France – Lundi 21/01/2019 – energiesdelamer.eu. Coup sur coup, le mardi 15, au Sénat, et le jeudi 17 janvier à l’Assemblée nationale, les parlementaires se sont à nouveau interrogés sur la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE).

 

 

 

Julien Drive

 

Morceaux choisis relatifs aux énergies de la mer, et surtout à l’éolien offshore, d’une part lors de l’audition de la mission d’information relative aux freins à la transition énergétique à l’Assemblée nationale présidée par Julien Dive (LR, Aisne), dont le rapporteur est Bruno Duvergé (Modem, Pas de Calais), et d’autre part du débat en plénière au Sénat avec le ministre de la Transition écologique et solidaire, François de Rugy.

 

La mission de l’Assemblée nationale s’est plus particulièrement penchée sur les freins à l’éolien en mer… Avec clairement un dialogue entre administration et filière montrant, a minima, une certaine incompréhension entre les deux parties.

 

 

Stanislas Reizine, sous-directeur du système électrique et des ENR à la DGEC (Direction générale de l’énergie et du climat), a ouvert le bal, en reprenant le projet de PPE tel qu’il est sur la table en la matière. Il a rappelé que « l’éolien en mer est développé pour devenir une filière essentielle de la transition énergétique », et a signalé que, certes la maturité était différente en France pour cette filière.

 

La PPE actuelle permet de lancer un nouveau projet par an, notamment un premier projet dans la Manche, significatif, de 1 GW. Celui-ci sera suivi par un appel d’offres pour le flottant, en Bretagne, puis en Méditerranée, pour au total parvenir à 5 GW en 2023. Mais, le représentant de la DGEC d’insister : « le développement massif ne se fera que si les prix sont compétitifs. Il nous faut un retour d’expérience sur les parcs et encore améliorer le cadre réglementaire. » Et d’ajouter qu’il « a conscience qu’il y a des attentes extrêmement fortes, notamment parce que la France a des conditions exceptionnelles. » Mais, « s’il y a baisse du prix, il pourra y avoir augmentation des projets dans le futur. »

 

Au Sénat, le débat était organisé à la demande du groupe Les Républicains. Une antienne reprenant la réponse de François de Rugy au sénateur Roland Courteau (Groupe socialiste et républicain) qui l’interpelait sur l’éolien flottant, en affirmant qu’en l’état, « les demies mesures proposées sur éolien flottant « vous risquez de condamner cette filière, particulièrement en Méditerranée ».

Le ministre répondait en effet que « la cible dans la PPE est de deux fois 250 MW, d’ici à 2023, mais si les coûts de production baissent, nous pourrons aller au-delà et nous ferons des propositions dès cette année. »

 

Mais reprenons, le débat de l’Assemblée. Adrien Thirion, chef du département dispositifs de soutien aux énergies renouvelables de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), s’est, de son côté félicité de la conduite des renégociations sur les premiers appels d’offres (AO), pour laquelle, a-t-il rappelé, la CRE avait chiffré les niveaux.

 

Il estime d’ailleurs que les prix élevés de départ peuvent avoir été la conséquence des modalités d’organisation de ces premiers AO qui ont pu limiter la concurrence. En outre, il se félicite de la mise en place du dialogue concurrentiel (pour Dunkerque), puis de la loi ESOC, qui ont permis « l’amélioration du dé-risquage des projets ».

 

La CRE juge cependant qu’il demeure des points à améliorer, notamment que les « études de levées de risque devraient être menées par l’Etat, très en amont pour disposer des résultats complets avant la mise en concurrence des opérateurs. »

Le permis enveloppe aurait lieu d’aller vers une étape supplémentaire et pourrait être obtenu par l’Etat, en amont de la procédure concurrentielle pour le compte des lauréats et donc ainsi purgés de ce recours. Une anticipation qui pourrait aussi, juge la CRE se faire sur les projets de raccordement.

En termes de raccordement, c’est son collègue, Nicolas Deloge, de la direction des réseaux de la CRE, qui a rappelé que le raccordement sera désormais fait par le gestionnaire du réseau de transport, RTE conformément à la Loi.

 

Ce qui implique, a-t-il insisté, un coût compris entre 170 et 270 millions d’euros par parc. Un chiffre qui porte à 1,3 milliard d’euros les travaux pour les premiers AO, à comparer aux 1,3 mds€ d’investissements annuels consentis par RTE. Une solution issue de la renégociation des contrats avec les opérateurs, dans lequel la CRE s’est impliquée, en matière de modèles de convention de raccordement. Ainsi, « dans notre mission de régulation du réseau, nous avons à veiller à efficacité du RTE. Et inciter GRT à réduire les couts. Nous avons donc étendu un dispositif qui existait déjà pour les grands projets, avec la mise en place d’un budget cible et une incitation pour atteindre ce budget cible (fin décembre 2018) », a indiqué le responsable de la CRE.

Si ces avis ont été entendu par le représentant de la profession, Frédéric Petit, de la FEE (France énergie éolienne), le directeur business development de Siemens Gamesa ne partage pas vraiment ces satisfecits. Il estime en effet que d’ores et déjà, qu’avec des prix d’AO en Europe « entre 49 et 70 euros, l’offshore éolien posé est compétitif. » La FEE est convaincue que le projet de Dunkerque démontrera « cette compétitivité, avec un prix de l’ordre de 60 euros du MWh. » Et d’ajouter que « même sans éolienne construite, la filière a d’ores et déjà créé de l’ordre de 2 000 emplois dans les énergies marines. ». Bien entendu, la FEE « se félicite des avancées qui favorisent la baisse des coûts », reste que « trois pojnts d’attention sont encore à surveiller. »

Ainsi, il juge qu’il faut s’assurer que « le permis enveloppe doit permettre une réelle flexibilité (changer de décision sur les machines notamment). En outre, il faut encore une optimisation des temps des recours… « On est sur trois ans de recours (pour les AO du premier round) ». Enfin, il est nécessaire d’avoir une fiscalité adaptée, comme sur terrestre solaire et comme ailleurs en Europe », insiste-t-il.

 

D’où l’avis de la FEE sur la PPE. Frédéric Petit rappelle ainsi que « toutes les études montrent que l’éolien sera un contributeur majeur à la transition énergétique, que la France a le deuxième gisement en Europe, et que 18 GW en 2030, ne représente que 1% des eaux métropolitaines. »

 

Ainsi, « les premières annonces aboutissant en mer à 5 GW en 2028 négligent le potentiel et la compétitivité filière ». De plus, « l’éolien posé ne nécessitera quasiment plus de soutien public rapidement et la France est en avance avec quatre parcs pilotes sur le flottant », martèle-t-il. C’est pourquoi la FEE « estime qu’un GW par an d’éolien en mer est un minimum pour 2019 jusqu’à 2023, pour donner de la visibilité. Enfin, c’est cohérent avec les objectifs annoncés en terme d’ENR ». D’où une certaine incompréhension…


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