RANDERS – (Danemark – U.E.) – 28/01/2010- 3B Conseils -D’après une dépêche Reuters ICI,  le fabricant danois de turbines éoliennes Vestas  expérimenterait en ce moment  une turbine furtive, basée sur une technologie militaire, pour surmonter les problèmes rencontrés dans de nombreux parcs éoliens où les turbines classiques interférent avec les systèmes radars de l’aviation. Reuters rappelle fort justement que ce problème d’interférences avec les opérateurs radars (civils ou militaires) est à l’origine de la  moitié des refus de permis de construire de parcs éoliens en Grande-Bretagne. J’ajouterai que le problème se pose aussi ailleurs en Europe et dans le monde ! Vestas Wind Systems expérimenterait donc la même technologie furtive que celle développée par les militaires dans les engins de combat (avions légers, bombardiers, navires, sous-marins) pour échapper au radar, et ce, dans le but de réduire la signature radar d’une turbine éolienne c’est-à-dire la taille du bip qu’une turbine éolienne marque sur les écrans radars des contrôleurs de la circulation aérienne. Selon Ian Chatting, responsable de la recherche pour Vestas en Grande-Bretagne, les extrémités d’une pale d’éolienne atteignent la vitesse d’un avion de tourisme en déplacement si bien qu’il est presque impossible pour les opérateurs de savoir s’il s’agit de l’écho radar d’un avion léger ou s’il s’agit d’une perturbation créée par le mouvement des pales d’éoliennes. La confusion serait causée par les radars eux-mêmes qui rebondissent sur les pales d’éoliennes, créant un nuage de signaux réfléchis. Ian Chatting confie à Reuters :  « Si un avion vole dans ce nuage de signaux, il devient alors impossible de savoir si cet avion en sort, s’il a eu une avarie à l’intérieur du nuage de signaux ou si c’est une ou plusieurs éoliennes qui réfléchissent le signal ».  Les mêmes règles valent pour les signaux émis par les bâtiments croisant en mer et les éoliennes en mer. Ce phénomène de confusion de signaux (connu sous le Crowded Skies)  rend évidemment la circulation aérienne (et maritime) aux abords des parcs d’éoliennes dangereuse et donc impossible.

  Selon l’Association Européenne de l’énergie éolienne (EWEA), la capacité mondiale d’installation d’énergie éolienne toutes sources confondues (onshore et offshore) est maintenant de plus de 120 gigawatts (GW). Vestas précise que près de 9 GW sont en attente d’installation précisément à cause des problèmes rencontrés par les radars civils, militaires et par les opérateurs maritimes. En Grande-Bretagne, ce seul problème a conduit NATS, anciennement National Air Traffic Service, à s’opposer à plus de 5 GW de demandes d’installations éoliennes. Ça fait beaucoup ! Brendan Kelly, responsable de la stratégie opérationnelle au NATS, a fait savoir qu’il travaillait  à résoudre le problème en concertation avec les industriels et que cela pouvait aller jusqu’à des corrections des logiciels de repérage de façon à différencier les empreintes radars réfléchies par les éoliennes des autres. Le problème se pose – le lecteur l’aura compris – exactement de la même façon pour les éoliennes en mer et la confusion engendrée avec les échos radars émis par les bateaux de plaisance, de pêche, de commerce ou même certains bâtiments militaires légers.
Pour Vestas, qui est l’un des tout premiers constructeurs mondiaux (en particulier dans le domaine des turbines offshore), la solution passe donc par un travail qui consiste à rendre les pales des turbines aussi furtives que les bombardiers du même nom. Ian Chattin précise d’ailleurs que  la technologie employée sur les pales « est exactement la même technologie à ceci près qu’elle est adaptée à la taille des pales d’éoliennes ».  Pour ce faire il faudra incorporer, tout au long des 44 mètres de chaque pale éolienne, deux couches de tissu de verre imprimé avec une encre spéciale. Cette incorporation se fera dans la structure même lors du  processus normal de fabrication. Le radar passe alors à travers la première couche, mais rebondit sur le deuxième et reste pris au piège entre les deux. Pas très compliqué à mettre en oeuvre !

 La British Wind Energy Association (BWEA) a accueilli favorablement tous ces efforts de recherche et a indiqué par la bouche de  Nicola Vaughan, son porte-parole concernant l’aviation : « La pale furtive peut effectivement  apporter une contribution significative à la résolution du problème. Cependant  les projets devront être étudiés au cas par cas pour évaluer si l’atténuation de signal obtenu est réellement appropriée à la situation des éoliennes ». Nicola Vaughan a précisé  : « Nous pensons qui si nous pouvons aborder la question des radars aériens dans leur ensemble, cela  enlèverait un obstacle important aux projets d’énergie éolienne à la fois sur terre et en mer« .
Une façon comme un autre, mais tout de même terriblement british,  d’insister sur le fait que le problème à la base ne vient pas réellement des éoliennes qui, en réalité, n’émettent aucun signal en elles-mêmes mais réfléchissent un écho émis par les radars aériens.

Article  : Francis ROUSSEAU

Docs / Sites liés. Images : 1. Eolienne Vestas  ©Vestas WInd Systems. 2. Navire furtif Sea Shadow ©US Navy. 3. Bombardier furtif ©US Air Force.

Lecteurs abonnés, vous qui recevez tous les jours l’article paresseusement à domicile, ne manquez pas de vous rendre d’un clic  sur le blog lui-même où une colonne DERNIÈRES NOUVELLES est réactualisée plusieurs fois par jour. Vous en apprendrez de belles… et dans toutes les langues !


Publicités Google :