DOUGLAS (Ellan Vannin – R-U) – 14/11/2008 – Blog Les énergies de la mer – 3B Conseils – L’île de Mann, paradis fiscal bien connu des intéressés, bien que située à 34 milles (62 kilomètres) au large de l’Angleterre dans la mer d’Irlande, est plus ou moins indépendante du Royaume Uni, ne fait pas partie de l’Union Européenne, et recèle, entre autres richesses, un inégalable gisement d’énergies marines dont elle ne fait absolument rien. Selon le Financial Times du 11/11/09 (ICI) qui s’est penché sur ce cas, le statut atypique de l’île (autonome sans l’être tout en l’étant!) n’en finirait pas de lui coûter les yeux de la tête (pour ne parler que de ça!) dans le domaine de l’approvisionnement énergétique. Elle n’est pas la seule île dans ce cas, inutile de le préciser ! Même si à Mann, je dois le dire, le cas en termes d’énergies, est assez exemplaire de ce que l’on peut faire de pire quand on est une île dotée d’autant de ressources naturelles… et d’autant de fric ! Le gouvernement Mannois a investi environ 400 millions de livres sterling (465 millions d’euro) au cours de la dernière décennie dans l’amélioration de sa production d’électricité et de ses infrastructures d’approvisionnement en énergie, mais en ignorant soigneusement ses gisements maritimes. La somme rondelette a servi principalement à la connexion au réseau du Royaume-Uni d’un câble sous-marin de 40 MW commandé en 2000 et à la livraison en Mars 2004, de Pulrose, une usine à gaz (la bien nommée) de 84 MW qui a commencé à fournir une grande partie de l’île en électricité. Bien que le prix de l’électricité sur Mann soit plus élevé qu’au Royaume-Uni, l’usine à gaz aura au moins permis par rapport à une centrale au fuel classique d’économiser, selon la Manx Electricity Authority (MEA), 20 millions de livres (23 millions d’euro) et de  » se doter d’un réseau de distribution électrique des plus modernes « .(!) Une fois toutes ces menues dépenses et menues économies réalisées, dans une île dont la demande croit de 1% par an, en électricité, la question finit par se poser publiquement de savoir si l’éolien offshore et les énergies de la mer ne seraient pas, par hasard-finalement-peut être-un peu-plus ou moins, une solution appropriée ? En plein dans le mille ! du fait notamment comme je l’ai dit que cette île recèle des gisements éoliens et de courants marins très importants. Et même, selon Mike Proffitt, ancien directeur du MEA et aujourd’hui à la tête d’une exploitation d’énergie des vagues en Australie, l’île de Mann serait  » en bien meilleure position que tout le reste du Royaume-Uni pour devenir autonome grâce aux énergies renouvelables. Elle recèle des gisements éoliens offshore capables de fournir bien au-delà de la capacité actuellement nécessaire et nécessaire dans le futur « . A quoi s’ajoute un potentiel d’exploitation de l’énergie des vagues et des courants très impressionnant, notamment dans les sites de Point of Ayre et de la Péninsule de Langness.
Fort de ces questionnements publics, le gouvernement de l’île de Mann a donc finalement décidé de mettre en place un groupe de travail chargé  » d’examiner la potentialité de production d’énergie des énergies renouvelables, à travers toute une gamme de technologies « . La formulation vaut son pesant de turbines mais l’impayable humour mannois ne s’arrête pas là ! L’ironie de l’histoire veut en effet que cette île, qui est si timide avec l’usage des énergies renouvelables de la mer, soit aussi celle sur laquelle se sont implantés, pour des raisons fiscales évidentes, les sièges de la plupart des grandes compagnies d’énergies renouvelables britanniques… mais pas seulement ! Ces compagnies de technologies propres, qui ne dédaignent pas la fréquentation des paradis fiscaux où l’argent, c’est bien connu, ne l’est pas toujours, cumulent sur le marché, selon le Financial Times, une valeur de 1,7 milliard de livres (2 milliards d’euro). Amusant quand on y pense ! Le manque criant de parcs éoliens offshore dans un environnement qui recèle largement les gisements nécessaires à leur exploitation, et qui héberge un grand nombre de compagnies agissant dans ce domaine met en évidence un paradoxe, on va dire, qui ne tient pas seulement à des résistances d’ordre environnemental. Bien que la crise financière mondiale ne semble pas avoir dans les paradis fiscaux le même impact qu’ailleurs, le gouvernement de cette arrière-cour de la Couronne Britannique qu’est l’ile de Mann est maintenant confronté à des choix et devra prouver sa volonté politique d’y faire face.
Article : Francis ROUSSEAU
Docs : sites liés. Photos 1 : Ellan Vannin (l’ile de Mann) vue d’avion © WikiCommons. 2 le phare de Point of Ayre © DP.

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