l’exploitation des grands Fonds Marins ? ITW de Francis Vallat ICI.

16/01/2021 – L’économie bleue des grands fonds : recherche, connaissance, matières premières, industrie … une nouvelle dynamique ? ICI

15/01/2021 –  Synthèse du rapport Jean-Louis Levet – SGMer – Stratégie nationale d’exploration et d’exploitation des ressources minérales dans les grands fonds marins : Bilan et orientations : une nouvelle dynamique ? 2020 ICI

15/01/2021 – Rapport – Stratégie relative à l’exploration et à l’exploitation minières des grands fonds marins – 2015 ICI.

03/09/2019 – Dans son discours du 3/09/2019, Emmanuel Macron, Président de la République avait entre autre annoncé, l’accélération des projets d’éoliens en mer, ce qui est en cours, sous entendu la création d’un ministère de la mer, ce qui a été fait avec la nomination d’Annick Girardin). Parmi les rôles du ministère font parties, seule ou conjointement avec d’autres ministres, des attributions en matière de pêche, produits de la mer, ressources minérales marines, protection des milieux marins, navigation, transports maritimes et ports, relevant jusqu’ici de plusieurs ministères, en charge de l’Environnement, de l’Agriculture ou encore des Transports ».


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Pour en savoir plus sur le CEREMA, Le Cluster Maritime Français, consultez les articles publiés dans energiesdelamer.eu et MerVeille Energie dans le


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