MILWAUKEE (Wisconsin – Etats-Unis) – 15/10/2008 – 3B Conseils – Un article paru dans le Milwaukee Journal Sentinel (ICI) apporte des informations intéressantes sur la production d’électricité à partir de turbines éoliennes qui seraient implantées au milieu des grands lacs américains et en particulier du lac Michigan. Une étude publiée le 10/10/08 à laquelle a participé le Department of Natural Resources a conclu qu’il était techniquement possible d’envisager de telles structures au milieu de l’eau, mais qu’elles coûteraient deux fois plus chères que des éoliennes onshore. L’étude apporte des précisions sur ce qu’elle entend par  » techniquement possible  » et c’est là que les choses deviennent intéressantes. Elle précise qu’un tel projet nécessite de surmonter de nombreux  » défis technologiques importants « . Au premier rang celui d’aller chercher le vent au milieu du lac, là où la vitesse du vent est la plus constante et puissante pour générer de l’électricité, ce qui induit une implantation des éoliennes dans les secteurs les plus profonds du lac. C’est sans doute une des raisons pour laquelle parmi tous les équipementiers qui ont lancé, ces dernières années, l’idée de construire des parcs éoliens sur le lac Michigan, aucun n’est réellement allé au bout de son projet. Lauren Azar, membre de la Public Service Commission qui a dirigé cette étude a révélé que la principale difficulté tenait à une question de matériel et de technologie d’implantation des éoliennes. La technologie d’implantation des éoliennes en eau profonde n’a pas de précédent aux Etats-Unis, et au jour d’aujourd’hui, seuls les Européens, avec les projets déjà existants ou en construction en mer du Nord, possèdent un tel savoir faire.  » Sans compter qu’apparemment la profondeur au milieu des Grands Lacs, qui sont comme de véritables mers intérieures est plus importante que celle des sites de la Mer du Nord où les européens implantent leur projet  » a-t-elle déclaré. Le lac Michigan en particulier, qui est le 5e plus grand lac de la planète bordé par les trois grandes villes de Chicago (Illinois), Milwaukee (Wisconsin) et Gary (Indiana), atteint une profondeur maximale de 281 m (profondeur moyenne de 85 m). Corollaire de la profondeur du lac, le type de navires à employer pour transporter les éléments des turbines et des mats qui ne peuvent être que du type de ceux (très) demandés par l’industrie pétrolière pour les plates-formes pétrolières et gazières offshore mais aussi par l’industrie éolienne offshore naissante aux Etats Unis. L’étude révèle d’autre part, qu’aucune étude d’impact sur l’environnement n’a été menée pour ces projets des Grands Lacs et qu’elle va être indispensable à faire, les Grands Lacs américains étant tous des lieux de passage et de migrations des oiseaux largement documentés. Le lac Michigan avec ces 5 îles de Beaver, Manitou du Nord, Manitou du Sud, Washington et Rock est particulièrement surveillé. Voilà autant de données de cette étude qui peuvent laisser supposer que l’implantation d’éoliennes au milieu du lac Michigan n’est pas pour demain… ni même pour après demain ! Pourtant les Etats-Unis et l’Etat du Wisconsin (un des Etats riverains du lac Michigan) ont cruellement besoin de cette production stable et décarbonnée. Lauren Azar précise même :  » Il ne fait pas de doute que la vitesse du vent sur les Grands Lacs est à la fois plus forte et plus stable que celle du vent à terre, en tout cas dans le Wisconsin. C’est un dilemme pour nous car nous sommes forcés de constater que l’une des seules réponses cohérentes à la demande de production électrique décarbonnée réside dans l’implantation d’éoliennes offshore sur les Grands Lacs « . Un dilemme qui risque fort de se représenter ailleurs sur la planète.
Article : Francis ROUSSEAU
Docs: The Miwaukee Journal Sentinel ; US Department of Natural Resources ; sites liés. Photos : 1. Coucher de soleil sur le Lac Michigan. 2 Vue satellite du Détroit de Mackinac qui sépare le Lac Michigan du Lac Huron au Canada.


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