Méditerranée – 17/12/2021 – energiesdelamer.eu. Un résultat décisif de la COP22. A partir du 1er janvier 2025, les navires traversant la Méditerranée ne seront autorisés à utiliser que des carburants à faible teneur en soufre dans l’objectif d’améliorer la qualité de l’eau et de l’air de cette zone maritime. C’est une entente importante entre les pays du bassin qui se sont entendus lors de la COP22 pour créer une zone de contrôle des émissions d’oxydes de soufre (SECA) pour la Méditerranée.

Aujourd’hui, 90% du commerce international qui est transporté par mer. Plus précisément, par des cargos essentiellement alimentés à l’énergie fossile, fuel lourd en tête. Selon l’OMI elle-même, cela correspond à 3% des émissions mondiales de  CO2. Mais les chercheurs tirent la sonnette d’alarme : d’ici à 2050, cette part pourrait grimper à 10% des émissions mondiales. Et selon un rapport de l’OMI de 2020, cela pourrait représenter de 90% à 130% des émissions de 2008.

L’accord SECA

Lors de la COP22 des parties contractantes à la Convention de Barcelone à Antalya, un accord a été trouvé entre les pays méditerranéens sur la création de la zone de contrôle des émissions d’oxydes de soufre (SECA : Sulfur Emission Control Area) pour la Méditerranée. Signé le 8 décembre, ce résultat est l’aboutissement de 5 années de travail. De longues discussions et négociations en lien avec la Commission européenne ont eu lieu avec l’Égypte mais également avec Malte, Grèce et Chypre.

Selon cet accord, les navires traversant la Méditerranée ne seront autorisés à utiliser que des carburants à faible teneur en soufre dans l’objectif d’améliorer la qualité de l’eau et de l’air de cette zone maritime. En utilisant des carburants soufrés, les navires engendrent dégradent la qualité de l’air des villes portuaires, comme à Marseille qui enregistre 20 % des émissions d’oxydes d’azote, 70 % des émissions d’oxydes de soufre et 2 % des émissions primaires de particules fines.

Cette décision importante aidera également les États membres de l’UE à protéger leurs territoires maritimes et à respecter les engagements environnementaux pris dans le cadre de l’accord vert européen, notamment la stratégie en faveur de la biodiversité et le plan d’action pour une pollution zéro.

Le Canal de Suez n’est pas inclus dans la SECA

La SECA entrera en vigueur le 1er janvier 2025 et couvrira toute la Méditerranée, de Gibraltar à la la limite de la zone d’attente du canal de Suez en Méditerranée. Le Canal de Suez ne sera en effet pas inclus dans la SECA.

Cette décision est inédite en terme de coopération internationale mais aussi pour la santé publique, la qualité de l’air et le milieu marin. Elle doit permettre de réduire jusqu’à 80 % des émissions de particules fines et ultrafines. En effet, lorsque les navires se trouvent dans les ports, en particulier dans des agglomérations densément peuplées, les émissions augmentent les niveaux de pollution urbains.

Objectif – faire approuver l’accord par l’OMI, que la mer Méditerranée devienne une zone SECA

Il reste à concrétiser cette décision par une soumission à l’Organisation maritime internationale (OMI) lors du prochain Comité Environnement (MEPC) en juin 2022, mentionne le ministère de la Mer dans son communiqué de presse !

POINTS DE REPÈRE

07/12/2021 – Avant la COP22, retour sur le Forum « 2020 » des AMPs en Méditerranée. Tribune d’Yves Henocque – Plan Bleu

25/11/2021 – L’OMI sommée de réhausser son ambition climatique

En 2018, l’association française des capitaines de navires (AFCAN) avait rappelé la complexité de la réglementation des émissions de soufre en Europe, après l’affaire du paquebot Azura, dont le capitaine avait été condamné à 100 000 € d’amende pour avoir utilisé un fioul à 1,68% de soufre à Marseille, supérieure à la limite autorisée (1,5 %). C’était la première fois qu’un capitaine et son armateur étaient condamnés, lors que contrairement aux riverains de la Manche, de la mer du Nord et de la Baltique, les Marseillais ne bénéficient pas d’une zone d’émission contrôlée de soufre qui contraint depuis 2015 les navires à utiliser un carburant dont la teneur en soufre est inférieure ou égale à 0,10 % en masse.

Le paquebot avait été contrôlé le 28 mars 2018 par le Centre de sécurité des navires lors d’une escale dans le port de Marseille. Le contrôle pratiqué sur l’Azura avait mis en évidence qu’avant de faire escale à Marseille, le navire avait chargé la veille à Barcelone (Espagne) un carburant avec une teneur en soufre de 1,75 %. Le prix de la tonne de carburant à taux de soufre élevé (1,72 %) est de $ 379 (329 euros), contre $ 614 pour un fioul moins soufré (0,09 %). La partie civile était France Nature Environnement.

Le Cimer – Ports.

 

Bon à savoir, le trimestriel MerVeille Energie#6 à paraître pour la fin du 4ème trimestre, publie un dossier sur « les Ports, un écosystème pour la transition énergétique » réalisé par Dominique Pialot, avec notamment des interviews de Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, Loig Chesnais-Girard président de la Région Bretagne, Philippe Joscht et Fabrice Daly du CEREMA…


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