France – 28/11/2025 – energiesdelamer.eu.
Un mois de fermeture de la pêche entre la mi-janvier et mi-février dans le golfe de Gascogne a permis de réduire de 60% les captures accidentelles de dauphins, selon le dernier rapport de l’observatoire Pelagis CNRS – La Rochelle, publié hier. Mais les professionnels de la pêche redoutent une fragilisation durable de leur activité.
La Commission européenne avait adopté en 2024, un acte délégué mettant en place des mesures, dans le golfe de Gascogne pour les navires de pêche de plus de huit mètres, entre le 22 janvier au 20 février 2025, afin de prévenir les captures accidentelles de dauphins et d’autres petits cétacés dues à la pêche.
Ces mesures avaient fait l’objet d’une recommandation conjointe de la Belgique, de l’Espagne, de la France et du Portugal. Le Parlement et le Conseil européens l’avaient voté.
Les quelque 300 navires concernés été restés au port pour éviter les captures accidentelles de petits cétacés pendant l’hiver, période identifiée par les scientifiques comme étant à haut risque pour les captures accessoires. En complément de la fermeture de la pêche pendant un mois, ces mesures comprennent l’utilisation obligatoire de dispositifs de dissuasion acoustiques et un programme de surveillance des petits cétacés tout au long de l’année, à l’aide d’observateurs et de caméras embarquées.
Ces mesures visaient à résoudre le problème récurrent des échouages hivernaux de dauphins et de petits cétacés sur les côtes du golfe de Gascogne. Il est donc reconduit pour 2026.
Le nombre d’échouages recensés le long des côtes françaises durant la période hivernale 2025 est presque deux fois plus bas que durant l’hiver précédent. En effet, 938 cétacés avaient été dénombrés entre décembre 2023 et mars 2024.
Les échouages de petits cétacés (très principalement des dauphins communs) présentant des traces de mort dans les engins de pêche sont légèrement moins nombreux que ceux observés échoués en 2024 à l’échelle de la façade Atlantique et Manche (186 petits cétacés en 2024 et 152 en 2025). Les effectifs sont par contre comparables pour la seule zone au sud de 48°N.
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Ouvrir dans un nouvel onglet Les niveaux importants de captures accidentelles de petits cétacés en Europe ont conduit un groupe international de 26 ONGs à demander en 2019 des mesures d’urgence auprès de la Commission Européenne envers plusieurs pays dont la France, afin notamment de réduire les captures de dauphins communs dans le golfe de Gascogne. Saisis par la Commission, les experts du Conseil International pour l’Exploration de la Mer (CIEM) concluent à un niveau de captures trop élevé pour la survie à long terme de la population de dauphins communs, et à la nécessité de prendre des mesures de réduction. Ils projettent l’effet de différents scenarios de fermeture de l’effort de pêche, du seul usage de répulsifs acoustiques à 4 mois de fermeture de pêche des engins les plus capturant.
La Commission Européenne entame dès 2020 une procédure d’infraction envers la France pour inaction dans la réduction des captures de dauphins communs dans le golfe de Gascogne au nom de la Directive Habitat.
Le dernier plan d’action au niveau national implique une fermeture de la pêche du 22 janvier au 20 février 2024 à 2026 pour les bateaux de plus de 8m équipés d’engins capturant le plus de dauphins communs : filets maillants, trémails, chaluts pélagiques en bœufs et à panneaux, chaluts de fond en bœufs et sennes pélagiques.
Bilan de la fermeture sur les échouages de petits cétacés
Durant l’hiver 2024-2025, les conditions de dérive (des carcasses de cétacés de la mer vers la côte) ont été assez inégales. En effet, durant la première partie de l’hiver (décembre à mi-février), les vents d’Ouest ont eu tendance à ramener les cétacés vers les côtes ce qui permet d’obtenir une bonne vision des mortalités ayant lieu sur le plateau du golfe de Gascogne à partir des échouages. En revanche à partir de mi-février et jusqu’à la fin du mois de mars, les vents changeants permettaient moins aux carcasses à la dérive d’atteindre la côte ce qui a pour effet potentiel de masquer une part de la mortalité. L’interprétation des échouages de l’hiver et de leur représentativité par rapport aux mortalités en mer doivent donc se faire à la lumière de ces conditions.
Estimer les captures à partir des échouages nécessite de comprendre les mécanismes qui régissent la dérive et le comportement de flottabilité des carcasses, depuis la zone de mort en mer jusqu’à leur échouage. Ainsi depuis 2004, l’implication des professionnels de la pêche dans un programme de marquage de carcasses de dauphins a permis de mieux comprendre ces processus et de mieux les quantifier. Un effort particulièrement important de marquage de carcasses en 2021, 2022 et 2023 a permis de mettre à jour un paramètre fondamental dans ce processus : la part d’animaux qui flottent et dérivent. Ainsi une mise à jour de ce paramètre a pu être réalisée en 2025 et génère une diminution de l’estimation des captures qui avaient été produites précédemment.
Cette révision de l’estimation constitue une amélioration notable de nos connaissances sur le sujet, mais ne modifie pas les ordres de grandeur des niveaux de captures de dauphins. Les chiffres actualisés pour la période pré-fermeture restent incompatibles avec la viabilité à long-terme de la population de dauphins communs dans le golfe de Gascogne.
Durant l’hiver 2024-2025 (1er décembre 2024 au 31 mars 2025), les mortalités par capture accidentelles ont été estimées à partir des échouages à 1 900 (IC95% [1 500 ; 2 450]) dauphins communs pour l’ensemble des eaux du golfe de Gascogne et de la Manche Ouest. Cette estimation est bien inférieure à celles calculées lors des années précédentes (environ 4 700 captures en moyenne durant les hivers 2017 à 2023) mais proche de l’estimation de 2024, lors du premier hiver de fermeture. C’est également l’un des plus bas niveaux calculés depuis 2015. Même s’il faut rester précautionneux dans l’interprétation de ces résultats aux vues des conditions météorologiques de la deuxième partie de l’hiver, ces estimations suggèrent une certaine efficacité de la fermeture de la pêche sur la réduction des captures de dauphins communs.
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Néanmoins, si la fermeture aux engins à risques pour les hivers 2023-2024 et 2024-2025 apparait avoir été efficace dans la réduction du nombre de captures accidentelles, il n’est pas possible d’assurer une efficacité semblable pour l’année à venir, car par le passé des pics de captures accidentelles ont pu avoir lieu en dehors de la période de fermeture.
Prenez connaissance du bulletin du ministère paru en mars 2025 sur le Suivi des captures accidentelles de petits cétacés durant la période à risque
Hiver 2024-2025 et du rapport de Pelagis paru le 27 novembre 2025.
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