France – 05/12/2023 – energiesdelamer.eu. Mis à jour le 6 décembre.

A la demande de l’équipe du débat, l’IPSOS a mené une grande enquête, qualitative et quantitative, sur les représentations partagées des Françaises et des Français relative à la mer. Cette enquête a été lancée au niveau national à la fin de l’automne (en novembre) et, est présentée ce mercredi 6 décembre à 18h.

En avant-première et en exclusivité pour energiesdelamer.eu, Françoise Gaill* et Bernard Kalaora** , discutants, réagissent à l’enquête qui sera présentée ce soir par Nicolas Berthier et Mathieu Gaillard d’Ipsos Public Affaires.

Qu’est-ce qui vous a étonné dans cette enquête IPSOS ?

Françoise Gaill :  Les personnes qui ont répondu à l’enquête ne sont vraiment pas conscients des changements climatiques. Pour moi c’est une vraie question. Je pense, qu’une des raisons est que les scientifiques sans doute restent dans leurs laboratoires, et que les médias sans doute restent dans un registre… Il manque un lien – on ne fait pas assez savoir les choses. Je suppose qu’il y a un gap, qu’on n’a pas réussi à combler entre scientifiques et politiques au sens général. C’est vrai que la temporalité pour prendre conscience est toujours longue, mais je pense qu’il y a aussi une responsabilité de la part des scientifiques. C’est la raison pour laquelle je tiens beaucoup à l’organisation de la Conférence des Nations Unies pour l’Océan (UNOC) qui se tiendra à Nice en juin 2025 organisée  conjointement par les gouvernements de la France et du Costa Rica. Ces deux pays organisateurs ont mandaté Loreley Picourt (Plateforme Océan & Climat) et Rémi Parmentier (The Varda Group) pour la mobilisation et la consultation de la société civile.

Nous en débattrons tout à l’heure et le débat public est un révélateur !

*Françoise Gaill est biologiste, océanographe, spécialiste notamment des grands fonds marins, directrice de recherche et conseillère scientifique CNRS, vice-présidente de la Plateforme Océan & Climat.

Bernard Kalaora : Ce qui m’a frappé le plus, c’est qu’il n’y a pas de forte différence entre ce qu’on appelle le grand public, c’est-à-dire le tout-venant, et finalement ceux qui habitent sur le littoral. Ce qui apparait, c’est un peu un imaginaire commun, en quelque sorte, de la mer. Mais un imaginaire qui est quand même relativement daté.

Que voulez-vous dire par daté ?

BK : Daté au sens où il n’y a que la dimension la plus importante, qui ressort des entretiens, c’est la dimension du plaisir, du bonheur, de la virginité du littoral, et en fait, d’une certaine Idée, avec un grand I, que l’on se fait du littoral, mais qui ne correspond plus à la réalité.

Même si on perçoit des dégradations, parce qu’on en perçoit, il y a quand même une inquiétude, il y a quand même un trouble, il y a une très forte tension entre cette représentation très grandiloquente – c’est un ailleurs, un hors du temps, hors de l’histoire – puis l’océan apparait comme quelque chose vis-à-vis duquel on est relativement impuissant. Ce qui est frappant, c’est qu’on reste dans une représentation un peu duelliste, hors du temps, ordinaire, hors du quotidien. Pour moi, cela pose problème par rapport à tout ce qui est en train d’arriver. Le fait de mettre en avant une représentation relativement figée du littoral, constitue en quelque sorte un obstacle pour avoir une véritable relation expérimentielle, sensielle – sensorielle on l’a – surtout en termes d’expérience, en termes d’attention et de responsabilité. Ça reste quelque chose qui en dehors de soi.

Est-ce que ce grand débat public sur la planification et l’éolien en mer peut modifier la représentation de cet espace considéré comme « bien commun » ?

BK – Le débat public, tel que je le vois, à mon sens, il peut, il doit déboucher sur l’action. C’est-à-dire qu’il doit déboucher sur l’idée qu’il faut changer les comportements. Et ça, ça ne peut pas se faire uniquement par l’intermédiaire d’un débat. Il faut que le débat débouche sur des dispositifs, sur des actions de sensibilisation, sur des projets comme il y en a d’ailleurs : il y en a dans les écoles de plus en plus, les enfants qui sont ambassadeurs de l’environnement…

Vous estimez que la dimension sociale n’est pas suffisamment représentée ?

Oui, l’importance, la dimension sociale, je trouve que ça manque. Et c’est vrai que c’est très peu traité, dans tous les colloques où je vais. C’est quand même plus les aspects soit du milieu quand on est géographe, soit de la sensibilité quand on est artiste, soit de l’ingénierie quand on est du côté des ingénieurs. Mais cette dimension sociale, elle est quand même fondamentale.

Pourtant il y a de nombreuses actions et des projets menés par des associations comme Les petits débrouillards, la Plate-forme Océan & Climat dont Françoise Gaill est vice-présidente, La Touline, la Fondation de France, le projet TERMER, le Conservatoire du littoral… des Conseils de Développement, « Les Océanes La Baule » lancées par le maire de La Baule avec le soutien de l’ANEL, et de son vice-président le maire du Pouliguen,  … . A cette occasion Florent Augagneur, Caroline Werkoff et Francis Beaucire avaient échangé avec des élus et des industriels implantés dans les Pays de La Loire, du public, des associations,  …

Oui, il existe des dispositifs, il existe des actions, et c’est là-dessus qu’il faut de plus en plus jouer. Et peut-être justement, le débat peut être amené à prendre connaissance de ce qui se fait en termes d’engagement, de responsabilités, sur le plan associatif, de toutes ces petites choses, de tous ces petits gestes, et qui deviennent de plus en plus importants. Et ça, à mon avis, le débat public devrait être une scène qui mette à disposition du public tout ce qui est en train de se faire. Mais on est au-delà de l’enquête. Ça devrait être un débouché de ce débat, il me semble !

**Bernard Kalaora est socio anthropologue, Professeur émérite de l’Université  d’Amiens, chercheur associé à l’EHESS ancien président  du comité scientifique du Conservatoire du Littoral, est auteur de nombreux ouvrages. Les articles collectifs récents sont avec Charlotte Michel et Yves Henocque : Dé-penser le territoire entre terre et merAOC media 03/09/2023 ; et à nouveau Charlotte Michel : Le spleen des élus du littoral : comment décider dans une société liquide ?AOC Média 10/04/2023, Imaginaires de la mer : du passé aux futurs, Interview de Bernard Kalaorapar Denis Lacroix (Ifremer) Futuribles 2022/1 (N° 446)

Ce webinaire de présentation des résultats de l’enquête IPSOS « Les français et la mer » sera animée par Etienne Ballan, sociologue, Délégué régional de la Région sud, en charge du débat public Façade – Méditerranée (ancien président du débat public EOS Méditerranée pour l’AO6, Denis Salles, sociologue, garant coordinateur du débat public Façade en Nouvelle-Aquitaine et Isabelle Barthe, garant du débat en Nouvelle Aquitaine, commissaire enquêteur en Isère. Ils ont à l’initiative de cette enquête et sont membres de la CNDP.

 

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