NANTES – (France – U.E.) – 03/05/2010 – 3B Conseils – Ce post termine donc aujourd’hui, le tour d’horizon de la planification de l’éolien français entamé voici plusieurs semaines dans ce blog. Après les côtes bretonnes, les côtes normandes et picardes, et après les côtes méditerranéennes, voici les côtes des Pays de Loire c’est-à-dire celles de la façade atlantique. Si je termine par elles c’est parce que cette façade apparait finalement comme la plus porteuse d’espoirs pour l’éolien offshore en France et d’autres EMR quand celles-ci parviendront à maturité industrielle. Non pas que la ressource éolienne ou que les contraintes géographiques, portuaires, artisanales, industrielles, environnementales et militaires y soient moins importantes qu’ailleurs mais plutôt grâce à une volonté clairement affichée de l’Etat, une concertation intelligemment menée et une conscience de tous face aux enjeux. Résultat : la concertation sur l’implantation de parcs éoliens offshore en Pays de la Loire a abouti. La carte des zones propices, la carte de synthèse éolien offshore et les documents de planification ont été mis en ligne en PDF sur le site de la DREAL des Pays de la Loire et peuvent être téléchargés ICI pour plus de détails.
S’il fallait résumer les grandes étapes de cette concertation, on pourrait dire qu’elle s’est centrée d’abord uniquement sur les éoliennes fixées au fond marin (exit les éoliennes flottantes donc pour l’instant) de façon à permettre la sortie, aux alentours de février 2010, du document de planification. Ce document a été édité dans la perspective d’un appel d’offres de niveau national pour une première tranche (a minima de 2 000 MW) à lancer d’ici fin 2010. Je rappelle que ces 2 000 MW (soit l’équivalent de deux tranches de nucléaire) représentent 1/3 des objectifs à atteindre (6 000 MW) en France d’ici 2020 par l’éolien offshore. Le préfet maritime a précisé à ce sujet que l’objectif national des 6 000 MW en 2020  » n’a pas été réparti région par région ou département par département. Cet objectif doit être satisfait par la capacité de chaque espace maritime à pouvoir l’atteindre. » A en croire le préfet maritime, une harmonisation sur l’ensemble des trois façades maritimes françaises aurait été recherchée pour la hiérarchisation des différents enjeux au regard de l’éolien en mer selon les 3 niveaux de sensibilité que j’ai déjà évoqué dans les précédents post sur l’éolien français : 1. exclusion 2. fort 3. faible à modéré.
La Direction Régionale des Affaire Maritime (DRAM) a précisé, quant à elle, qu’à l’issue de la superposition des «couches» d’enjeux des trois niveaux de sensibilité ci-dessus, il ressortait deux zones propices à l’implantation des éoliennes fixées au fond marin au large des Pays de la Loire :
1. Zone Nord – au large de l’estuaire de la Loire et au sud du Croisic (environ 200 km2)
2. Zone Sud – au large de l’Ile d’Yeu et de l’Ile de Noirmoutier (environ 200 km2).
Pour les autorités il apparaît envisageable d’implanter une éolienne par km2, pour une puissance unitaire de 5 à 6 MW. Cela signifie, qu’au maximum, les deux zones permettraient d’installer une puissance de 2 400 MW.

Ces deux « zones propices » une fois choisies et proposées par les services de l’Etat, un débat a été organisé à l’Ecole Centrale de Nantes réunissant les principaux acteurs concernés par cette implantation à savoir : Comité régional des pêches des Pays de Loire et Comité local des pêches des Sables d’Olonne, Fédération des pêcheurs de loisir de Vendée, Fédération des sports nautiques, Université Permanente de Nantes, Association Ile d’Yeu Demain, Ligue de Protection des Oiseaux, Association Non aux Eoliennes entre Noirmoutier et Yeu (NENY)(pas de site), Association Cap Atlantique, Délégation Régionale de l’Aviation civile, CETMEF, VALOREM, NEOPALIA, ADEME – Délégation régionale des Pays de Loire, M. le maire de Noirmoutier-en-l’Ile et des représentants du Conseil général de la Vendée.

