France – Mardi 05/03/2019 – energiesdelamer.eu. Interview exclusive. Les préfectures de Seine-Maritime et de la Somme ont annoncé le 26 février 2019 dans un communiqué commun avoir autorisé par arrêtés la réalisation du parc éolien offshore au large du Tréport et de Dieppe (Seine-Maritime).

 

Le parc de la Société Eoliennes en Mer Dieppe – Le Tréport (EMDT) projet lauréat du 2ème appel d’offres de 2014 sera composé de 62 éoliennes, d’une puissance totale de 496 MW, à 17 km au large de Dieppe et 15,5 km du Tréport, à une profondeur de 14 à 24 mètres. Les actionnaires d’EMDT sont Engie, EDP Renewables et La Banque des Territoires.

A cette occasion, energiesdelamer a rencontré Bruno Hernandez, le président d’Eoliennes en mer Services qui gère les deux sociétés Eoliennes en mer chargées des projets Dieppe Le Tréport (EMDT) et Yeu-Noirmoutier (EMYN).

 

EDM : Les feux viennent de passer successivement au vert sur les dossiers Yeu-Noirmoutier et Dieppe-Le Tréport. Quelle est désormais la suite des événements ? A quelle date pensez-vous être en mesure de démarrer les travaux ? Les recours sont-ils tous épuisés ?

 

Bruno Hernandez : Pour Dieppe – Le Tréport, nous avons passé une semaine clé qui permet de passer à une nouvelle étape, après une précédente étape longue (elle avait commencé en mai 2017) : se consacrer à la préparation de la phase de construction. Pour les recours, comme il s’agit d’arrêtés, chacun peut faire l’objet d’un recours. Sur Yeu Noirmoutier, nous avons déjà des recours, et nous nous attendons à en avoir sur Dieppe Le Tréport (DLT). Le temps de recours est désormais de 2 mois après l’autorisation donnée sur DLT le 26 février dernier. Pour être exact, il y a un délai de 2 mois pour déposer un recours gracieux et 2 mois supplémentaires pour déposer un recours en contentieux. Nous misons donc sur une hypothèse où nous devons intégrer des durées de recours de 1 an et demi à deux ans.

En termes de calendrier, nous travaillons désormais sur la consultation (déjà lancée depuis deux ans en fait) et la sélection des fournisseurs, et le lancement de la fabrication. Ensuite, sous réserve des recours, la partie travail en mer commencera en 2022, pour une mise en service à partir de fin 2023.

 

07 03 019 Copyright SiemensGamesa ok

 

EDM : Pour la partie fournisseurs, vous disposez déjà des machines Siemens Gamesa… Où seront-elles fabriquées ?

Bruno Hernandez : Nous avons effectivement opté pour l’éolienne de 8 MW de Siemens Gamesa. Comme l’a annoncé le fabricant le 25 février dernier lors d’une réunion qui s’est tenue au Havre en présence des autorités des collectivités territoriales et locales, cette éolienne sera produite dans l’usine du Havre. Les machines seront donc bien fabriquées dans ce nouveau site, il n’y a pas de plan B. Et notre calendrier correspond à celui de la mise en service de cette usine, prévue fin 2021.

 

 

Par ailleurs, un appel d’offres a été lancé pour les fondations et sur la sous-station en mer, c’est également en cours. L’appel d’offres pour les câbles inter-éoliennes (RTE, le gestionnaire de réseau est chargé des câbles pour l’atterrage, ndlr) va être lancé également. Pour la pose (donc les navires ad hoc), les contrats signés avec les fournisseurs seront « installation comprise », sauf pour l’instant pour les éoliennes elles-mêmes, mais nous en discutons avec Siemens Gamesa. Les appels d’offres fournisseurs sont lancés pour les deux parcs simultanément.

 

EDM : La zone est-elle totalement libérée des UXO, ces objets non identifiés, notamment le matériel militaire (mines, bombes) vestige de la seconde guerre mondiale ?

Bruno Hernandez : Pour DLT, une première campagne d’investigation et de détection géophysique a été réalisée par GEOxyz d’avril à juin 2018. Des relevés pour les UXO ont été réalisés sur les zones de tous les futurs emplacements des fondations ainsi que sur les trajets des câbles inter-éoliennes à la sous-station. Et ce travail de libération est à la charge du développeur. C’est ensuite à RTE de réaliser ce travail sur le trajet du câble d’atterrage. En revanche, une nouvelle campagne devra se tenir avant la construction pour caractériser définitivement les objets. Si des bombes ou des mines sont identifiées, les déclarations seront faites à l’Autorité maritime qui est compétente pour faire exploser les engins identifiés.

 

EDM : Comment prenez-vous en compte la dimension environnement dans les travaux à venir et passés ?

Bruno Hernandez : La question est traitée différemment sur DLT et sur YN. Le sol n’est en effet pas le même. Sur DLT, les fondations jacket vont reposer sur des pieux qu’il faut enfoncer par battage. Sur YN, ce sera via un forage. Ainsi sur DLT, les protections en phase de construction concernent plus particulièrement la phase de battage, afin d’atténuer les niveaux de bruits. Plusieurs techniques vont être mises en œuvre, comme des mesures d’effarouchement des mammifères marins, ou encore la mise en place de rideaux de bulles. En outre, nous avons choisi volontairement de ne pas travailler pendant les quatre mois les plus sensibles pour le développement des mammifères marins (entre février et mai). Une contrainte choisie qui doit tout de même permettre de réaliser le parc dans les temps voulus.

Par ailleurs, lors de la préparation du dossier DLT, suite aux demandes du Parc naturel marin des Estuaires picard et de la mer d’Opale, nous avons décidé de surélever de 15 mètres les éoliennes. Ce choix représente nécessairement un surcoût, mais cela reste raisonnable.

Cette solution trouvée en interne nous permet en effet de réduire d’au moins 50% le risque de collision pour l’ensemble des espèces d’oiseaux, dont de nombreuses espèces volent en moyenne en dessous de 30m au-dessus du niveau de la mer.

Par ailleurs, nous avons par le passé échangé avec l’IFREMER ou le CEREMA par exemple. Les données collectées sur le parc iront aussi au SHOM. Et nous allons créer un Groupement d’intérêt scientifique (GIS) dont le but est justement le partage des données et le suivi des mesures prises par le projet pour l’environnement. Il pourra aussi alimenter les services de l’Etat. Ce GIS est financé par nous-même et à l’avenir pourquoi pas aussi par d’autres organismes qui en feront parties. Cette démarche a aussi été initiée pour Yeu-Noirmoutier.

 

 

 

Points de repère

 

 

Le Directeur de projet pour Dieppe Le Tréport est Christophe Leblanc

05/03/2019 – Dieppe-Le Tréport : La convention de concession du domaine publique est signée et l’Arrêté est paru le 26/02/2019

 

Lucie Forget est la directrice du développement du projet d’éolienne de l’Île d’Yeu et de Noirmoutier

22/02/2019 – Yeu-Noirmoutier Redevance : La convention de concession du domaine publique est signée … Il y a un peu plus d’an !  

 

Les deux parcs éolien en mer sont respectivement membres de Neopolia et CCI Business

 

Photo: Copyright Siemens-Gamesa  


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