Irlande – Mercredi 02/10/2019 – energiesdelamer.eu – La septième édition d’Ocean Energy Europe (OEE) a une nouvelle fois été l’occasion de voir l’Ecosse, le Pays de Galles, et l’Irlande, les « pays » voisins de la mer d’Irlande, parler quasiment d’une même voix pour défendre une industrie en pleine montée en puissance.

 

Irlande

Honneur au pays accueillant la manifestation, c’est Richard Bruton, le ministre irlandais de la Communication, de l’action climatique et de l’environnement, qui a ouvert le bal. Il a rappelé que son pays s’était engagé en juin dernier dans un plan d’action climatique visant à parvenir à zéro émission nette à l’horizon 2050. Quelques 183 actions sont envisagées par le pays, a-t-il insisté, avec la création d’une nouvelle politique en matière énergétique afin de parvenir à cet objectif. Et dès la semaine prochaine, l’Irlande mettra un prix sur le carbone, en commençant à 20 €/t, en visant les 80 €/t à terme, afin de favoriser le passage des énergies fossiles aux renouvelables et à l’efficacité énergétique.

 

Côté énergies marines, la République irlandaise affiche d’abord un engagement en faveur de 3,5 GW d’éolien offshore à l’horizon 2030, étape intermédiaire identifiée par le gouvernement. Comme l’a souligné le ministre, c’est en effet solaire et éolien terrestre qui vont constituer le gros de l’effort à court terme. Mais, le potentiel du pays en termes d’offshore est dix fois celui à terre, a insisté Richard Bruton. L’Offshore Renewable Energy Development Plan (OREDP) a identifié un potentiel de quelque 70 GW en énergies marines (éolien, vagues et courants) jusqu’à 100 km des côtes irlandaises. Néanmoins, pour l’heure l’essentiel des projets se concentre en mer d’Irlande.

Les premiers appels d’offres pour l’offshore auront lieu en 2020-2021, a confirmé le ministre irlandais. Quant aux énergies marines (hors-éolien), le gouvernement a décidé de soutenir fortement la recherche et le développement. Une R&D qu’i faut mener en collaboration avec l’Union européenne, mais aussi avec ses voisins, comme le Pays de Galles.

 

Accord irlando-gallois

 

A l’occasion d’Ocean Energy Europe – OEE, un accord annoncé le 29/07/2019 a ainsi été signé par Richard Bruton et son homologue galloise, Lesley Griffiths, autour du projet Selkie*, reliant les universités de Cork*, en Irlande et de Swansea, au Pays de Galles qui dirigent le projet auxquels sont associés, le Pembrokeshire Coastal Forum, l’entreprise Menter Môn, DP Energy Ireland et Gavin and Doherty Geosolutions.

 

. Un projet qui vise à transférer les savoir-faire à quelque 150 PME impliquées dans le secteur irlandais et gallois, en identifiant les besoins (des financements à toute la supply chain) et avec pour objectif de réduire les coûts de projets et augmenter la performance des systèmes. Deux appels à projet seront lancés, afin de valider sur un parc marémoteur et un parc houlomoteur les différents aspects du montage de projet. Ce projet est financé par des fonds européens dans le cadre de la coopération irlando-galloise, à hauteur de 5 millions d’euros, dont les trois-quarts seront consacrés à la mise en place d’une boîte à outils pour les développeurs (des capteurs aux bases de données). Un financement garanti pour les trois années à venir, Brexit ou pas Brexit, insiste Ian Masters, professeur à l’Université de Swansea, en marge de la signature de l’accord.

 

Une « ombre du Brexit », comme l’a soulignée Lesley Griffiths, qui a plané sur l’ensemble des discours des ministres et des acteurs du secteur anglo-saxon, à l’aune des soutiens financiers européens qui pourraient être remis en cause.

 

La ministre galloise a néanmoins rappelé l’engagement de la région avec un objectif d’une réduction de 95% des émissions carbonées qui devrait se concrétiser l’an prochain par une législation ad hoc. Et d’indiquer qu’à terme c’est bien vers un objectif zéro émission que le Pays de Galles compte se tourner.

 

Lesley Griffiths a ainsi indiqué que cet objectif se traduit d’ores et déjà, en termes d’énergies marines, par un engagement financier de la région à hauteur de 71 millions d’euros autour d’une bonne dizaine de projets, qui doivent « bénéficier au Pays de Galles ». C’est par exemple le projet Minesto, qui dispose d’un financement européen de 14,9 M€, et qui vise à installer à un terme proche un véritable parc de 80 MW grâce à cette technologie de kite sous-marin. Ou encore le projet marémoteur de Swansea Bay, qui atteint une phase critique de déploiement, et pour lequel la région a déjà investi 3 M€.

 

Le Pays de Galles entend bien aider pour qu’il y ait plus de machines installées en mer, ce qui va reposer sur des collaborations internationales, et une mise en réseau transfrontalière, comme avec le partenariat irlando-gallois signé le 30 septembre à l’occasion d’OEE, insiste la ministre galloise.

 

L’Ecosse demeure le poste avancé des EMR

Pionnière des énergies marines, l’Ecosse n’est pas en reste, a martelé Paul Wheelhouse, le ministre écossais de l’Energie, de la connectivité et des îles. Et elle peut bénéficier du soutien de la population, a-t-il insisté, rappelant que 80% des Ecossais, mais aussi des Britanniques soutiennent le développement des énergies marines.

Paul Wheelhouse a, lui aussi, évoqué l’ombre du Brexit, rappelant que la collaboration transfrontalière était « plus importante que jamais » à l’aune d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne avec un « no deal ». « C’est pour cela que nous sommes réunis ici à OEE ».

L’Ecosse a adopté en avril dernier un objectif ambitieux : zéro carbone en 2045. L’énergie verte constitue l’une des clés pour tenir cet objectif a insisté le ministre. La région septentrionale du Royaume-Uni a injecté quelque 40 millions de livres dans le secteur des énergies marines depuis 2014. En outre, la transition énergétique écossaise mise également sur le transfert des compétences entre l’Oil&Gas et les énergies marines. Et comme ministre chargé des îles, nombreuses en Ecosse, Paul Wheelhouse a rappelé l’incroyable opportunité que représentait les énergies marines pour ces systèmes électriques le plus souvent isolés.

 

L’Irena aussi

L’Irena (agence internationale des énergies renouvelables) organisait à la suite d’OEE à Dublin un atelier sur les énergies marines. Roland Roesh, directeur-adjoint chargé de l’innovation et de la technologie en a profité pour indiquer que l’organisation internationale, qui compte désormais 160 pays membres allait se pencher plus avant sur ces énergies. Selon lui, même si le fameux LCOE (le coût en résumé) des EMR demeure élevé par rapport à celui des autres renouvelables, elles pourraient contribuer à hauteur de plus de 500 GW à l’approvisionnement en renouvelables, en 2050, soit quasiment autant que les bioénergies, et trois fois plus que la géothermie. Et de nombreux pays insulaires poussent l’Irena à les aider à partager les acquis des expériences étrangères et à développer ces énergies.

 

 

Points de repère

* L’University College Cork abrite le centre de recherche MaREI, qui bénéficie d’une expérience de plus de 30 ans dans le domaine des énergies marines et renouvelables. 

 

22/02/2019 – GDG et MAREAL ont travaillé en partenariat sur les fondations d’Haliade-X 12


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