Royaume-Uni – Vendredi 27/09/2019 – energiesdelamer.eu – La pression ne monte pas uniquement à cause du Brexit dans les rangs du parti travailliste britannique, en congrès depuis le début de la semaine. Le Labour vient en effet de présenter son PPP (pour People’s Power Plan) visant à porter la capacité éolienne offshore du pays à 52 GW d’ici à 2030… Avec une entité dédiée à la mise en œuvre qui sera majoritaire dans les parcs.

 

Le Labour estime que quelque 67 000 emplois seront créés dans le secteur offshore éolien, notamment en Ecosse, dans le Yorkshire & Humber (Est), en East Anglia et dans le Nord-Est de l’Angleterre. 

 

Un fond dédié, le People’s Power Fund, sera créé prenant 20% de l’ensemble des bénéfices de ces entités publiques, afin d’investir entre 600 millions de livres et 1,020 milliard de livres (soit de 675 M€ à 1,15 md€) annuellement dans des infrastructures utiles aux communautés côtières, notamment dans l’aménagement des ports, des centres de loisirs et des parcs.

 

Le solde des bénéfices réalisés par les parcs sera réinvesti dans de nouveaux projets renouvelables, dans le système énergétique et dans la « transition climatique ».

 

Des régies régionales

 

Des agences régionales d’énergie seront propriétaires, développeuses et exploitantes à hauteur de 51% dans les nouveaux parcs, « à l’image des régies énergétiques (statdwerke peut être employé, ou SEM, même si le Labour ne les utilise pas, ndlr) en Belgique, en Allemagne et au Danemark, » précise le compte-rendu du Labour rendu public en début de semaine. Le plan conduit à un investissement de quelque 83 md£ avec des fonds privés et publics sur les côtes britanniques, en partenariat avec des sociétés privés et étrangères.

Sur ce total pour 2020-2030, 6,2 md£ seront fournis par des fonds propres du gouvernement, autant par les régies régionales de l’énergie, 12,5 md£ par des fonds privés et 58 md£ par un recours au financement de projet par le secteur privé.   

Ces agences régionales (REA en initiales anglaises) s’occuperont également de distribution d’électricité et de gaz, et installeront des panneaux solaires, enfin, elles seront aussi chargées de déployer des bornes pour les véhicules électriques.

 

Reprendre la main

 

Pour expliquer le choix des sociétés d’économies mixtes (SEM), le texte du Labour détaille le développement de l’éolien offshore à ce jour. « Près de 10 GW sont installés ou en cours Outre-Manche, dont 51% sont détenus par des entités publiques étrangères, Orsted (Danemark), Vattenfall (Suède) et Masdar (EAU), 42% par des compagnies privées étrangères, comme Iberdrola-Scottish Power (Espagne), Innogy (Allemagne) et Maquarie (Australie), 7% sont aux mains de socités privées britanniques, comme SSE et Centrica et une seule machine est possédée par l’entité publique Offshore Renewable Energy Catapult. 

 

La Suède, la Norvège et Danemark ont toutes mis en œuvre des champions industriels nationaux publics afin de profiter du boom de l’éolien offshore, indique le Labour. 

 

Orsted est propriétaire de 30% des parcs britanniques et est le premier développeur mondial en la matière. Le norvégien Equinor est à la pointe du développement des nouvelles technologies comme l’éolien flottant et prépare l’après pétrole pour la Norvège. Le fond souverain norvégien (pour le pétrole) a également démontré l’importance de détenir une part publique des ressources énergétiques offshore, plutôt que de privatiser les actifs et de perdre le contrôle des revenus futurs.

 

Les entités municipales des villes allemandes de Munich et Darmstadt sont devenues des développeurs importants de parcs offshore éolien, ramenant des revenus pour leurs services locaux dans leurs cités. La Stadtwerke München détient par exemple 30% du parc offshore de Gwynt y Môr, au large de la côte galloise.

Rebecca Long Bailey explique que « notre vent va devenir bientôt notre première source d’énergie. Alors que l’industrie éolienne offshore est encore jeune, le Royaume-Uni a l’occasion d’éviter de répliquer l’expérience britannique du pétrole de mer du Nord et d’apprendre de pays comme la Norvège et la Suède en étant propriétaires de ce qui nous appartient déjà. En prenant une part dans l’éolien offshore, nous pouvons bénéficier collectivement des profits, et investir dans nos communautés côtières. »

Et de conclure que cela « fait partie de notre révolution industrielle verte » et que « nous pouvons ainsi lutter contre l’urgence climatique et créer une économie meilleure pour tous. » 

Reste à trouver le chemin de nouvelles élections au Parlement et à être en position d’avoir la majorité… En ces temps agités outre-Manche, c’est loin d’être gagné!


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