France – Mercredi 08/11/2017 – energiesdelamer.eu – Partie 1/3 – Sitôt dit – sitôt fait. La conférence de presse Bilan de RTE avait été reportée de quelques jours et elle coïncidait donc hier avec l’intenvention de Nicolas Hulot au Sénat et un conseil des ministres avancé d’une journée.

 

La conférence de presse de François Brottes, Président du Directoire et Olivier Grabette, directeur général adjoint de RTE a permis de prendre connaissance des cinq scénarii établis par le réseau de transport d’électricité «pour la réussite de la transition énergétique, de l’hiver prochain à 2035. La recommandation de RTE est de surseoir

Pour cet hiver, les prévisions conduisent RTE à placer cette période sous surveillance. La situation pourrait perdurer jusqu’en 2020. Les marges de sécurité s’accroissent ensuite, mais ne permettent pas de fermer les centrales à charbon et simultanément les quatre réacteurs nucléaires atteignant 40 ans de fonctionnement. Les scénarios présentent, pour la période 2025-2035, les conditions du possible pour réussir la transition énergétique ». Le communiqué précise :

  • 2017-2020 : un système électrique ajusté

Avec l’arrêt définitif des moyens de production au fioul en 2017 et 2018, le système électrique est désormais ajusté aux besoins électriques de la France. Des arrêts non prévus ou des conditions climatiques « hors norme » pourraient fragiliser l’alimentation électrique des Français. RTE est ainsi amené à placer le prochain hiver sous surveillance. En cas de vague de froid durable ou de baisse de disponibilité du parc nucléaire, RTE pourrait utiliser graduellement les solutions exceptionnelles pour maintenir la sécurité d’alimentation électrique.

 

  • 2020-2022 : différentes options sur la fermeture des centrales à charbon ou des  réacteurs nucléaires atteignant 40 ans de fonctionnement

A partir de 2020, les marges augmentent grâce à une légère baisse de la consommation et à la mise en service programmée de moyens de production (premier parc éolien offshore, nouvelle centrale au gaz de Landivisiau (Finistère) et de trois interconnexions (deux avec l’Angleterre, une avec l’Italie). Ces marges permettent d’envisager la fermeture des centrales à charbon ou de quatre réacteurs nucléaires atteignant 40 ans de fonctionnement. Ces deux mesures ne peuvent être engagées conjointement.

 

  • Horizon 2025 : moins de nucléaire, plus de CO2

La fermeture d’un nombre important de réacteurs nucléaires (de l’ordre de 24) doit être accompagnée par une forte accélération du développement des énergies renouvelables et de la construction de nouvelles centrales au gaz (plus de 11 000 MW) pour atteindre l’objectif de 50% de production nucléaire, fixé par la loi de transition énergétique.

 

  • Horizon 2035 : des scénarios volontairement contrastés pour accompagner les décisions qui construisent le système électrique de demain

Tous les scénarios aboutissent à :

. Une croissance forte des énergies renouvelables ;

. La fermeture de réacteurs nucléaires ;

.  Une évolution de la consommation électrique (stable ou en baisse dans toutes les simulations) ;

. Le développement massif du véhicule électrique ;

. La croissance de l’autoconsommation électrique.

Selon les scénarios, les émissions de gaz à effet de serre du système électrique français s’établiront entre 9 et 42 millions de tonnes (22 millions actuellement).

 

Réalisé en concertation avec l’ensemble des acteurs (producteurs, fournisseurs, distributeurs d’électricité et de gaz, ONG, organisations professionnelles, universitaires et think-tanks, institutions) et élaboré à partir de 50 000 simulations, le Bilan prévisionnel établit des scénarios robustes et exhaustifs, conformément à la mission confiée par la loi à RTE. Le Bilan prévisionnel a pour vocation d’éclairer les décisions sur les choix énergétiques permettant de disposer d’une alimentation électrique sûre et durable en 2035.

 

Nicolas Hulot pris dans un étau ?

RTE a emporté « la manche » alors même que l’association NegaWatt ou l’Ademe, l’agence publique chargée de l’énergie avaient proposé d’autres scénarii. 

La Loi de 2015 prévoit de ramener de 75 % à 50 % d’ici à 2025 la part de l’atome dans la production d’électricité française, un objectif qui avait été fixé après des mois de débats au Parlement.