Concernant les pêcheurs professionnels : le comité régional des pêches maritimes des Pays de la Loire n’a pas d’avis négatif vis-à-vis des éoliennes en mer. Sur la zone Sud, il souhaiterait que les éoliennes n’occupent que la moitié – environ 100km2 – et non la totalité de la zone. Pour la zone Nord, le comité est très interrogatif sur l’espace maritime qui pourrait rester disponible pour les pêcheurs. Le comité local des pêches maritimes des Sables d’Olonne souhaiterait, quant à lui, que les cantonnements de pêche soient classés en zone d’exclusion au regard de l’éolien en mer, au même titre que les réserves naturelles. La demande a été acceptée par la DRAM.
Concernant toujours l’espace réservé au pêcheurs dans la zone Sud où devrait être implanté le projet WPD (cf. nos articles en octobre 2009 ICI et septembre 2008 ICI), le débat a été animé. Le maire de Noirmoutier-en-l’Ile s’est en effet interrogé sur la méthode utilisée par l’Etat, méthode qui a conduit selon lui  » à définir en zone propice Sud, la zone sélectionnée précisément par le porteur de projet WPD. » Il a demandé, pour faire suite au Livre Bleu issu du Grenelle de la mer (à télécharger dans la colonne de droite de notre blog), que  » l’espace des pêcheurs soit respecté. » L’association Ile d’Yeu Demain de même que l’association de Noirmoutier et d’autres maires de Noirmoutier n’ont absolument pas souscrit aux propos du maire de Noirmoutier-en-l’Ile. Le Conseil général de la Vendée, enfin, a rappelé sa résolution du 19 septembre 2008 mentionnant son désaccord vis-à-vis du projet de WPD, dit « des deux îles », au regard de l’impact visuel, de la pêche et de l’environnement. Le préfet de région a rappelé que les projets seront choisis après appel d’offres et que les données ayant servi à définir les zones propices sont publiques et accessibles à qui le demande. Le préfet maritime a tenu à préciser que les zones propices n’ont pas été définies à partir des projets. Concernant l’impact des parcs éoliens sur les usagers plaisanciers, le Préfet maritime a rappelé qu’une  » réglementation de la navigation adaptée aux parcs éoliens restait à définir. »
Les deux préfets ont surtout tenu à mettre l’accent sur les retombées économiques positives que l’implantation de tels parcs représenterait pour la région, retombées dont toutes les parties en présence semblaient bien conscientes.
Ainsi NEOPOLIA a insisté sur les enjeux industriels liés au développement de l’éolien en mer, essentiel pour le maintien de la vie économique de la région :  » Il s’agit de ne pas rater le train de l’éolien offshore pour la France, après avoir raté celui de l’éolien terrestre. L’éolien offshore est une chance immédiate de développement dans un contexte très difficile sur les chantiers de Saint-Nazaire.  » L’association Ile d’Yeu Demain est favorable à la zone propice Sud et aux retombées économiques pour l’île d’Yeu et l’île de Noirmoutier des éventuels projets sur cette zone, notamment les emplois de maintenance et d’entretien des éoliennes et des bateaux nécessaires. L’association a souhaité que les retombées économiques locales figurent comme un critère de choix dans le cadre de l’appel d’offres ; ce que souhaite également l’association Les amis de l’île de Noirmoutier. L’université permanente de Nantes a bien confirmé qu’il pouvait y avoir des retombées économiques sur la région et également sur le plan de la formation. Des sections de formation sur les énergies renouvelables, dont l’éolien, pourraient être développées à Nantes, Les Sables d’Olonne, La Roche sur Yon…

Concernant l’aspect écologique et environnemental des implantations, la DREAL a précisé qu’afin de limiter les impacts paysagers, les deux zones se situeraient  » au-delà d’une distance de l’ordre de 10 kms du continent et des îles.  » Répondant à une question de l’association Non aux Eoliennes entre Noirmoutier et Yeu (NENY) à propos de l’impact des éoliennes en mer sur les dunes de Noirmoutier et sur l’apparition ou la disparition des algues, la DREAL a précisé qu’il appartenait aux porteurs de projets de traiter ce point dans les études d’impacts. Le préfet maritime a ajouté à ce sujet qu’au vu des études déjà disponibles, il n’était pas très inquiet.

A l’issue de ce débat et de ce processus de concertation, le préfet de région a constaté qu’il n’y avait pas d’opposition majoritaire aux deux zones propices pour les éoliennes en mer proposées par les services de l’Etat et que cela permettait de pouvoir proposer ces deux zones au Gouvernement.

Concernant les autres énergies marines renouvelables (EMR), le préfet de région a pris l’engagement de  » poursuivre la concertation selon des modalités qui ne sont pas encore définies « . En effet en ce qui concerne la technologie de l’énergie houlomotrice offshore, la région Pays de la Loire a pour ambition d’être leader en matière de recherche et développement dans ce domaine. A court terme, le projet SEMREV (Site d’Expérimentation en Mer pour la Récupération de l’Energie des Vagues), porté par l’Ecole Centrale de Nantes et le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), prévoit de construire une plate-forme d’essais en mer à vocation internationale, première de ce type en France, destinée à évaluer et à mettre au point différents systèmes en grandeur nature. Comme le savent les lecteurs de ce blog, le choix du site a été fait au large du Croisic, mais pour autant cette zone n’est pas considérée comme une zone propice mais comme une zone expérimentale.

Bien que rien ne soit encore construit en mer, il semblerait bien que les choses avancent en France et même si on ne peut s’empêcher de constater que le rythme n’est pas le même selon les régions, tous les espoirs restent permis pour 2020… Si aucun coup de frein intempestif n’est donné d’ici là !

Article : Francis ROUSSEAU

Docs : Sites liés. Photos © Compte rendu réunion de concertation © DREAL Pays de Loire


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