LONDRES (Royaume-Uni) – 10/12/2008 – Les énergies de la mer – Il y eut tout d’abord le désengagement de Shell du projet London Array qui avait fait l’effet d’une petite bombe dans les milieux de l’éolien offshore (cf. article du 24/07/2008).

Voici maintenant que Shell se désengage aussi du projet Cirrus Array, par ailleurs connu sous le nom de Shell Array. Selon le Sunday Times du 07/12/2008, (ICI), Royal Dutch Shell est le deuxième géant énergétique qui se désengage de projets éoliens au Royaume-Uni au cours de ce dernier mois.

Le consortium formé par Shell, le danois Dong Energy et Scottish Power balaye ainsi d’un seul trait sa participation de 800 millions de livres sterling (un peu plus de 921 millions d’euro) au projet de parc éolien de 270 MW Cirrus Array, en Mer d’Irlande, au large des côtes Nord-Ouest de l’Angleterre. Cet abandon, sans sommation mais pourtant prévisible, intervient après 5 années de discussions et des millions livres d’investissements.

 

Selon le Sunday Times, le consortium accuse le Ministère de la Défense du Royaume-Uni de n’avoir pas résolu le problème posé par l’interférence des turbines éoliennes avec les radars servant à guider les avions. En conséquence de quoi, le consortium a retiré purement et simplement sa demande d’autorisation d’exploiter les projets offshore en Angleterre, signant leur arrêt de mort. Shell a déclaré au Sunday Times que désormais pour la compagnie :  » L’objectif est de concentrer nos investissements sur de futurs projets éoliens en Amérique du Nord, où la possibilité nous est fournie de développer un secteur encore vierge et de donner à l’éolien offshore sa pleine dimension à des coûts compétitifs « . Une position on ne peut plus réaliste.

 

On assiste en effet depuis un mois (en gros depuis l’élection de Barack Obama) à une concentration très nette des investissements des géants de l’énergie en direction de l’Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada compris). Dans ce sens, Shell ne fait que suivre les pas d’un autre géant pétrolier, BP, qui avait rendu public, le mois dernier, son intention de se retirer du développement de l’éolien au Royaume-Uni, en Chine, en Inde et en Turquie pour se concentrer sur le marché plus favorable que devenait le marché de l’éolien terrestre aux États-Unis.

 

Après le retrait de Shell du projet London Array, c’est l’investisseur emirati d’Abu Dhabi, The Masdar Initiative qui avait sauvé le projet en prenant une participation de 20 % (cf. notre article du 20 octobre 20O8). On ignore pour l’instant, s’il y aura un nouvel investisseur prêt à relever le défi du projet Cirrus Array, où je le rappelle Shell était si impliqué que c’est le nom de Shell Offshore Wind Farm, qui lui avait été donné.

 

Sur ce projet Shell avait dû essuyer les feux croisés de puissantes associations écologiques telles que Natural England (ex English Nature) ou que The Royal Society for the Protection of Birds (RSPB) avec lesquelles, Shell était parvenu, au bout du compte, à trouver des accords.

 

Les problèmes qui ont pu être résolu avec les oiseaux ne l’ont pas été avec les avions. C’est donc le Ministère de la Défense du Royaume Uni qui est montré du doigt par Shell depuis le début dans cette affaire. Selon le Times, le consortium fait clairement porter la responsabilité de l’échec du projet sur les plaintes continues émanant du Ministère de la Défense concernant l’interférence des turbines sur les radars.

 

 

 

Sur son site web qui est aussi celui du projet Cirrus Array, le consortium a même déclaré (ICI) en phrase de conclusion de sa page explicative:  » Il n’a pas été possible de résoudre les problèmes inhérents à l’aviation en conséquence de quoi le projet a été interrompu « .

Je rappelle que le Royaume-Uni s’est fixé l’ambitieux objectif de produire 1/3 de son électricité à partir de l’éolien en 2020. La question qui se pose aujourd’hui à tous les observateurs de l’éolien offshore est de savoir si ces défections à répétition sont compatibles avec un tel objectif.

 

Une enquête menée en Octobre dernier par The Gardian et The Observer (ICI) laissait déjà entendre que ce serait difficile. C’était bien avant que Shell et BP ne révèlent leur intention de se désengager du marché européen au profit du marché nord-américain ; cependant The Observer avait déjà noté qu’un nombre quasiment insurmontable d’obstacles se dressait sur la route parmi lesquels, l’augmentation des « coûts de construction des parcs éoliens offshore, les goulets d’étranglement bureaucratiques et le manque d’infrastructure du réseau britannique ».

 

Mais trêve de catastrophisme, tout ne va pas si mal dans l’éolien offshore Royaume Uni. Ainsi le mois dernier, le suédois Vattenfall a annoncé son intention d’investir pour produire jusqu’à 6000 MW à partir de parcs éoliens dans le pays (cf notre article du 13/11/2008). Les services publics d’électricité britanniques ont acquis le projet éolien offshore de Thanet (projet de 35 millions de livres sterling) qui produira 300 MW d’ici la fin de 2009. Les mêmes services publics font également équipe avec Scottish Power sur un troisième méga parc éolien offshore à développer au Royaume-Uni. Souhaitons qu’un autre sort lui soit réserver qu’aux deux premiers. Inch ‘Allah.

 

 

 

Article : Francis ROUSSEAU
Docs : sites liés. Photos 1: Cirrus Array Location © Cirrus Array project. 2 Turbine et environnement © Cirrus Array project. 3. London Array Substation © London Array project


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