MANHATTAN – (Kansas – Etats-unis) – 18/11/2009 – energiesdelamer.eu – Les ingénieurs Pei et Yuan travaillant à la Kansas State University auraient conçu un nouveau système de production d’algues qui pourrait réduire le coût de l’algo-biodiesel et aider le gouvernement américain à réaliser son voeu le plus cher : délaisser les combustibles fossiles pour les combustibles renouvelables alternatifs. L’exploitation des algues dans le but d’en tirer des biocarburants, bien que très prometteuse et très soutenue par les industriels et chercheurs américains, pose on le sait, pour l’instant, principalement des problèmes de coûts de production. Selon certains experts, ces coûts seraient liés en grande partie aux méthodes actuelles employées pour produire les algo-biocarburants et notamment au processus de culture des algues en étangs fermés ou en batteries de bio-réacteurs. Qu’à cela ne tienne : récoltons les algues qui flottent en surface, et rapatrions les à terre pour les exploiter a-t-on pu entendre dire ici ou là ces derniers mois. Pourquoi pas en effet ? Mais il faut savoir dans ce cas que, pour l’instant, ces méthodes de récoltes et d’exploitation impliquent le passage par des centrifugeuses dont les besoins en électricité sont particulièrement élevés à tel point que l’on a calculé que cette méthode mettrait le biocarburant algal à 56 $ le gallon !

 

Donc retour à la case départ.

 

Et c’est ici que les deux ingénieurs de la Kansas State University interviennent. Ils pensent que l’évolution des technologies aidant, si l’on veut voir un gallon de biocarburant algal à 5 $ d’ici cinq à dix ans, il faudrait éviter de se tourner vers des solutions de production à grande échelle sur terre comme c’est le cas en ce moment. Ils préconisent plutôt une solution de culture et de transformation dans l’océan même c’est-à-dire à la source. C’est précisément à cette technologie (qui n’existe pas encore) que Yuan et Pei travaillent. Dans un premier temps, ils ont commencé par identifier les espèces d’algues capables à la fois de produire un carburant suffisamment riche et de se fixer et se développer sur une surface solide : « Nous pensons nous aussi, disent-ils, qu’il y a un énorme potentiel dans la production d’algo-biocarburant, à condition de savoir cultiver la matière première sur de grandes plates-formes et surtout d’intégrer pleinement la composante marine, l’océan, dans le système de production. Ainsi la moitié du coût des algues produites en ce moment à terre passe dans l’approvisionnement régulier en nourriture et en eau nécessaire à leur croissance. L’eau des océans à elle seule offre déjà aux algues ces aliments en abondance et réduit donc d’autant les coûts de production. »

 

 

La solution paraît un peu trop simple pour être vraie et pourtant, après les premières études, les résultats semblent être positifs. Deux espèces d’algues à haute teneur en huile et à croissance rapide ont été sélectionnées pour leur capacité à se fixer sur de l’acier inoxydable (en l’occurrence dans l’expérimentation une fine surface légèrement alvéolée). Après s’être attachées sur cette surface artificielle en mer, les algues auraient atteint rapidement un stade de croissance de plusieurs millimètres d’épaisseur : « De la même façon que le gecko est incapable de marcher sur une surface parfaitement lisse, nos résultats indiquent que les algues se fixent mieux sur une surface légèrement texturée plutôt que sur une surface lisse. » a expliqué l’ingénieur Yuan. Après la culture en mer, les deux chercheurs ont réfléchi à un mode de récolte et de séchage sur site assez ingénieux : la surface métallique s’enroule sur elle-même à mesure que les algues arrivent à maturité et porte ainsi la partie cultivée à la lumière du soleil où elle va sécher avant qu’un grand couteau mécanique ne vienne la récolter puis la réduire en poudre. Reste ensuite à les transformer en pétrole et ce problème n’est pas évoqué par les chercheurs. Force est de constater qu’effectivement, avec ce procédé, on a déjà évité les frais de nutrition des algues et les frais de fonctionnement des bio-incubateurs.

Article : Francis ROUSSEAU

Docs : sites liés. Photo : laitue de mer ©DP


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