BRISTOL – (Royaume-Uni- U.E) – 09/11/2009 – 3B Conseils S’exprimant lors de la conférence, Ocean Power, qui vient de se clôturer à Lisbonne, Peter Fraenkel, directeur technique et co-fondateur de la compagnie anglaise de Bristol, Marine Current Turbines(MCT), qui a conçu et développé SeaGen, pour l’instant seule hydrolienne fonctionnant à l’échelle commerciale dans le monde (cf. nos divers articles sur le sujet), a fait savoir aux délégués présents qu’aujourd’hui SeaGen fonctionne à pleine puissance et de façon totalement automatisée, exactement comme prévu. Il a notamment déclaré : «Nous sommes ravis des performances de SeaGen qui délivre plus d’énergie que prévu initialement dans l’environnement extrêmement hostile en mer d’Irlande du Nord où elle a été placée et où les courants atteignent des vitesses allant jusqu’à 10 miles par heure (16 km/h). Si nous captons plus d’énergie que prévu c’est principalement parce que la ressource est plus dense qu’il n’avait été prévu au cours des enquêtes menées antérieurement». SeaGen a déjà fourni plus de 350 MWh au réseau électrique d’Irlande du Nord. Cette énergie est suffisante pour satisfaire les besoins en électricité de 1500 foyers britanniques (selon le comparatif de MCT). Je rappelle que la turbine SeaGen, avec ses rotors jumeaux de 16m de diamètre, à l’allure unique et déjà un peu archaïque, n’en est pas moins officiellement accréditée auprès de l’OFGEM comme une centrale électrique du Royaume-Uni à part entière et comme le tout premier système d’énergie des courants capable de garantir une production électrique exploitable par le réseau. Nous ne sommes donc pas là au stade de l’essai ou de l’expérimentation mais bel et bien au stade du début de la production, même si les hydroliennes ne tournent pas encore 24h sur 24. Bien que SeaGen ait été opérationnelle pendant une grande partie de l’année, ce n’est qu’en septembre 2009 que l’autorisation officielle a été donnée pour la faire fonctionner après que son impact sur les mammifères marins en mer et à terre ait été étudié en détail. Il s’agissait d’une exigence initiale sine qua non, SeaGen devant garantir absolument l’absence d’altérations sur les mammifères marins protégés, notamment les phoques et les marsouins, qui croisent dans les eaux où SeaGen est exploitée.
Désormais SeaGen est autorisée à fonctionner par commandes à distance et sans surveillance humaine, comme c’était initialement prévu.Cependant pendant encore quelque temps, un opérateur à terre continuera de suivre une image sonar de la circulation des phoques de façon à ce que si l’un deux s’aventure trop près des rotors, l’opérateur ait la possibilité de stopper la machine. Il est prévu que le cycle complet de 24 heures de fonctionnement soit autorisé dans un proche avenir. Martin Wright de chez MCT a ajouté: « En s’appuyant sur notre expérience de Stanford Lough, l’équipe de MCT travaille à déployer d’autres hydroliennes au Royaume-Uni et à l’étranger, pour produire une électricité à un coût plus faible. Cette nouvelle technologie sera pleinement opérationnelle d’ici cinq à dix ans et apportera une contribution significative à nos futurs besoins énergétiques. »
A propos de développements à venir très prochainement, quelques jours avant Lisbonne, M. Fraenkel de chez MCT avait aussi déclaré à Guernsey Press (ICI) devant un groupe d’ingénieurs des îles Anglo-Normandes que « Guernesey était mieux placée que Jersey pour tirer le meilleur de la technologie ». Jersey est caché. La Manche joue à cet endroit-là le rôle d’un entonnoir qui, au-delà du Cap de La Hague (Normandie) redirige l’eau en multipliant la force des courants vers Guernesey et Aurigny. D’ores et déjà, et bien que MCT ne soit pas du tout prêt à installer une ou des hydroliennes dans ces îles, Guernsey Electricity a investi dans MCT sans doute pour s’assurer d’être les mieux placés dans la course à l’équipement futur. C’est d’autant plus courageux que cette technologie a pris deux années de retard eu égard aux incidents techniques qui ont émaillé le parcours de sa mise au point. Malgré toutes ces difficultés, les Britanniques continuent de croire dans la rentabilité des hydroliennes et envisagent plus que jamais leur développement commercial à l’horizon 2015.

Article : Francis ROUSSEAU

Docs : Sites lés. Photos ©MCT


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