HAMILTON (The Bermuda Islands) – 09/10/2008 – 3B Conseils –
Triton Renewable Energy Limited (rien à voir avec le Professeur Tournesol !) a fait équipe avec Renewable Energy Holdings pour développer un ferme d’extraction d’énergie des vagues au large des côtes d’une des îles de l’archipel des Bermudes. L’originalité de Triton est de répondre à une préoccupation lancinante des environnementalistes dès qu’il s’agit d’extraction d’énergie des vagues, connue en anglais sous le nom de  » not in my backyard  » (« pas dans mon arrière cour »). Ce mouvement de contestation refuse que dépasse de la surface des mers un seul millimètre de ces  » disgracieux engins  » qui serviront à extraire les énergies renouvelables, qu’il s’agisse de bouées, de flotteurs, de serpents et encore plus d’éoliennes offshore (leurs principales cibles d’ailleurs). Ce phénomène de rejet est encore plus exacerbé dans les zones touristiques (et les Bermudes ne sont pas seulement un paradis fiscal mais aussi un paradis touristique important). Ce rejet des populations a conduit Triton à choisir un système d’extraction totalement invisible de la surface. Ce n’est pas un cas isolé. C’est même de plus en plus la préoccupation des collectivités locales et des ONG, à tel point que cela pourrait presque faire passer pour obsolète tout équipement qui dépasse, même s’ils vient tout juste d’être mis en test (oui je pense à plein de projets en particulier !). La ferme d’extraction d’énergie des vagues choisie par Triton sera donc ancrée au fond de l’océan à une profondeur d’un peu plus de 30 mètres, là où les engins ne représenteront un danger  » ni pour les navires ni pour la vie marine et encore moins pour les touristes « . S’il existe beaucoup de procédés ancrés au fond qui permettent d’extraire l’énergie des courants, il n’en existe par contre pas énormément concernant l’énergie des vagues, les vagues libérant par définition leur force en surface. Mais il en existe au moins un que les lecteurs de ce blog connaissent bien : c’est le procédé australien CETO (cf.nos archives ICI) composé de bouées immergées en plastique et caoutchouc, matériau qui semble très bien résister à la corrosion marine, et fixées sur des bases en béton et acier arrimées au plancher océanique. Déjà choisi récemment par les autorités de l’Ile Maurice (cf. notre archive ICI) CETO l’est donc à nouveau par les autorités britanniques de l’Ile des Bermudes, puisque c’est une douzaine de ces engins que Triton compte installer au large d’une des îles (non précisée encore) de l’archipel, selon un article récent du journal local The Royal Gazette. Jeff Manson, directeur du projet Triton y explique ainsi ce choix :  » Les Bermudes sont une petit territoire, limité par ses ressources énergétiques. Nous avons pris pleinement conscience de l’importance et la signification de la durabilité des émissions de carbone. Il y a quelques années, personne ne s’en préoccupait ici. Mais beaucoup de facteurs sont entrés en jeu depuis lors comme le prix du pétrole, le réchauffement de la planète et l’empreinte carbone, qui ont tous contribué à changer les attitudes de la population. Nous avons examiné des projets d’énergie solaire et éolienne, mais nous avons fini par penser qu’il était plus judicieux de tirer parti de la seule ressource naturelle dont nous sommes entourés en abondance : la mer. A condition que le procédé choisi ne vienne pas oblitérer notre capital touristique « . Des raisons qui sont sensiblement les mêmes pour tous les petits territoires insulaires qui souhaitent alléger leur facture énergétique. Triton a été d’autre part sensible au discours statistique volontiers seriné par les équipementiers (et pas forcément faux pour autant) qui établit que l’énergie des vagues est 2 ou 3 fois plus efficace que celle du vent, et de 4 à 6 fois plus que celle du soleil. Fini donc les super tankers qui disparaissent corps et bien dans le fameux Triangle ? En tout cas une consultation a été lancée, premier pas vers un processus de validation des impacts environnementaux du système CETO, dans ce célèbre archipel, perle particulièrement scintillante de la Couronne britannique !
Article : Francis ROUSSEAU
Docs : The Royal Gazette du 08/10/08. Photos © CETO


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