SAINT-DENIS – (Ile de la Réunion- France – U.E) – 01/07/2010- 3B Conseils – Selon deux journaux réunionnais, Linfo.re et Zinfos974, la Région Réunion a affirmé, le 29 juin 2010, sa volonté politique de voir se concrétiser le projet d’Energie Thermique des Mers (ETM) à la Réunion dont j’ai parlé à plusieurs reprises dans ce blog. Les études de faisabilité technique, environnementale et économique prévoient désormais la mise en place du projet d’ici 2014-2015 dans la Ville du Port. Il s’agira alors de mettre en service la première centrale pilote ETM au monde d’une puissance de 10MW qui devrait fournir de l’électricité pendant 25 ans à 10000 foyers soit 70000 personnes (chiffres Zinfos974). Son coût est estimé aujourd’hui à 400 millions d’euros que devront lever d’ici 2015 le Conseil Régional de La Réunion et DCNS (leader mondial du naval militaire), l’un des principaux porteurs du projet. Des travaux de « levées de risques » technologiques et environnementaux ont été réalisés avec l’aide financière de DCNS, de la Région et du Plan de relance de l’État. Jean-Ballandras, secrétaire général des affaires régionales, a précisé :  » L’ETM participera au mix énergétique de l’île, qui vise l’autosuffisance en énergie électrique à l’horizon 2025. Une énergie 100% propre, à l’abri des fluctuations du marché « . La Réunion n’est pas le seul département français situé sur la ceinture tropicale (position géographique indispensable à l’exploitation de l’ETM), mais c’est sans doute le département qui a su être le plus réactif et qui fournit les meilleurs atouts en termes d’infra-structures, de recherches, d’industries et de compétences sur le suivi du milieu marin. La Réunion apparait donc, à plus d’un titre, un très bon point de départ pour la technologie ETM, dont l’île devrait devenir du même coup la vitrine internationale.
Dès 2011, sur le site de l’IUT Terre Sainte, un premier prototype à terre sera opérationnel (illustration ci-contre). A échelle réduite, il sera la réplique de l’un des quatre modules énergétiques qui composeront la future centrale pilote du Port. Il permettra de tester les modèles, puis ensuite de former les ingénieurs et les techniciens à cette technologie complexe qu’est l’ETM. Le prototype terrestre de l’IUT Terre Sainte coûtera 5 millions d’euros. Je rappelle une fois de plus, tout en invitant nos lecteurs à consulter les articles déjà parus dans ce blog, que la technologie ETM (OTEC en anglais) consiste à utiliser la différence de température qui existe entre les eaux océaniques de surface et les eaux dans les profondeurs de façon à faire fonctionner une turbine thermique. L’ETM est une énergie marine qui produit de l’électricité sans arrêt, tous les jours de l’année et 24h/24. La seule contrainte requise est que, du fait des lois de la thermodynamique, la différence entre les températures des eaux de surface et celles des eaux de profondeur se situe toute l’année autour de 20 degrés, d’où l’obligation d’exploiter cette technologie exclusivement dans les zones tropicales où la température des eaux de surface est constante peu importe le moment de l’année.
L’ETM ne fournit pas seulement de l’électricité mais aussi des produits dérivés comme l’eau douce (désalinisée), ou la climatisation à l’eau froide des profondeurs (aussi appelé SWAC, cf. nos articles sur ce sujet). A la Réunion, l’ETM devrait générer de nombreux emplois et permettre d’accroître fortement l’autonomie énergétique de l’île.
La décision prise avant hier est le fruit de longs travaux préliminaires entamés en 2002 par la Région Réunion à travers l’ARER, par un travail de veille et de réflexions stratégiques sur les filières technologiques des énergies marines. En 2008 et 2009, les actions de l’ARER auprès de la Région ont permis de mener des études sur l’opportunité de développement de l’ETM et des technologies marines associées (climatisation, aquaculture…) sur les communes du Port et de Sainte-Rose. Ont été également menées des analyses de la ressource eau froide en profondeur à la Réunion entre 1000 et 1500 mètres, à partir de données et de prélèvements en mer.
Les autres projets ETM au stade de l’étude de faisabilité ailleurs dans le monde se situe en Polynésie française, à Hawaii, au Japon et aux îles Palaos (cf. notre article du 6 mai 2008 ICI). Si le projet de l’usine pilote de la Réunion voit le jour à temps, la France deviendrait donc le leader mondial en matière d’ETM, à l’image de la Norvège dans le domaine de l’énergie osmotique. La volonté régionale existe et vient d’être clairement démontrée. Tout laisse à penser que la volonté gouvernementale devrait l’appuyer à en croire les déclarations faites par Nicolas Sarkozy lors de sa récente visite à Lorient. Lors de cette visite en effet, le Chef de l’État a dressé la feuille de route de DCNS, avec comme objectif de doubler son chiffre d’affaires en dix ans. Une croissance qui passe par la diversification :  » Nous, actionnaires de l’entreprise, nous soutiendrons la diversification des activités de DCNS « , a insisté le Président de la République en citant, entre autres programmes les énergies renouvelables :  » On est au tout début des connaissances énergétiques de la mer. Je ne verrais que des avantages à ce que vous vous développiez dans ce secteur. « 

Article : Francis ROUSSEAU
Docs : sites liés.Photos 1 : Préfiguration centrale Pilote ETM en mer © DCNS

A LIRE AUSSI SUR LE SUJET :
DCNS et les Energies Marines Renouvelables : en route vers une filière industrielle en France (21 mai 2010)
E.T.M : étude de faisabilité d’une centrale signée en Polynésie (5 février 2010)
E.T.M. : convention signée entre lDCNS et La Réunion ( mercredi 8 avril 2009)
– E.T.M : gros capitaux, gros risques (20 Juin 2008)

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