« Si l’on veut maintenir la date de 2025 pour ramener dans le mix énergétique le nucléaire à 50 %, ça se fera au détriment de nos objectifs climatiques. Et ça se fera au détriment de la fermeture des centrales à charbon et probablement que si l’on voulait s’acharner sur cette date, il faudrait même rouvrir d’autres centrales thermiques », avait souligné Nicolas Hulot.

Le moment ne tombe pas très bien en plein COP23 … les écologistes « sont vent debout » mais visiblement l’agenda parlementaire  n’est pas toujours en phase avec la transition. 

Le gouvernement commence à élaborer la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) pour la période 2019-2023. La question de la part du nucléaire dans le « mix énergétique » français sera au cœur des débats alors que seule la fermeture des deux réacteurs de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) a été actée et doit intervenir au moment de la mise en service par EDF de l’EPR de Flamanville (Manche). Elle doit fermer « dans le quinquennat », avait indiqué Nicolas Hulot. « Dans un an nous aurons un scénario totalement planifié. Nous serons capables de savoir combien de réacteurs, à quelle échéance et sur quel critère nous allons parvenir à cet objectif et donc nous rentrons dans la mise en œuvre », a promis le ministre ce matin sur RMC.

 

Points de repère

 

Le 7/11/2017, après la présentation de l’analyse de RTE, Nicolas Hulot était au Sénat pour défendre le projet de Loi Fin de la recherche et de l’exploitation des hydrocarbures et sa position sur le changement climatique, l’accord de Paris, la COP23 et le report de la fermeture des centrales nucléaires (voir son audition le 7/11/2017). Il s’est appuyé aussi sur l’analyse de RTE pour expliquer dès hier soir sa position à la TV Public Sénat :

 

« On ne revient pas sur les objectifs, on les rend tous compatibles »

En effet, le ministre de la Transition écologique considère que « 2030 ou 2035 » est une échéance plus réaliste que 2025 pour ramener la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50%, d’où son annonce à ce propos ce mardi.

« On va maintenir cet objectif de 50% mais le rendre réalisable, le repositionner dans le temps », insiste-t-il pour contrer les accusations de « reculade » à son encontre.

 

Il a tenu à rappeler qu’il « ne revient pas sur l’objectif de fermer les centrales à charbon en 2022 » et que le gouvernement « programme la sortie des hydrocarbures et la fin des centrales thermiques, ce que pas beaucoup de pays ont fait ».

 

L’analyse de RTE sur 2020 et 2022, met en évidence qu’il « est possible de fermer l’ensemble des centrales à charbon ou de fermer les quatre réacteurs nucléires arrivant à échéance des 40 ans de fonctionnement d’ici fin 2012 : Tricastin 1 et 2 ainsi que Bugey 2 et 3. Mais que les fermetures de l’ensemble des centrales à charbon et des quatre réacteurs ne peuvent être combinées sans dégrader la sécurité d’approvisionnement : un choix doit être fait ». Nicolas Hulot a donc fait le choix !

 

Dans son interview, le ministre en a profité pour tacler ses prédécesseurs afin d’appuyer ce changement de calendrier : « C’est facile de fixer des objectifs et de ne pas regarder si c’est faisable, ou du moins si c’est faisable sans conséquences. »

 

Au Sénat à l’occasion du projet de loi mettant fin à la recherche et à l’exploitation d’hydrocarbures en France d’ici à 2040, Nicolas Hulot a été interrogé sur les dérogations à l’interdiction de ces substances, adoptées lors du passage du texte à l’Assemblée. Il assure n’avoir accepté « aucun recul » mais « fait en sorte que le texte ne soit pas retoqué au Conseil constitutionnel ». « On aurait été condamnés à de lourdes indemnités », tient-il à préciser. 

 

Et de conclure : « Il y a ceux qui vont juste regarder les deux trois gouttes de pétrole qui vont passer à travers ce projet de loi mais ce qui serait bien c’est de voir plutôt qu’il s’agit d’un texte inédit qui nous met en ordre de marche pour préparer la sortie des énergies fossiles. »

 

https://www.youtube.com/watch?v=QFgZHVrDZ54


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