BRISTOL (Royaume-Uni) – 29/07/2008 – 3B Conseils – Au moment où il est question que le ministre français de l’Environnement, Jean Louis Borloo, annonce incessament « la volonté de l’État de développer une filière des énergies marines renouvelables », le Royaume-Uni affirme en Europe sa position de leader de l’exploitation des courants marins (courants en profondeur, vagues, marémotricité) alors que l’Allemagne et le Danemark sont déjà en tête du developpement de l’éolien offshore. Après avoir fourni la semaine dernière au réseau électrique britannique, les premiers kilowatts produits par l’énergie des courants à Stranford Lough, le Royaume-Uni se penche donc aujourd’hui sur un autre de ses grands chantiers : celui de l’estuaire du fleuve Severn. Dix projets différents d’exploitation d’énergies marines sont en ce moment à l’étude par le gouvernement britannique pour déterminer les options à prendre concernant cet estuaire, et le développement d’un (ou de plusieurs) systèmes d’exploitation d’énergies marines comme sources d’énergies renouvelables. Ces projets potentiels font l’objet d’une étude de faisabilité menée depuis presque deux ans, par le cabinet Parsons Brinckerhoff, basé à Bristol. Une première liste de projets éligibles pour des recherches plus poussées, devrait être annoncée en décembre 2008, date de fin de l’étude. Parmi les projets (très contestés) en cours d’examen se trouvent au moins 3 projets d’implantation de barrages couplés à une usine marémotice , un barrage de plus de 15 kms qui irait de Brean Down, près de Weston-super-Mare, à Lavernock Point près de Cardiff ; un barrage plus important utilisant au maximum le potentiel des courants de marée de l’estuaire, construit plus en aval dans le Bristol Channel à Minehead Aberthaw ; enfin un projet d’un barrage à Beachley, en amont de l’ancien Severn Bridge, mais qui générerait moins d’énergie que les autres. Trois autres barrages et deux adaptations à un concept lagunaire sont également à l’étude. Sur la liste également : un projet de ferme hydrolienne (dont nous avons souvent parlé sur ce blog) qui a obtenu, beaucoup plus que tous les projets de barrage, les faveurs des défenseurs de l’environnement et des usagers de la mer. Il y a également le projet de récif flottant constitué de turbines exploitant à la fois la force des vagues et des courants. L’Agence Britannique pour l’Environnement, les Amis de la Terre, Wildfowl and Wetlands Trust (Conservatoire des zones sauvages et des zones humides) et l’Agence de Développement de la Région Sud-Ouest sont parmi les organisations qui ont contribué à financer cette étude de faisabilité de plusieurs millions de livres qui, au delà de l’examen des coûts et avantages technologiques des projets, vise aussi à évaluer leurs conséquences à long terme et leurs impacts comparés sur l’environnement. A l’heure actuelle, les variations de coût des différents projets sont très importantes puisqu’elles vont de 650 millions de livres (824 millions EUR) à 15 milliards de livres (19 millards EUR) et il semble d’ores et déjà inévitable que seul l’un des 10 projets proposés sera choisi. L’enjeu est de taille puisque le projet Severn fournira à lui seul 5% des 15% d’énergies propres que le gouvernement s’est engagé à générer d’ici 2020. La bataille fait d’ores et déjà rage autour des divers projets et entre les groupes (quelquefois puissants) qui les soutiennent. La Sustainable Development Commission (SDC) (Commission pour le Developpement Durable) a fait savoir que les projets d’usines marémotrices et de barrages sur le fleuve Severn ne pourra être réalisé que s’ils s’engagent à respecter scrupuleusement les écosystèmes et la faune. On sait pour en avoir l’expérience en France avec l’usine de la Rance que cette technologie possède énormément de qualités, sauf précisément celle de garantir la protection des écosystèmes. Le député John Weston Penrose a lui aussi mis en garde en déclarant :  » Le choix du meilleur procédé façon pour exploiter le gisement énergétique marin de la Severn fait partie des décisions capitales qui doivent être prises équitablement, car la Grande Bretagne devra vivre pendant des siècles avec les conséquences des choix qui seront faits « . Le député Steve Webb, représentant une circonscription située en amont de l’estuaire a déclaré pour sa part :  » Il est essentiel que l’étude soit équitablement ouverte à toutes autres alternatives technologiques que celle de la marémotricité et des barrages. Le fait qu’une liste variée de solutions technologiques incluant les énergies des vagues et courants soit en cours d’examen, apparaît comme un signe encourageant « . Vous pouvez consulter l’historique des nombreux projets prévus sur l’estuaire de la Severn depuis 1849 ICI
Article : Francis Rousseau
Documents de référence : sites liés. Photos : ©wikipedia


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